© DAVID BENETT / GETTY IMAGES

Noire et Blanche

Plus important prix littéraire décerné en Grande-Bretagne (et doté de 50 000 livres sterling), le Man Booker Prize a consacré, le 14 octobre, Margaret Atwood pour The Testaments (la suite très attendue de The Handmaid’s Tale) et Bernardine Evaristo pour Girl, Woman, Other. C’est la première fois que ce prix est partagé depuis 1992, malgré une règle interdisant les colauréats. Le jury, élu par un comité fixe, est renouvelé chaque année : une façon comme une autre d’éviter les collusions ou les stratégies à long terme. Ce double choix, à l’heure où, en France, la parité parmi les récipiendaires de prix est encore loin d’être atteinte, est évidemment politique et ouvertement féministe. Si l’univers fictionnel de la Canadienne Atwood est devenu un vrai symbole de la lutte contre l’oppression patriarcale, le roman de l’Anglo- Nigériane Evaristo s’inscrit, lui aussi, dans ces enjeux cruciaux. En donnant à lire des femmes noires de plusieurs milieux et générations, avec en toile de fond une interrogation permanente sur le racisme (dans la relation à la culture et au sexe), Girl, Woman, Other redit l’importance d’une variété de voix et de représentations. N’aurait-ce pas été un symbole puissant et suffisant, dans l’Angleterre d’aujourd’hui, de primer pour la première fois une auteure noire, à plus forte raison quand Margaret Atwood ne manque guère de visibilité ni de moyens ? La question mérite d’être posée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire