Les olympiades vénitiennes de l’art

Guy Gilsoul Journaliste

Il faut y être et la bataille est rude. Pour sa 53e édition et jusqu’au 22 novembre, la Biennale de Venise et ses  » à-cotés  » proposent plus de 150 expositions.

C’est la plus longue (cinq mois), la plus diversifiée (77 pays) et la plus ancienne (1897) de toutes les manifestations d’art contemporain du monde. Le ton de la Biennale 2009 de Venise est donné par le thème de la grande exposition Construire des mondes, imaginée par le directeur Daniel Birnbaum à l’Arsenal avec quelques belles surprises (l’Africaine Pascale Marthine Tayou ou le Tibétain Gonkar Gyatso). Avec un concept aussi élastique, les pavillons nationaux y font écho en privilégiant soit les one-man-show, soit l’exposition de groupe ou encore l’un ou l’autre concept. Et comme les pays participants n’ont pas tous les mêmes atouts financiers, les mêmes urgences ni les mêmes conceptions de la promotion artistique, le spectacle est forcément inégal. De plus, comme ils sont de plus en plus nombreux, on assiste à une multiplication des lieux d’accueil qui, en dehors des giardini, se répandent dans toute la cité, dans les palais, les églises, sur les quais, les trottoirs et les places publiques. Entre business et propagande, révoltes et espoirs, la biennale s’adapte aux réalités du présent de la mondialisation et de la crise. D’où, par exemple, la présence de plus en plus marquée, aux côtés des réalisations décidées par les gouvernements, des initiatives prises par des fondations privées et des marchands. Côté belge, par exemple, Guy Pieters a investi dans les expositions Fabre et Delvoye plus de quatre fois le budget alloué au pavillon belge officiel qui est, pour cette édition, occupé par la Communauté flamande :  » Les retombées sont extraordinaires et même jusqu’à Dubai « , nous confie-t-il.

Mais d’un autre côté, on n’a jamais autant parlé de la riposte identitaire. La Chine, l’Inde ou les pays arabes expriment très clairement la volonté de puissance des nouvelles économies émergentes. Au Monténégro, dans les Comores, l’Azerbaïdjan ou le Gabon, les artistes réclament avant tout une parole bafouée. Que feront en 2011 les nouveaux venus comme l’Iran, le Pakistan ou encore… le Vatican ?

Mais la Biennale, ce sont aussi 44 événements collatéraux avalisés par les organisateurs. Ou encore, tout à fait hors circuit, de véritables événements majeurs comme l’exposition Rauschenberg au Guggenheim ou encore l’ouverture du nouveau musée Pinault à la Punta della Dogana. Sans compter les autres multiples initiatives qui, sans aucun doute, passeront totalement inaperçues. Oui, il faut y être. Encore faut-il y être vu.

La Biennale di Venezia, tous les jours de 10 à 18 heures. www.labiennale.org. Mapping the studio (Punta della Dogana), tous les jours de 10 à 19 heures ; www.palazzograssi.it

GUY GILSOUL

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire