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Immunité, mythe ou réalité? Les variants sèment le doute

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

La réponse immunitaire engendrée par la vaccination a souvent été remise en cause ces derniers mois. Surtout face à la multiplication de nouveaux variants. Certains en viennent même à considérer l’immunité collective comme un mythe. Une nouvelle étude redonne néanmoins de l’espoir quant à l’efficacité des vaccins contre les variants du covid.

Premièrement, en termes de protection contre une hospitalisation, pas de doute: variants ou pas, les vaccins limitent les risques de développer la forme sévère du covid. Diverses études l’ont prouvé à de nombreuses reprises, notamment en calculant le taux de protection après infection par les variants Alpha et Delta. Après deux doses, on aurait ainsi entre 86% et 96% de risques en moins de finir à l’hôpital (ces taux dépendent du vaccin).

Le problème se situe plutôt du côté de l’immunité : les vaccins nous protègent-ils contre une infection au covid? Et si oui, à quel point et combien de temps? Quid des variants? Ces questions divisent encore et toujours la communauté scientifique.

Temps et variants, ennemis jurés de l’immunité

On sait qu’un vaccin ne protégera jamais quelqu’un à 100%: plusieurs cas de réinfections après vaccination ont déjà été rapportés. On ne peut donc pas être complètement immunisé contre le covid. Et quand bien même développerait-on un nombre impressionnant d’anticorps, deux facteurs semblent impacter l’efficacité de la campagne de vaccination: le temps et les variants. De quoi nourrir davantage le doute, et semer la discorde entre les pro et anti-vax.

Pourquoi le temps? Des études ont montré une baisse significative de la protection offerte par les vaccins plusieurs mois après l’injection des deux doses. D’où la naissance du débat sur la nécessité d’une potentielle troisième dose. Une proposition qui s’est rapidement vue confirmer par les autorités dans plusieurs pays. En Belgique, les invitations à recevoir un rappel de vaccin ont déjà été envoyées aux personnes à immunité réduite et des lettres supplémentaires devraient être envoyées aux personnes de plus de 85 ans dès cette semaine. Par ailleurs, une nouvelle phase de vaccination pour les plus de 65 ans a déjà été approuvée.

Mais le plus grand ennemi de l’immunité, c’est la présence de variants. Lorsque le variant Delta est devenu dominant aux États-Unis, c’est-à-dire où il était responsable de plus de 50% des cas selon le séquençage, l’efficacité serait tombée à 66%. Au point de rendre l’immunité collective impossible? Oui, affirment certains experts.

Selon l’épidémiologiste Yves Coppieters, cet espoir de voir un jour la population belge totalement immunisée serait un objectif difficile à atteindre. Et pour cause : « Tant que la circulation du virus à l’échelle mondiale est forte et que l’on risque d’avoir des retours de mutants ou de variants qui pourraient échapper à la vaccination« , on ne pourra pas parler d’immunité de groupe, nous expliquait l’expert mi-août. « L‘immunité collective à l’échelle de la Belgique n’a aucun sens dans un contexte de mondialisation auquel il fait ajouter l’arrivée de nouveaux variants.« 

Une réponse immunitaire contre les variants

Une nouvelle étude apporte néanmoins une nouvelle note d’espoir dans la lutte contre le covid. Des chercheurs français ont en effet mené des travaux sur la mémoire immunitaire générée après injection de deux doses de vaccin à ARNm et sur sa capacité à se réactiver pour produire des anticorps et neutraliser les variants du covid.

Leurs travaux montrent non seulement que les patients infectés lors de la première vague maintiennent une immunité stable jusqu’à 12 mois, mais également qu’après vaccination avec un vaccin à ARNm (en l’occurrence, Pfizer ou Moderna), ils développent des défenses contre le variant Delta. En d’autres termes, leur système immunitaire semble produire des cellules à mémoire capables de reconnaître et neutraliser les variants préoccupants.

Pour rappel, une cellule à mémoire est capable de se réactiver rapidement en cellule productrice d’anticorps lors d’une nouvelle infection.

Pour les personnes vaccinées qui n’ont par contre jamais été infectées auparavant, la réponse immunitaire est nettement moins efficace vis-à-vis des variants. Néanmoins, une dose supplémentaire du vaccin permettrait de générer rapidement des nouveaux anticorps capables de neutraliser les variants actuellement présents en Belgique, et ce, même chez les personnes qui n’ont jamais été infectées. D’où la nécessite d’un rappel de vaccin.

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