Andrea Ammon, directrice de l'European Centre for Disease Prevention and Control © Alberto PIZZOLI / AFP

Pour l’agence européenne des maladies, il faut se préparer à ce que le virus « reste parmi nous »

Le Vif

Le monde doit se préparer à ce que le coronavirus reste « parmi nous » pour longtemps malgré les vaccins, a averti vendredi la directrice de l’agence européenne chargée des maladies dans un entretien à l’AFP, appelant également à garder pour l’heure les restrictions en place en Europe.

« Maintenant il semble qu’il soit plus probable qu’il reste » plutôt qu’il ne disparaisse, a déclaré Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), une agence de l’UE. « Il semble très bien adapté aux humains. Donc nous devons nous préparer à ce qu’il reste parmi nous », a-t-elle ajouté. « Ce ne serait pas le premier virus à rester parmi nous pour toujours, donc ce n’est pas une caractéristique inhabituelle pour un virus », a pointé la responsable de l’agence sanitaire européenne basée à Stockholm.

Si les vaccins permettent de réduire très drastiquement le risque de contracter le Covid-19, les scientifiques ne savent pas encore s’ils empêchent également la transmission du virus, ni dans quelle mesure. Dans combien de temps saura-t-on plus clairement si les vaccins stoppent la transmission? Selon Mme Ammon, « cela va prendre quelques mois. Des études sont en place mais il faut un plus grand volume de gens vaccinés pour pouvoir suivre ».

Les variants, surtout sud-africain et brésilien, compliquent la donne car on suspecte qu’ils puissent amoindrir l’efficacité du vaccin. « La question est ce que cela implique pour l’efficacité du vaccin », a souligné Andrea Ammon, pointant l’exemple de la grippe saisonnière, obligeant à adapter les vaccins chaque année.

Courir les derniers kilomètres

« Il est possible que la même chose se produise, ou bien qu’à un moment donné (le virus) se stabilise et que nous puissions utiliser un vaccin pour une longue période », a-t-elle dit à l’AFP par visioconférence.

La directrice de l’ECDC a par ailleurs appelé les pays de l’Union européenne à conserver les restrictions actuellement en place, malgré une décrue des cas dans la majorité des Etats européens. « C’est encore un tableau contrasté (…) Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines », a-t-elle affirmé, pointant que tous les Etats de l’Union – à l’exception de la Finlande – se trouvaient encore dans une situation épidémiologique « sérieuse » selon les critères de l’ECDC. « Tout le monde en a marre des mesures, mais quand on court une épreuve de fond (…) il faut courir les derniers kilomètres », a-t-elle plaidé.

Le nombre de nouveaux cas quotidiens dans toute l’Europe avoisine actuellement les 150.000, contre environ 250.000 il y a un mois, selon les données officielles compilées par l’AFP. Tout relâchement des mesures doit se faire de façon « progressive », « et ce n’est que lorsque vous observez que les cas restent stables ou descendent encore que vous pouvez franchir une étape de plus », a-t-elle conseillé.

Confrontée à une pénurie de vaccins aggravée par des retards de livraison, l’Union Européenne a connu un démarrage poussif de sa campagne de vaccination entamée fin décembre. Selon le dernier pointage des données officielles vendredi, seuls 3,0% de la population de l’UE avait reçu au moins une dose, et 1,4% les deux, avec un total de 20 millions de doses administrées. La Commission, dont la gestion a été très critiquée, s’est fixé l’objectif de vacciner 70% de la population adulte d’ici « la fin de l’été ». , »Tout le monde vise cela, tous les efforts vont dans cette direction », a affirmé Mme Ammon, interrogée sur le fait de savoir si cet objectif lui semblait crédible.

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