Bart De Wever © Belga

Claude Demelenne: « De Wever a 100% raison »

Han Renard

« Beaucoup de francophones éprouvent une forme hypocrite de patriotisme belge », estime l’essayiste de gauche Claude Demelenne. Entretien avec notre consoeur de Knack.

L’impasse politique au niveau fédéral désespère certaines personnes, y compris du côté francophone. Quel est l’intérêt de s’accrocher à cette Belgique ? « Depuis les élections du 26 mai, je n’y crois plus », déclare Claude Demelenne, auteur de plusieurs livres sur le PS. « D’une part, vous avez l’une des régions les plus à gauche et même d’extrême gauche d’Europe, et d’autre part, vous avez l’une des régions les plus à droite et d’extrême droite d’Europe. Bien sûr, les différences politiques entre la Wallonie et la Flandre ont toujours existé, mais l’écart n’a jamais été aussi grand que lors des dernières élections. Bart De Wever a entièrement raison quand il dit que nous formons deux démocraties ».

Demelenne exprime-t-il un sentiment largement partagé par les francophones ? « Je suis de Liège », répond-il. « Lorsque je parle à ma famille et à mes amis de l’avenir de la Belgique, je ressens un nouveau type de fatalisme. En même temps, de nombreux francophones éprouvent une forme assez hypocrite de patriotisme belge. Ils ne sont attachés à la Belgique que pour une seule raison : la sécurité sociale. Ils savent que si la Belgique vole en éclats, les conséquences pour la Wallonie seront dramatiques ».

Mais Demelenne ne croit pas que la Belgique va soudain cesser d’exister. « Pour commencer, l’Europe n’acceptera pas », déclare Demelenne. Mais il pense que la Belgique va devenir de plus en plus une coquille vide. « Dans quelques années tout au plus, il n’y aura plus qu’une vitrine belge. Et cela n’a pas d’importance, nous n’avons pas d’autre choix de toute façon ».

Demelenne est convaincu qu’un processus vers ce qu’il appelle une « indépendance soft » et le « confédéralisme » de Bart De Wever est la seule option qui reste à la Belgique. Pour Demelenne, presque toutes les compétences fédérales, y compris la sécurité sociale, peuvent être scindées, à condition que de bonnes dispositions financières soient prises avec la Wallonie pour compenser la perte de revenus après la disparition des transferts. « Comme pour un divorce, il doit y avoir une forme de pension alimentaire pour la partie du couple la plus faible financièrement. Une fois cette question financière réglée, je pense que pour la plupart des francophones on peut négocier de tout ».

Demelenne constate évidemment que pour l’instant aucun parti francophone n’est disposé à entamer la discussion sur une Belgique confédérale. « Ils vont essayer de gagner quelques années de plus, avec tous les dangers que cela comporte. Au fond, le plus gros problème, c’est que les francophones sont terrifiés et donc incapables de la moindre initiative. C’est pourquoi il serait judicieux que la N-VA s’efforce un peu plus d’expliquer aux francophones qu’une Flandre presque indépendante ne veut pas tordre le cou à la Wallonie. Même les flamingants les plus endurcis savent que la Flandre n’a rien à gagner d’une « Wallonie pauvre comme Job ».

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