Les fouines peuvent grignoter les câbles des voitures et provoquer des pannes. Des méthodes existent pour éviter cette mauvaise surprise, dont le risque se multiplie avec la baisse des températures.
Attention à ne pas se fier à sa petite tête mignonne. Avec le retour du froid, les fouines peuvent se muer en cauchemar pour les automobilistes. Ce petit mammifère de la famille des mustélidés, régulièrement confondu avec la martre, peut à lui seul mettre un véhicule à l’arrêt en s’en prenant aux câbles sous le capot: la gaine de nombreux câbles est fabriquée avec de l’huile ou de la farine de poisson, ce qui les attire particulièrement. De quoi occasionner des dommages peu visibles aux véhicules, dans lesquels ces animaux peuvent trouver refuge face au froid. «Avec l’hiver qui approche, les fouines vont se chercher des abris, au chaud. Cela peut être dans des bâtiments, comme des granges ou des greniers. Ou alors elles vont être attirées par la chaleur d’un moteur et vont venir se lover sous le capot de la voiture», explique Eric Alkemade, alias «Monsieur Taupe», chasseur professionnel de nuisibles.
Deux fois plus de dégâts
Bien qu’inoffensive, la fouine entre dans cette catégorie en raison des dégâts et des nuisances qu’elle peut causer. Outre les véhicules, elle peut détériorer l’isolation dans des maisons (toujours pour venir s’y réfugier), s’en prendre aux poulaillers (pour les œufs ou les poules directement) ou encore gêner les habitants d’une maison en raison du bruit occasionné par ses mouvements (surtout nocturnes) ou de l’odeur puissante de ses déjections. Surtout qu’il suffit d’une ouverture de quelques centimètres seulement pour permettre à l’animal de s’y faufiler. De quoi compliquer sérieusement la donne pour tenter de se prémunir de sa présence non désirée.
Entre 2014 et 2024, l’organisation de mobilité flamande VAB a vu les dégâts causés par les fouines sur les véhicules être multipliés par deux. Du côté de Touring, son équivalent francophone, Patrick Van Staen, responsable des patrouilleurs, s’attend à voir les interventions du genre se multiplier dans les semaines à venir. «C’est quelque chose de banal à cette période de l’année. Parfois, les fouines peuvent être coincées sous le capot: cela nous est déjà arrivé d’en ouvrir un et de tomber nez à nez avec l’animal», explique-t-il. Mais la plupart du temps, Touring ou les garagistes interviennent sur des véhicules en panne en raison des câbles mordillés ou sectionnés par une fouine.
«La méthode plus efficace est l’appareil à ultrasons»
Patrick Van Staen de Touring
Repousser les fouines de sa voiture: entre appareils à ultrasons et térébenthine
Patrick Van Staen conseille de se renseigner auprès de son garagiste, pour savoir si son véhicule est susceptible d’être «pris pour cible» par une fouine, selon la composition des gaines des câbles de celui-ci: «Elle n’a pas de marque ou de modèle privilégié à ma connaissance». Si cela est possible, mettre sa voiture dans un garage fermé réduit les risques d’intrusion des fouines, ajoute-t-il. Dans le cas contraire, plusieurs méthodes peuvent permettre de se «débarrasser» de cette invitée qui peut se révéler encombrante. «La plus efficace est l’appareil à ultrasons, qui se branche sur la batterie. Il faut toutefois être prudent, cela consomme un peu de courant et il faut donc faire en sorte de rouler régulièrement avec sa voiture pour éviter d’avoir la batterie à plat», avance le professionnel de Touring.
«Pour moi, ce n’est pas tellement efficace. Je n’en propose même plus, car l’animal peut s’y habituer et va donc rester», assure Eric Alkemade, pas convaincu par ces appareils à ultrasons, disponibles en ligne ou directement dans des magasins de bricolage et même automobiles. Les deux professionnels interrogés s’accordent sur un point: les sprays anti-nuisibles peuvent se révéler convaincants, au contraire des solutions «naturelles» proposées sur plusieurs sites en ligne. «Il faut juste en pulvériser régulièrement durant l’hiver», précise Patrick Van Staen, qui déconseille d’utiliser du vinaigre blanc ou du marc de café, dont l’odeur ne ferait pas fuir les fouines. «Cela ne fonctionne pas. J’ai déjà entendu des personnes utiliser des bouts de bois imbibés de térébenthine, à proximité de la voiture: les fouines détestent la térébenthine. Il faut réitérer ce geste régulièrement, mais ce serait aussi efficace», ajoute le patrouilleur de Touring.
Pour Eric Alkemade, l’animal pourrait toutefois s’habituer à cette odeur avec le temps: il s’érige également contre les «tapis anti-nuisibles» à pics (en plastique) vendus en ligne, «des arnaques» qui pourraient blesser les chats ou des animaux sauvages comme les hérissons. Certains sites conseillent également de faire du bruit en continu, par exemple en diffusant la radio ou de la musique, ou de projeter de la lumière, avec un appareil à détecteur de mouvements, près de l’habitat de la fouine, celle-ci privilégiant les lieux calmes, afin de la faire fuir. Il faut aussi éviter de laisser traîner de la nourriture, pouvant attirer des rats et par conséquent les fouines, l’un de leurs prédateurs naturels.
«Demande d’autorisation de destruction»
En dernier recours, il reste possible de se «débarrasser» de la fouine si celle-ci ne parvient pas à être délogée. Bruxelles Environnement précise que «la fouine est une espèce strictement protégée. Il est donc interdit de la chasser, de la capturer ou de détruire ses abris», soi-même en région de Bruxelles-Capitale. Il faut dans ce cas contacter Bruxelles Environnement, qui aura 60 jours après réception de la demande pour y répondre (favorablement ou non) et pour ensuite intervenir. En Wallonie, «une demande d’autorisation de destruction» doit aussi être effectuée auprès de la Direction générale opérationnelle Agriculture, Ressources naturelles et Environnement (DGARNE) ou du Département de la Nature et des Forêts (DNF).
En cas de réponse positive, la fouine doit dans un premier temps être capturée, selon des règles strictes, par le particulier qui a émis cette demande ou alors un professionnel privé auquel il peut faire appel. «Si une fouine est cachée dans une voiture, je place une cage spéciale près de la roue, sous le véhicule, avec un appât carné ou un œuf, sur lequel je mets deux gouttes d’anisette pour l’attirer», expose Eric Alkemade, habilité ensuite à euthanasier l’animal, là encore selon des règles précises. «Monsieur Taupe» appelle à les suivre scrupuleusement et à ne pas capturer soi-même une fouine qui aurait pu s’installer dans une voiture: «Transporter une fouine vivante pour aller la libérer ailleurs est interdit: vous risquez une amende administrative très sévère».