Le Costa Rica. © Getty

Qu’ont en commun les pays les plus heureux du monde ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

De quoi a-t-on besoin pour être heureux ? Selon le classement de l’organisation Happy Planet, aucun pays n’atteint aujourd’hui tous les objectifs liés au bonheur, mais certains s’en approchent. Et si l’on s’en inspirait ?

Pour vivre heureux, les habitants de cette planète ont besoin d’atteindre trois objectifs principaux : une espérance de vie élevée pour tous, un bien-être important et une vie respectueuse de l’environnement et de la nature. Actuellement, aucun pays ne parvient à exceller dans ces trois domaines.

Le plus souvent, une vie longue et heureuse se fait au détriment de l’environnement. Les pays occidentaux riches ont tendance à obtenir de bons résultats en matière d’espérance de vie et de bien-être, mais n’obtiennent pas un score élevé en matière de durabilité environnementale en raison du fonctionnement de leur économie. Mais le succès des pays d’Amérique latine démontre qu’il est possible de construire une économie forte qui offre un bien-être élevé et une longue espérance de vie, sans avoir une très grande empreinte écologique.

Le Costa Rica cité en exemple

Au Costa Rica.
Au Costa Rica.© Getty

Le pays sur la première marche du podium est le Costa Rica. Ce pays d’Amérique centrale abrite la plus grande densité d’espèces au monde. Le PIB par habitant représente moins d’un quart de celui de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Son économie repose principalement sur le tourisme, l’agriculture et les exportations.

Les habitants du Costa Rica jouissent d’un bien-être supérieur à celui des habitants de nombreuses nations riches, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, et vivent plus longtemps que les habitants des États-Unis (avec une espérance de vie de 79.1 ans. L’empreinte écologique par habitant est trois fois moindre que celle d’un Américain moyen, soit 2.8 hectares (soit un peu moins de quatre terrains de football).

Le Costa Rica a aboli son armée en 1949 et a depuis réalloué ces fonds à l’éducation, la santé et aux pensions. En 2012, le Costa Rica a proportionnellement investi davantage dans l’éducation et la santé que le Royaume-Uni. Le professeur Mariano Rojas, économiste costaricain, attribue le bien-être des Costaricains à une culture basée sur de solides réseaux sociaux (les vrais, pas ceux d’internet).

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Le Costa Rica est également un leader mondial en matière de protection de l’environnement. Le gouvernement costaricain utilise les taxes perçues sur la vente des combustibles fossiles pour payer la protection des forêts. En 2015, le pays a pu produire 99 % de son électricité à partir de sources renouvelables, et le gouvernement continue d’investir dans la production d’énergie renouvelable afin d’atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2021.

Toutefois, certains points peuvent encore être améliorés. Ainsi, l’inégalité des revenus au Costa Rica est particulièrement élevée. Cela s’explique en partie par le fait que système fiscal costaricain ne redistribue pas efficacement les richesses. Et si l’engagement du Costa Rica en faveur de l’environnementale est impressionnant, son empreinte écologique n’est pas encore assez faible pour être totalement durable, selon l’index Happy Planet.

Le Mexique, un grand pays sur la deuxième marche du podium

Au Mexique.
Au Mexique.© Getty

Le Mexique se classe deuxième selon l’indice Happy Planet. Le bien-être y est bien supérieur à celui de ses voisins américains, bien que l’économie mexicaine soit presque cinq fois plus petite et que son empreinte écologique soit assez faible. Ainsi, les Mexicains ont besoin de seulement un tiers de la totalité de leur territoire pour vivre.

Ces dernières années, des mesures importantes ont été prises pour améliorer la santé de la population mexicaine, notamment la mise en place d’une couverture médicale universelle en 2012.

La protection de l’environnement fait l’objet d’une attention politique croissante et a été incluse comme l’un des cinq piliers clés du plan de développement national du Mexique.

Des défis importants restent cependant à relever : l’inégalité économique est un problème de taille, avec un écart considérable entre les plus riches et les plus pauvres.

La Colombie, une troisième place inattendue

En Colombie.
En Colombie.© Getty

La Colombie arrive à égalité avec le Mexique, malgré une piètre réputation due à son passé lié au trafic de drogues. Il semble donc, selon l’index Happy Planet, que les Colombiens vivent sous un ciel plutôt clément. Si leur espérance de vie n’est pas très élevée (73.7 ans), leur faible impact sur l’environnement et le taux de bien-être élevé vient compenser ces quelques années perdues. Le pays a cependant encore du chemin à parcourir concernant les inégalités.

A Vanuatu, le bonheur malgré la menace climatique

Vanuatu.
Vanuatu.© Getty

La quatrième nation en tête du classement est l’archipel de Vanuatu. C’est un pays composé de plus de 80 îles situées à 2 000 km à l’est de l’Australie.

Vanuatu n’a pas d’armée et son PIB par habitant est vingt fois inférieur à celui de sa voisine, l’Australie. Les îles Vanuatu ont toujours vécu de manière démocratique et pacifique malgré l’immense diversité culturelle qu’elle recouvre (plus de 100 langues y sont parlées).

Le Vanuatu a le score le plus élevé de l’indice Happy Planet en dehors du continent américain. Les habitants de Vanuatu jouissent d’un bien-être plus élevé qu’au Japon, tandis que son empreinte écologique représente un quart de celle du Japon.

Au Vanuatu, les différentes communautés se réunissent souvent pour discuter de l’organisation de leur société : cela va de la résolution des conflits à la planification des cérémonies. Une étude de l’Office national des statistiques de Vanuatu cite ces réunions sociales comme un facteur clé à la base de liens sociaux solides et d’un soutien matériel et émotionnel qui contribuent à un niveau de bien-être élevé.

L’empreinte écologique relativement faible de Vanuatu n’est pas une surprise. Le pays est bien placé pour utiliser les énergies renouvelables, l’hydroélectricité, l’énergie éolienne, l’énergie solaire et le biocarburant à base de noix de coco. En 2011, 34 % de l’énergie consommée par le Vanuatu provenait des énergies renouvelables, et le pays vise à être alimenté à 100 % par des énergies renouvelables d’ici 2030.

Le Vanuatu n’est pas pour autant un pays sans défis. Il a d’ailleurs une espérance de vie assez faible (71.3 ans). Ce n’est pas surprenant étant donné l’absence de services de santé nationaux dans le pays. Le manque d’infrastructures d’éducation a entraîné un taux de scolarisation et de fréquentation scolaire parmi les plus faibles de la région du Pacifique.

Comme de nombreuses petites nations insulaires, Vanuatu est très vulnérable aux catastrophes naturelles. En mars 2015, le cyclone Pam a dévasté une grande partie de l’archipel, causant des morts et des dégâts considérables sur toutes les îles. Comme tous les résultats de l’indice Happy Planet, le score de Vanuatu est basé sur des données antérieures à 2015. Par conséquent, les effets du cyclone Pam ne sont pas pris en compte dans le score de l’indice Happy Planet de Vanuatu pour 2016 – bien que des rapports suggèrent que le pays a fait preuve de résilience face à cette catastrophe.

Les mauvais élèves

Le Luxembourg.
Le Luxembourg.© Getty

Dans ce classement, le premier pays européen est la Norvège qui apparait seulement en 12e position, surtout en raison de son empreinte écologique.

La Belgique occupe quant à elle la 87e place. Ce mauvais score est également dû à l’empreinte écologique des Belges. L’organisation a en effet calculé que chaque habitant utilise 7.4 hectares de terre pour vivre, soit plus de dix terrains de football.

Les États-Unis occupent la 108e place du classement, aux côtés de la Bulgarie, l’Afghanistan et du Rwanda.

Le Luxembourg occupe quant à lui l’avant-dernière place, juste avant le Tchad. L’espérance de vie y est élevée (81.1 ans), ainsi que le bien-être. Mais l’empreinte écologique catastrophique de ce petit pays le fait dégringoler dans le classement. En effet, l’empreinte d’un Luxembourgeois est trois fois plus importante que celle d’un Belge et deux fois plus importantes que celle d’un Américain, selon l’index Happy Planet, soit l’équivalent de plus 22 terrains de football par habitant. Étant donné la petite taille du pays, le mode de vie des Luxembourgeois est loin d’être durable. Elle est d’ailleurs la plus importante du monde.

« Si la vie au Luxembourg était reproduite dans tous les autres pays, nous aurions besoin de 9,1 planètes Terre pour nous soutenir ! », s’indigne l’organisation. De plus, pour un pays aussi riche, prendre des mesures envers la préservation de l’environnement n’est pas insurmontable.

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