Carte blanche

« C’est un préjugé que de croire qu’il est possible de se complaire dans l’incapacité de travail » (carte blanche)

La Mutualité chrétienne revient sur le problème de l’incapacité de travail. « Ce qui nous préoccupe surtout, c’est  d’assurer le bien-être des malades de longue durée, dans le respect du temps nécessaire à la convalescence ou à la stabilisation de l’évolution de la pathologie », écrit-elle dans une carte blanche.

Presque quotidiennement est abordé dans les médias le problème de l’incapacité de travail sous l’angle du coût sociétal et/ou de freins aux objectifs de 80% de taux d’emploi. Ce qui nous préoccupe surtout comme organisme assureur, mais également les associations de patients et de médecins généralistes, c’est  d’assurer le bien-être des malades de longue durée, dans le respect du temps nécessaire à la convalescence ou à la stabilisation de l’évolution de la pathologie. Ceci tout en permettant un soutien vers une reprise des activités lorsqu’elles sont compatibles avec l’état de santé de la personne.

Il est un fait, plus l’incapacité de travail dure, plus la réinsertion socio-professionnelle peut s’avérer difficile. Or la reprise du travail – tant qu’il est de qualité – participe à la réinsertion au sein de la société, à l’épanouissement et au bien-être des personnes. De même que reprendre des activités sociales apporte un élément favorisant le processus de guérison ou de stabilisation dans certaines thérapies ou gestion quotidienne de la maladie. C’est un préjugé à déconstruire que de croire qu’il est possible de se complaire dans l’incapacité de travail. En somme, accompagner dans le retour au travail est une étape à part entière de la guérison et participe à la promotion de la santé.  Bien entendu, la réinsertion implique des schémas différents en fonction de la situation personnelle de chacun : reprendre une fonction initiale ou avec certains aménagements, ou encore changer de profession. Les trajets d’accompagnement au travail se concentrent sur ce que la personne est encore en mesure de faire, et non sur ce qu’il n’est plus capable de faire. Le patient est au centre d’une démarche qui se veut positive, guidée par son bien-être et son intérêt.

C’est dans cette optique, qu’un outil d’aide à l’orientation a été développé pour les médecins généralistes  par le Collège National de Médecine d’Assurance où sont représentés  les médecins-conseils des OA, des médecins du travail , des médecins de l’Inami , les médecins du Chômage, mais aussi  les associations scientifiques de médecins généralistes (SSMG et Domus medica).  Ceux-ci  ont accepté de collaborer pour élaborer et tester 9 « fiches de pathologies  ». Dans la mise au point des fiches et dans leur testing , les associations de patients  LUSS et  VPP ont été également associées. Ces fiches ont pour objectif de susciter la réflexion sur la bonne articulation à avoir entre convalescence et reprise des activités. Elles donnent également des indications sur des durées d’incapacité de travail minimales et maximales pour un certain nombre de pathologies, sachant que chaque situation demande une approche personnalisée. Réel outil pédagogique, elles sont destinées uniquement aux médecins généralistes, particulièrement aux plus jeunes d’entre eux qui éprouvent parfois des difficultés à répondre à certaines questions de patients ou pour engager un dialogue en vue d’une reprise au travail. A titre d’exemple, une reprise prématurée dans le cadre d’un syndrome du canal carpien sans modifier les conditions de travail peut mener à des rechutes. Disposer de lignes d’orientations d’accompagnement conforteront ou aiguilleront les médecins sur un espace-temps approprié au bon rétablissement. Ces fiches ont été testées sur le terrain par un certain nombre de médecins généralistes et sont en cours de  validation. La mise à disposition de cet outil destiné aux échanges entre le médecin généraliste et son patient s’intègre également dans les démarches des médecins-conseils et des Coordinateurs de Retour au Travail de la MC qui consiste aussi à  accompagner la personne dans sa demande de reprise d’activités.

Les fiches mentionnent ainsi des ordres de grandeurs qui orienteront les médecins généralistes dans la prescription de l’incapacité de travail. Elles mentionnent aussi les facteurs limitatifs, les facteurs de risques ou de complications, sans pouvoir être exhaustive. En effet de nombreux facteurs influencent la capacité de travail et interviennent, dès lors, dans le choix du médecin de prolonger ou non l’incapacité de travail du patient. Ces fiches ne pourront donc jamais correspondre à la réalité de tous les patients. Ce sont l’ensemble de ces facteurs qui guideront le médecin dans sa décision, en collaboration avec le patient  .

Nous tenions également à clarifier qu’il ne s’agit en aucun cas d’un outil de suivi ou d’évaluation d’une trop ou pas assez longue incapacité de travail. Ce n’est donc pas non plus un instrument de travail ou un moyen de pression pour les médecins généralistes, médecins-conseil et les médecins du travail. Il ne sera par ailleurs, contrairement à ce qui a été dit, pas validé par la commission  supérieure de l’INAMI ou  par  le collège intermutualiste dont ce n’est pas leur domaine de compétence. Mais l’information sur ces fiches sera bien sûr mise à la disposition de tous.

Nous nous opposons, d’ailleurs, strictement à ce que ces fiches acquièrent un caractère légal ou fassent l’objet d’une validation politique, afin d’éviter qu’elles puissent être idéologiquement abusives à un stade ultérieur et utilisées à des fins autres que celles prévues actuellement.

La Mutualité chrétienne

Titre original : Concevoir la reprise du travail en incapacité de travail comme une étape de la guérison

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