© Belga

Covid: « Il est possible que la seule fermeture des restaurants a déjà eu de l’effet »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Les contaminations au Covid-19 ont principalement lieu dans des lieux clos, comme les restaurants, les salles de fitness ou encore les cafés, selon une nouvelle étude de l’université de Stanford. Un modèle transposable en Belgique, selon David Alsteens, professeur au Louvain Institute of Biomolecular Science and Technology de l’UCLouvain.

Ce n’est pas une surprise mais une nouvelle étude de l’université de Stanford parue dans la revue Nature vient encore de le confirmer : les contaminations au Covid-19 ont principalement lieu dans des lieux clos où l’on passe beaucoup de temps et où se trouvent de nombreuses personnes, comme les restaurants, les salles de fitness, les églises, ou encore les cafés.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé un modèle informatique reprenant des données démographiques, des estimations épidémiologiques et des données GSM anonymes. Ce modèle a analysé où les gens se sont rendus, combien de temps ils y sont restés et combien de personnes se trouvaient dans le lieu où ils sont allés. Sans surprise, aux Etats-Unis, la plupart des contaminations ont eu lieu dans les lieux clos où de nombreuses personnes ont passé beaucoup de temps.

Ce modèle est transposable en Belgique, selon David Alsteens, professeur au Louvain Institute of Biomolecular Science and Technology de l’UCLouvain. « On a déjà remarqué des cas plus élevés de contaminations dans les restaurants. A table, les gestes barrière sont plus difficiles à respecter, on a pas de masque pour manger, on partage une bouteille d’eau que plusieurs personnes touchent,… ce n’est donc pas une surprise qu’on puisse transmettre l’infection de manière plus importante dans ces endroits. »

Les restaurants et cafés sont bien des lieux propices aux infections, selon le biologiste, et cela encore plus le cas en hiver, quand le virus circule fortement dans des lieux confinés. « En été, lors du déconfinement de la première vague, on mangeait en terrasse, ou au jardin, lors d’un BBQ, l’air était plus sec et les UV détruisaient plus vite le virus, en hiver c’est moins le cas. »

Une réouverture préconisée à 20% de capacité

Ce modèle devrait permettre aux autorités d’affiner les mesures prises pour lutter contre la pandémie, en déterminant notamment l’impact d’une réouverture des lieux incriminés à 20% ou à 50% de leurs capacités.

Le système informatique basé sur des données américaines tient également compte des caractéristiques ethniques et financières des citoyens. Le biologiste commente sur ce point : « Le facteur primordial est la proximité. Dans un fast food, par exemple, on reste moins longtemps à table. Il y a donc un rythme de renouvellement plus important et l’espace est partagé avec d’autres personnes sans que la table ou la chaise soit désinfectée à chaque client, … ce sera moins le cas dans un restaurant un peu plus haut de gamme où l’on reste plus longtemps à table. »

Selon le modèle informatique, les activités sportives sont aussi incriminées.« Lors d’un sport de contact, on est plus proches, on expulse les aérosols sur de plus longues distances. La distance de sécurité au repos est estimée à 1,5 mètre mais dans l’effort, on parle plus de 6, 7 mètres. Tout ça n’a pas encore été clairement calculé mais c’est possible », confirme le biologiste.

« Des situations qui augmentent les risques sont des situations où l’on partage des objets, comme un ordinateur, ou des couverts pendant un buffet. On voit que les mesures prises lors de cette seconde vague qui visent à limiter au maximum les contacts proches fonctionnent. Il est possible que la seule fermeture des restaurants a déjà eu de l’effet« , estime David Alsteens.

Et de conclure : « Cela reste de toutes façons compliqué de déterminer les facteurs précis qui provoquent les infections et de les retracer. On connait tous des personnes qui ont été infectées mais qui n’ont pas contaminé leurs proches et à l’inverse des familles ou tout le monde est infecté. C’est difficile dans l’état actuel des choses de le savoir, car on n’a pas laissé assez de temps entre la fermeture de l’horeca et l’imposition des autres mesures de confinement.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire