La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides © AFP

UE-AstraZeneca: « Nous allons défendre notre accord et l’argent du contribuable »

La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a enfoncé le clou dans la bataille des mots qui oppose l’UE et la firme pharmaceutique AstraZeneca, accusée de ne pas respecter ses engagements envers les 27 et de privilégier les livraisons au Royaume-Uni, qui utilise déjà le vaccin contre le coronavirus développé par l’entreprise avec l’université d’Oxford.

En conférence de presse, la commissaire chypriote a répondu à distance aux affirmations de la veille du CEO d’AstraZeneca Pascal Soriot, rejetant sa « logique du ‘premier arrivé premier servi' ». Aucune clause du contrat ne précise une priorité du Royaume-Uni sous prétexte qu’il a signé un accord précédemment, a-t-elle lâché. « Les usines du Royaume-Uni sont comprises dans notre accord d’achat anticipé », au même titre que les deux autres lieux de production européens (dont un en Belgique) qui sont prévus pour fournir à l’UE les doses promises, a balayé Stella Kyriakides.

Contrat confidentiel

Dans un entretien à différents journaux européens, également publié en ligne par Le Soir, le CEO français d’AstraZeneca avance que la firme a « signé un accord avec le Royaume-Uni trois mois avant l’Europe » et ne s’est « pas engagée vis-à-vis de l’Europe » sur une certaine livraison, seulement à « faire de son mieux » (« best efforts clause »). La productivité semble plus basse dans les usines de l’UE qui fournissent la firme, ajoute-t-il. Mais les sites de production britanniques (donc hors-UE), qui tournent mieux, sont seulement prévus « en option » pour approvisionner l’UE, et « plus tard ».

Le contrat entre AstraZeneca et la Commission reste confidentiel, impossible donc de vérifier les dires des uns et des autres. Mais l’exécutif européen, qui a demandé à la firme d’autoriser la publicité du contrat, réfute avec force les propos du CEO concernant la production issue du Royaume-Uni. Selon une source proche des discussions, le contrat prévoit quatre lieux de production de base pour fournir l’UE, « sans hiérarchie » selon la commissaire. Les deux sites du Royaume-Uni en font partie, ainsi qu’un en Allemagne et un en Belgique, à Seneffe, d’où provient justement le « problème de rendement » avancé par AstraZeneca pour justifier ses livraisons plus limitées qu’attendu.

L’UE hausse le ton

« Nous avons l’intention de défendre notre accord et l’argent du contribuable qui a été investi », a affirmé la commissaire Kyriakides. « L’idée que l’entreprise n’est pas obligée de livrer parce qu’on a signé un accord de ‘best efforts’ n’est ni correct ni acceptable (…) Nous avons précisément signé un contrat d’achat anticipé (en août, NDLR) pour que l’entreprise mette sur pied une capacité de production lui permettant de préproduire en vue de livrer une certaine quantité dès le jour où le produit serait autorisé ». C’est un « engagement contraignant », a-t-elle ajouté.

En fin d’après-midi (18h30), une représentante de la firme participera à une nouvelle réunion du « steering board » européen sur la vaccination, où sont représentés les 27 Etats membres. L’UE y attend des informations claires de la société, une « transparence » qu’elle estime ne pas encore avoir reçue jusqu’ici. Selon une source proche du dossier, la Commission a investi 336 millions d’euros pour la production du vaccin par AstraZeneca. « Le nombre de doses initialement prévues pour le premier trimestre était un nombre à trois chiffres. On estime maintenant que seulement un quart environ de ce nombre devrait être livré », indique cette source.

Il est attendu que l’EMA, l’Agence européenne des médicaments, donne son feu vert vendredi à la mise sur le marché européen du vaccin d’AstraZeneca. Ce serait alors le troisième vaccin contre la Covid-19 à être autorisé dans l’UE, après celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna.

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