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Charleroi, Pays Noir: c’est toujours toi que je préfère

Philippe Berkenbaum
Philippe Berkenbaum Journaliste

Qu’ils n’aient jamais quitté Charleroi, qu’ils y soient revenus après avoir bourlingué ailleurs plusieurs années, qu’ils y aient été accueillis comme s’ils y avaient toujours vécu ou qu’ils se soient définitivement exilés, les Carolos restent indéfectiblement attachés à leur terre et vantent la multiculturalité de ses habitants, leur chaleur latine, leur simplicité et leur autodérision. Forces et faiblesses du Pays Noir, des Carolos se confient sans filtre.

Question: Is Charleroi the new black? En tout cas, son pouvoir d’attraction s’élargirait de plus en plus. « Tout le monde vient voir cette ville qui ne cesse de se réinventer depuis sa naissance au XVIIe siècle, s’enthousiasme ainsi Micheline Dufert, fondatrice, avec Francis Pourcel, de l’asbl Chemins des terrils. Charleroi est pleine de vitalité. Et la création aussi. Cela passe aussi, très simplement, par la conception d’un sentier de randonnée en lien avec les paysages liés au charbon et à la sidérurgie, un type de parcours pédestre unique en Europe et pratiqué par des dizaines de milliers de personnes qui viennent de partout. Cette randonnée, la Boucle noire, adoptée par les Carolos dès 2016, a participé à une émergence de la marche urbaine, en dehors des centres-villes. Charleroi est sur la carte des Sentiers métropolitains avec Liège, Boston, Marseille ou Bordeaux. Il y a des idées à Charleroi, des tas de gens impliqués qui veulent bouger, et faire avancer la ville. Alors, bien sûr, il reste tant à faire, beaucoup diront que ça n’avance pas assez vite, que plein de problèmes persistent et il faut faire face à des enjeux énormes et mondiaux. Mais il y a cette implication citoyenne qui nous distingue des autres. Sachant que toutes les villes du monde sont confrontées aux mêmes défis et aux mêmes obstacles. »

Tout le monde vient voir cette ville qui ne cesse de se réinventer.

Denis Cariat, chargé du projet de Ceinture alimentaire des 29 communes qui forment le territoire de Charleroi Métropole, confirme, en exhortant à ne pas se montrer impatient. « On ne transforme pas une telle entité en un an. Il y a de nombreuses dynamiques en cours: les rénovations urbanistiques de la Ville-Haute et de la Ville-Basse, le développement du campus à la Ville-Haute, celui de pôles d’excellence comme le Biopark ou, plus récemment, A6K-E6K (1) autour des métiers de l’industrie et du digital, l’offre culturelle très riche, la dynamique Charleroi Métropole qui travaille sur des thématiques cruciales comme l’alimentation, la mobilité, le tourisme… »

Paul Magnette, bourgmestre depuis les élections d’octobre 2012, rappelle que les différents projets cités ont la vocation de permettre à Charleroi d’être une ville inclusive dans laquelle chacun a la capacité de développer pleinement l’ensemble de ses potentialités. A cette fin, il mise en priorité sur une formation qui ne soit pas « université- centrée », mais qui concerne tous les types de formations et notamment le soutien aux métiers techniques et professionnels. « Ce sont des métiers dans lesquels il y a un savoir-faire de plus en plus riche, dans lesquels il y a un potentiel d’emploi très important et où les gens qui font ces choix gagnent très bien leur vie. Il y a évidemment ceux de la construction parce qu’avec la question de la transition climatique, il y a d’immenses enjeux, mais aussi tous les métiers artisanaux classiques et, entre autres, ceux de l’agro- alimentaire pour lesquels il y a un potentiel, avec la création des ceintures alimentaires et des circuits courts. »

Pour le bourgmestre Paul Magnette, « Charleroi doit être une ville inclusive en misant sur la formation.

Carolos purs et durs, returnees (2) – prononcez riterniz -, d’adoption, exilés ou wannabes – dites wanabiz -, beaucoup pensent que la ville ne manque pas de couleurs, mais quelques-uns regrettent des projets « bling-bling » et souhaiteraient plus d’investissements dans les quartiers, tandis que d’autres fustigent un certain manque d’ambition. Revue des troupes du Pays Noir.

Charleroi, Pays Noir: c'est toujours toi que je préfère
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1. Les Carolos « purs et durs »

Parmi les Carolos qui sont toujours restés sur leurs terres, on trouve Nicolas Gea, créateur du label Tshirt Mania, Pierre-Olivier Rollin, directeur du BPS22, musée d’art de la Province de Hainaut, Fabrice Laurent, directeur de l’Eden, centre culturel régional, Abd-Samad Habbachi, responsable du projet A6K-E6K, Micheline Dufert et Francis Pourcel, cofondateurs de l’asbl Chemins des terrils, et Jacques Cerami, créateur d’une des très rares galeries d’art privées de Charleroi, que fréquentent surtout des amateurs d’art contemporain venus de Bruxelles, Gand et Anvers qui profitent de leur escapade pour découvrir les expos pointues du Musée de la photographie ou du BPS22.

Il y a aussi Denis Cariat. S’il a déjà pensé quitter Charleroi, pour « les études, les contacts professionnels, les voyages qui ouvrent l’esprit et donnent l’envie d’aller voir ailleurs, de découvrir, d’expérimenter d’autres manières de vivre et de travailler », il précise que c’est « pour ensuite mieux revenir à Charleroi armé de toutes ces expériences. Des enjeux me passionnent, qui ont un impact global beaucoup plus large que Charleroi, comme le climat et la transition. »

« Carolo et bien élevé »

En 2011, Nicolas Gea, graphiste de formation et Carolo de souche, lance Tshirt Mania, avec l’idée de créer des collections de tee-shirts nées de tendances, de rencontres, de blagues entre amis… Les créations portent haut les couleurs de Charleroi: « Petite #Carolo d’amour », « Carolo de père en fille », « Made in Charleroi », « Carolo around the world » ou encore « Carolo et bien élevé »… Depuis, l’autodérision à la sauce carolo et un second degré affirmé s’invitent dans les garde-robes de plusieurs personnalités qui n’hésitent pas à les porter ostensiblement, comme Kid Noize, le DJ à la tête de singe, Carolo d’adoption, l’échevine Babette Jandrain ou Bastien et Laura, le Carolo et la Brabançonne qui se sont connus dans l’émission Mariés au premier regard et se sont installés à Charleroi début avril. Depuis octobre 2018, le label a une boutique à la Ville-Basse.

Charleroi, Pays Noir: c'est toujours toi que je préfère
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Un pied dedans un pied dehors?

Paul Magnette est-il propriétaire d’un bien immobilier à Liège où travaille sa compagne? Les personnes interrogées s’en fichent. Certaines se disent qu’il est plus souvent à Bruxelles, au boulevard de l’Empereur, siège du Parti socialiste qu’il préside, qu’à Charleroi. Ce qui leur paraît plus important, c’est qu’il soit pleinement impliqué dans la vie locale… et qu’il aille plus sur le terrain, à la rencontre des gens, « pour voir comment cela se passe point de vue logements et déchets ». Paul Magnette affirme, lui, qu’il est « 100% Carolo. J’ai toujours Charleroi en tête et je suis à l’hôtel de ville tous les jours, généralement tôt le matin. »

Paul Magnette
Paul Magnette© Hatim Kaghat

2. Les returnees

Ils sont partis, longtemps, pas juste le temps de faire des études, puis sont revenus, pour de multiples raisons qui, souvent, se combinent. Il y a bien sûr les prix de l’immobilier beaucoup plus abordables, la présence des proches, amis et famille… Et des opportunités professionnelles nées dans le sillage des projets de développement économique et de rénovation urbaine.

Stéphanie Toussaint parle d’un « alignement des planètes ». Quand elle quitte Charleroi en 2002 pour faire ses études aux Fundp de Namur, elle s’imagine mener une carrière d’ingénieure de gestion à l’international en intégrant un grand groupe. Après avoir été recrutée par Axa afin d’animer et de développer un réseau commercial à Charleroi et dans le Sud-Hainaut, elle entame un parcours doctoral sur le campus montois de l’UCLouvain où elle enseigne pendant six ans. En 2016, deux semaines avant la soutenance publique de sa thèse, l’intercommunale Igretec l’embauche pour développer un projet financé par l’Europe et la Wallonie: le Hub créatif de Charleroi Métropole, qu’elle coordonne toujours aujourd’hui. « Les spécificités du projet étaient étroitement liées à mes intérêts de recherche, et j’y ai vu l’opportunité d’un retour au terrain qui m’est cher, doublée de la possibilité d’oeuvrer au développement économique de ma région. »

Martial Dumont, rédacteur en chef de Télésambre, est parti pendant treize ans pour travailler à Namur. A son retour, il a observé un changement. « En 2005-2006, Charlouze sortait de l’affaire Dutroux. Les projets de transformation n’étaient encore que des projets. Les journaux américains parlaient de « restbell », « ceinture de rouille » et de « Chicago sur Sambre ». Charleroi connaît les mêmes problèmes que toutes les grandes villes du monde qui ont eu des difficultés à se relever du chaos industriel des années 1970-1980 et elle a tardé à prendre le train de la reconversion mais, aujourd’hui, la ville s’est complètement transformée sur le plan urbanistique et du point de vue socio-économique. Des personnes parties dans les années 1980-1990 reviennent pour y investir. Charleroi est considérée comme une ville à haut potentiel de développement. La mentalité a changé et les gens sont désormais superfiers d’être Carolos, de leur humeur chaleureuse, guindailleuse, bienveillante et accueillante. »

« J’ai toujours projeté de revenir »

Thomas Dermine a grandi à trois rue du centre-ville de Charleroi et y a mené toutes les activités de son enfance: scolarité, mouvement de jeunesse, sorties avec les copains… Même quand il entame ses études à Bruxelles en 2004, son ancrage reste carolo. Il revient chaque week-end pour les activités scoutes et, en été, pour prendre part aux marches folkloriques. Son vrai départ date de 2009, à la sortie de l’université, quand il part étudier à Harvard, aux Etats-Unis, puis travailler à Londres. « Mais dans ma tête, j’ai toujours projeté de revenir. » En 2016, la fermeture de Caterpillar et la naissance de sa première fille, qu’il a envie d’élever près de ses grands-parents, sont les éléments qui se combinent pour enclencher le processus de retour. Paul Magnette lui confie alors la coordination du plan Catch pour le développement économique de Charleroi. Désormais secrétaire d’Etat pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, adjoint au ministre de l’Economie et du Travail dans le gouvernement De Croo, Thomas Dermine souligne que « le boulot ne sera jamais terminé. Aujourd’hui, le plus grand défi est que les opportunités socio-économiques bénéficient aussi aux habitants de Charleroi. »

Thomas Dermine
Thomas Dermine© Hatim Kaghat

3. Les exilés

Ceux qui ont pris le large définitivement sont nombreux. Ils restent néanmoins très attachés à leurs racines. Comme Joëlle Milquet, qui préside aujourd’hui le comité stratégique du Centre européen d’appui électoral (Eces), une ONG dont la mission est de soutenir la démocratisation de la vie publique dans une cinquantaine de pays, en Afrique et au Moyen-Orient, notamment. Bien qu’habitant Bruxelles depuis longtemps, l’ex-présidente du CDH affirme être toujours restée « Carolo dans l’âme ».

Tout comme Hugues Bultot, CEO d’Univercells, qui se déclare « Carolo enrichi à l’aune des rencontres personnelles et professionnelles faites dans d’autres environnements culturels et économiques ». S’il vit à Bruxelles depuis qu’il y a étudié dans les années 1980 et qu’il n’a jamais considéré l’idée de revenir vivre à Charleroi parce qu’il ne souhaite pas renoncer à l’environnement international, multiculturel et multilingue dont bénéficient ses filles, il s’épanouit toutefois professionnellement depuis dix ans dans le Biopark où il a créé Masthercell et Univercells, des entreprises spécialisées dans la production de produits biologiques thérapeutiques. « Je suis partisan d’une revascularisation de Charleroi par l’ouverture à des investissements étrangers et locaux. Focalisés sur les secteurs de pointe, ils draineraient des collaborateurs étrangers qui participeraient au renouveau économique, social, culturel et humain de Charleroi. »

4. Les adoptés

D’où que l’on vienne, quand on s’installe à Charleroi, les Carolos vous adoptent. Comme le souligne Martial Dumont, « ce sont probablement, avec les Borains, les gens les plus chaleureux du pays. Si on voit que vous êtes un chouette type, on vous accueille comme si vous étiez Carolo. A la différence de Liège où on vous accueille, mais où vous restez un étranger, même vingt ans après votre installation. » Parmi des Carolos d’adoption plus ou moins célèbres comme Mehdi Bayat, directeur franco-iranien du Sporting de Charleroi, et Kid Noize, DJ à la tête de singe, on trouve aussi Antoine Menalda, du collectif artistique Dirty Monitor, originaire d’Uccle, mais installé à Charleroi par amour pour sa femme.

Des personnes parties dans les années 1980-1990 reviennent pour y investir. Charleroi est considérée comme une ville à haut potentiel de développement.

Romain Voisin aussi, venu du nord de la France pour effectuer un stage au Vecteur et devenu le coordinateur de cette structure à la fois plateforme culturelle et centre d’arts, de résidences et de diffusion, quand son prédécesseur, Pascal Verhulst, a rejoint le cabinet du bourgmestre, en janvier 2013. « Il y a parfois de plus grosses disparités entre des Carolos qui habitent à vingt kilomètres qu’entre les Carolos et les gens issus d’autres bassins miniers, comme le Pas-de-Calais. J’ai grandi sur les terrils, je ne suis donc pas hyperdépaysé. J’ai créé ma vie sociale d’adulte ici. Avec les potes, on fait beaucoup de vélo et on a créé Les Pédales de Marcinelle. J’arrive à concilier vie professionnelle et sportive avec un événement que le Vecteur organise notamment avec le Gracq, association des cyclistes quotidiens. Il s’appelle « Le Jour de la pédale » et allie balade, ateliers de réparation, grande parade avec message politique sur la Place Verte, concert… Sa 7e édition devrait avoir lieu le dernier week-end d’août ou le premier de septembre. »

Il y a aussi les Carolos d’adoption… qui n’habitent pas Charleroi. Comme Benoit Moritz, qui vit à Bruxelles, mais est très impliqué dans divers projets du Pays Noir et (a)voue une véritable passion pour Charleroi. Prof d’architecture à La Cambre, il fait partie des groupes d’experts du plan Catch, il a ouvert une formation ULB/UMons en management territorial à la Ville-Haute, il a corédigé un guide d’architecture de Charleroi, et organise des conférences avec l’Eden, centre culturel régional.

Un petit air de Saint-Gilles

Nicolas Belayew, designer graphique et web designer, est Carolo. Sa compagne, Corinne Clarysse, pratiquant la reliure, a grandi dans le Brabant wallon, avant de s’installer à Bruxelles. Lassés de payer des sommes folles pour leur appartement et leurs ateliers bruxellois, ils choisissent Marcinelle, « un bon compromis entre l’habitat en ville et le logement à la campagne », à dix minutes à pied du centre de Charleroi. Dès son arrivée en 2013, le couple lance un marché de créateurs qu’il intitule « 6001 is the new 1060 », en référence aux codes postaux de l’entité carolo et de Saint-Gilles, commune bruxelloise qui abrite de nombreux artistes et créatifs. « Quand on est arrivés à Charleroi, on avait déjà quelques liens avec les structures culturelles, mais très peu, confie Corinne. J’avais présenté les Broleskine, des carnets uniques faits de papiers recyclés, lors d’une édition de Livresse au Vecteur et Pierre Olivier Rollin m’en achetait déjà quand j’étais toujours à Bruxelles. » Aujourd’hui, les tourtereaux sont de toutes les aventures créatives, avec de nombreux complices carolos: Papier Carbone, à la fois association et festival de l’image imprimée organisé au BPS22 depuis 2016, la « Carolopostale », un projet lancé avec deux Carolos exilés, Pierre Lefebvre, peintre, et Gilles-Ivan Frankignoul, vidéaste qui vit en France. En 2018, Nicolas, qui enseigne toujours à Bruxelles, fonde l’agence de graphisme Pierre Papier Studio, avec son ami Paul Marique. Quant à Corinne, bibliothécaire de formation, elle cogère la bibliothèque du Vecteur avec Romain Voisin et collabore à la programmation des résidences en art visuel et plastique. Lors du « Jour de la pédale », elle anime un atelier de customisation de vélos.

Nicolas Belayew et Corinne Clarysse
Nicolas Belayew et Corinne Clarysse© Hatim Kaghat

« Ah cette ambiance populaire! »

Conseillers communaux du PTB, Sofie Merckx et son camarade Germain Mugemangango sont tous deux Carolos d’adoption. Aussi députée à la Chambre des représentants, Sofie Merckx est venue d’Anvers à Charleroi en 1996, pour effectuer un stage comme jeune médecin dans une antenne que Médecine pour le peuple venait de créer à Marcinelle. Le stage doit durer deux ans et, au début, elle ressent le mal du pays mais, en 1999, elle s’installe définitivement à Charleroi, dont elle a « toujours adoré cette ambiance d’une classe ouvrière et populaire unie avec son folklore et sa lutte syndicale ». Germain Mugemangango, également chef de groupe au parlement de Wallonie, a vécu toute sa jeunesse à Schaerbeek. C’est à l’ULB qu’il commence à militer pour les jeunes PTB… et qu’il rencontre la mère de ses enfants. Une Carolo. Installé à Charleroi depuis 1999, il y voit partout les marques de la lutte sociale. Au projet de la majorité communale, il reproche de vouloir attirer une population aisée et de favoriser la gentrification, « alors que Charleroi a besoin de logements dignes et d’emplois qui nécessitent des mesures sociales importantes ».

Sofie Merckx et son camarade Germain Mugemangango
Sofie Merckx et son camarade Germain Mugemangango© Hatim Kaghat

5. Les wannabes

Parmi ceux qui aimeraient (re)devenir Carolos, comme Benoît Deper, fondateur de la start-up Aerospacelab, il y a l’artiste Adrien Tirtiaux, dont la famille paternelle est de Fleurus mais qui est né à Bruxelles et a grandi dans le Brabant wallon, a vécu en Allemagne, puis en Autriche, avant de s’installer à Anvers où il vit toujours. « J’ai des liens avec tous ces lieux, mais j’imagine que je suis Belge ou Européen avant tout. Quand on me demande d’où je viens, ce qui a l’air d’être important pour beaucoup de gens, je dis souvent de Charleroi. Ça sonne toujours un peu provoc, mais c’est réellement avec la mentalité du Pays Noir que je me sens le plus en accord… » En 2011, dans le cadre d’un parcours d’artistes, il a brisé deux murs illégalement pour créer un chemin reliant le centre de Charleroi et le terril des Piges. Quelques années plus tard, le passage était baptisé La Porte d’Adrien et devenait partie de la Boucle noire. Un début d’adoption, en somme.

En orbite avec Aerospacelab?

Le 24 juin, Aerospacelab, qui conçoit et crée les prototypes de microsatellites dans ses locaux de Louvain-la-Neuve, lancera le premier satellite commercial immatriculé en Belgique. Benoît Deper, fondateur de la start-up en 2018, souhaite ériger l’usine de fabrication industrielle à Charleroi, bassin aéronautique avec Thales et la Sonaca, où il pourra trouver les nombreux ouvriers et techniciens nécessaires au développement de son activité de niche. Pour celui qui a bourlingué pendant des années, ce serait un retour aux sources: son grand-père maternel était mineur à Couillet, tandis que son grand-père paternel était mécanicien ouvrier de maintenance à la Sabca. Lui-même a grandi à Jumet et est allé à l’école à Gosselies.

Benoît Deper
Benoît Deper© Hatim Kaghat

(1) A6K-E6K, pour Atelier 6000 et Ecole 6000 en référence au code postal de Charleroi, à la fois centre multidisciplinaire partagé et centre d’éducation technologique, installé dans l’ancien centre de tri postal, à côté de la gare du Sud.

(2) Le terme est emprunté à Thomas Dermine qui utilise cette locution anglophone que l’on pourrait traduire par « rapatrié » et qui caractérise une personne revenue sur ses terres natales après une absence prolongée.

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