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Le Covaxin, un vaccin indien fabriqué à partir du covid

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Le Covaxin, un vaccin inactivé développé par la société indienne Bharat Biotech, est le huitième vaccin officiellement validé par l’Organisation mondiale de la santé. Son efficacité s’approche des 79%. Mais quelles sont donc les particularités de ce nouveau vaccin qui fait aujourd’hui parler de lui?

Dans un premier temps validé en janvier dernier pour une utilisation d’urgence en Inde, le Covaxin a désormais officiellement fait ses preuves, après une série d’études. Les résultats des essais ont en effet montré que le vaccin avait une efficacité de près de 79%. Un pourcentage qui le rend sûr pour une exploitation dans le monde entier, estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui se réjouit du développement de cette nouvelle arme contre le covid.

À l’origine de ce nouveau vaccin? La société indienne Bharat Biotech, qui s’est associée à l’Institut national de virologie et au Conseil indien de la recherche médicale. Le Covaxin agit en apprenant au système immunitaire à fabriquer des anticorps contre le coronavirus SARS-CoV-2. Les anticorps se fixent ensuite aux protéines virales, telles que les protéines Spike qui parsèment la surface du virus et qui sont les clés lui permettant de pénétrer les cellules.

Un vaccin inactivé

Ce qui rend ce vaccin si particulier, c’est qu’il a été créé à partir du covid, et plus particulièrement à partir d’un échantillon du coronavirus isolé et désactivé pour le rendre inoffensif. C’est ce qu’on appelle un « vaccin inactivé ».

Les chercheurs ont produit des stocks importants de coronavirus, puis les ont aspergés d’un produit chimique appelé bêta-propiolactone. Ce processus de purification des particules virales permet d’éliminer le matériel génétique du covid. En d’autres termes, ce composé désactive les virus en se liant à leurs gènes afin de les empêcher de se répliquer. Incapable de se multiplier, le covid devient en quelques sortes inoffensif. Mais ses protéines, et ce compris les Spike – restent, quant à elles, intactes.

Les chercheurs ont ensuite prélevé les virus inactivés et les ont mélangés à une quantité infime d’un composé à base d’aluminium appelé adjuvant. L’ajout d’adjuvant est indispensable dans la majorité des vaccins inactivés si l’on souhaite déclencher une réponse immunitaire entraînant une bonne protection. Ce sont en effet eux qui vont permettre de stimuler le système immunitaire.

Convient aux personnes à faible immunité

Une fois le vaccin administré, les cellules immunitaires (cellules B et T) peuvent encore reconnaître les virus, même quand ils sont inactivés. Ces cellules vont alors envoyer des signaux d’alarme pour déclencher la réponse immunitaire et ainsi encourager la fabrication des anticorps nécessaires pour lutter contre le covid.

Le système immunitaire peut donc répondre à une infection par des coronavirus vivants. Les cellules B produisent des anticorps qui se fixent sur les envahisseurs. Les anticorps qui ciblent la protéine spike peuvent notamment empêcher le virus de pénétrer dans les cellules. D’autres types d’anticorps peuvent également bloquer le virus par d’autres moyens.

Parce que les coronavirus utilisés pour la création du Covaxin sont inactivés, ils peuvent être injectés dans le bras d’un patient sans crainte de provoquer le covid, ce qui rend ce vaccin particulièrement intéressant pour les personnes à faible immunité.

Facile à conserver

Comme la plupart des vaccins actuels, le Covaxin nécessite deux doses, administrées à quatre semaines d’intervalle. L’OMS a annoncé qu’il pourra être utilisé dans le cadre du dispositif international Covax d’accès équitable à l’immunisation. Ce vaccin est en effet très utile pour les pays pauvres ou à revenus intermédiaires en raison de la facilité avec laquelle il peut être conservé.

Contrairement aux vaccins à ARNm, tels que ceux développés par Pfizer-BioNTech et Moderna, Covaxin ne nécessite pas de stockage sous zéro degré, restant stable à des températures de frigos ordinaires de 2 à 8°C. Cela le rend particulièrement adapté à de nombreux pays à revenus faibles ou intermédiaires avec des climats chauds, où il peut y avoir des coupures de courant fréquentes dans les zones rurales.

Quant à savoir la durée de protection après vaccination, des recherches doivent encore être réalisées. Mais les chercheurs se disent confiants. Après injection des deux doses, le système immunitaire contiendrait en effet des cellules spéciales appelées cellules B à mémoire qui pourraient conserver des informations sur le coronavirus et réactiver le système immunitaire à tout moment. Il y a donc bon espoir que l’immunité dure plusieurs années, voire des décennies…

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