Carte blanche

Allez-vous vraiment investir dans la profession infirmière ? Nous attendons toujours vos réponses ! (carte blanche)

L’actualité de ces derniers jours fait enfin transparaitre la pression sur les hôpitaux, et ce principalement en mettant en avant le manque de capacité de lits en soins intensifs.

Différentes raisons sont évoquées, la principale étant qu’aucun personnel supplémentaire n’est disponible pour ouvrir des lits en plus (1,2).

Mais que l’on ne s’y méprenne pas, la pression sur les soins intensifs n’est jamais que le sommet visible de l’iceberg d’un système complètement dépassé où les recommandations en matière d’investissement humain sont connues, claires et urgentes de longue date (3,4).

Bien triste état de fait d’un système de soins qui se veut à la pointe.

Et si ce dernier était simplement l’aveu d’une structure à bout où la régulation de celle-ci s’essouffle et les professionnels de santé ne répondent plus aux nombreuses sollicitations parce qu’ils sont également à bout, parce qu’ils sont tout simplement absents…

Une analyse récente montre que les chiffres d’absentéisme pour maladie dans les soins sont 36 % plus élevés qu’ailleurs. Une surprise… pas vraiment, lorsque l’on sait qu’une étude publiée en mai 2020 avait démontré que 7 infirmières sur 10 étaient à risque de Burnout (5) et, quelques mois plus tard, une enquête de Sciensano avait obtenu les mêmes résultats. Les mesures se répètent et les constats sont à chaque fois identiques, alarmants et s’aggravant à chaque mesure tant les leçons à tirer et les actions à mettre en place sont quasiment inexistantes.

Que du contraire, alors que la profession a fourni un mémorandum avec des actions concrètes, elle est saupoudrée de promesses qui viennent à chaque fois nourrir de faux espoirs et pour lesquels la chute est de plus en plus abrupte tant celles-ci ne se concrétisent pas en cohérence avec les rôles et responsabilités de la profession. Une chute, où des soignants ne se relèvent pas, où l’intention de quitter la profession se majore aussi à chaque mesure. Des exemples récents comme les annonces de reconnaissance de pénibilité de la profession infirmière au sortir de la première vague restent lettre morte et renforcent ce sentiment de non-considération.

Dès lors, où en est la vraie attractivité de la profession, où en est le vrai respect de la profession, un respect où lorsque l’on parle des infirmiers c’est avec eux que vous devez parler. Une considération qui indépendamment des circonstances, ne peut être remise en cause à la moindre occasion. Une légitimité professionnelle qui ne peut être vidée de son contenu et de son sens pour des raisons inadéquates et mettant de la sorte en difficulté la santé des patients. Le dernier exemple en date de la prolongation des mesures de délégation de l’acte de vaccination à des tiers non compétents laisse un goût amer tant il est évident que la force de vaccination est présente, mais pas suffisamment sollicitée. Pourquoi, dès lors, ne pas donner plus de compétences aux infirmiers en leur permettant de prescrire les vaccins au lieu d’envisager de déléguer cela aux pharmaciens ?

Alors, au-delà d’autres constats que nous pourrions mettre en avant, au-delà d’autres discriminations salariales que nous pourrions évoquer (cf. la vaccination), nous vous demandons maintenant d’agir ensemble sur base des propositions concrètes formulées.

Pour conclure, il est de coutume le 12 mai, journée internationale des infirmières, de mettre en avant la profession. Ce que nous vous demandons cette année et pour les années à venir, ce ne sont pas des messages de complaisances mettant en avant notre rôle, nous vous demandons des actions en regard des enjeux d’attractivité et de fidélisation professionnelle, en s’appuyant sur une vision pour les soins de demain travaillées avec les infirmiers!

Pour la Fédération Nationale des Infirmièr(e)s de Belgique,

Adrien Dufour, président de la fédération

Alda Dalla Valle, vice-présidente de la fédération

Références

1. Bruyneel, A., Tack, J., Droguet, M., Maes, J., Wittebole, X., Miranda, D. R., & Di Pierdomenico, L. (2019). Measuring the nursing workload in intensive care with the Nursing Activities Score (NAS): A prospective study in 16 hospitals in Belgium. Journal of critical care, 54, 205-211. https://doi.org/10.1016/j.jcrc.2019.08.032

2. Bruyneel, A., Gallani, M. C., Tack, J., d’Hondt, A., Canipel, S., Franck, S., … & Pirson, M. (2021). Impact of COVID-19 on nursing time in intensive care units in Belgium. Intensive and Critical Care Nursing, 62, 102967. https://doi.org/10.1016/j.iccn.2020.102967

3. Van den Heede, K., Bruyneel, L., Beeckmans, D., Boon, N., Bouckaert, N., Cornelis, J., Dossche, D., Van de Voorde, C., Sermeus, W., 2019. Safe nurse staffing levels in acute hospitals. Health Services Research (HSR) Brussels: Belgian Health Care Knowledge Centre (KCE). KCE Reports 325, D/2019/10.273/75.

4. https://www.who.int/fr/news/item/07-04-2020-who-and-partners-call-for-urgent-investment-in-nurses

5. Bruyneel, A., Smith, S., Tack, J., Pirson, M., 2021. Prevalence of burnout risk and factors associated with burnout risk among ICU nurses during the COVID-19 outbreak in French speaking Belgium Article in press, 7. https://doi.org/10.1016/j.iccn.2021.103059

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