Première allocution à la Maison-Blanche de Donald Trump depuis le jour de l'élection. © Brendan Smialowski / AFP

Sans aucune preuve, Trump crie à la triche

Le Vif

Le président américain Donald Trump a crié jeudi à la fraude, sans la moindre preuve, réaffirmant être vainqueur de la présidentielle en décalage avec les résultats de plus en plus favorables à son adversaire démocrate Joe Biden.

« Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection », a-t-il lancé depuis la salle de presse de la Maison Blanche, dans une tirade souvent confuse, truffée d’approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.

Plus de deux jours après l’élection, le 45e président apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un « vol » du scrutin dont il serait la victime. « Nous n’avons entendu parler d’aucune preuve », a réagi sur ABC Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d’attiser les tensions sans éléments tangibles.

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Donald Trump a cependant reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. « Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère », a déclaré ce dernier sur Fox News.

Peu après cette allocution, Joe Biden a une nouvelle fois appelé au calme et à la patience. « Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd’hui, ni jamais », a-t-il tweeté .

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Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s’était dit certain, dans une allocution à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente. « Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s’achève et nous saurons très bientôt », a-t-il déclaré depuis le Delaware. « Nous n’avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (…) nous serons déclarés vainqueurs ».

Biden près du seuil « magique »

Les Etats-Unis, qui attendaient de connaître le nom du président qui prêtera serment le 20 janvier, avaient les yeux rivés sur la Pennsylvanie, qui pourrait mettre fin au suspense. Si l’ancien vice-président de Barack Obama remporte cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain. Les 20 grand électeurs de cet Etat lui permettraient en effet de franchir le seuil « magique » de 270 -la majorité du collège électoral- qui le propulserait à la Maison Blanche et ferait de Donald Trump le président d’un seul mandat.

L’avance initiale de Donald Trump au soir de l’élection dans cet Etat a fondu au fur et à mesure que les bulletins envoyés par courrier – à 80% en faveur de Joe Biden – étaient comptés.

Toute la journée, les responsables locaux de Géorgie, Pennsylvanie, Arizona et Nevada ont communiqué des statistiques sur les bulletins restant à compter, faisant fluctuer l’heure ou le jour où ils auront achevé les dépouillements des bulletins envoyés par la poste. En Géorgie, l’écart s’est resserré et les deux candidats sont désormais dans un mouchoir de poche.

Recours judiciaires

A l’inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l’Arizona, de la prolongation du dépouillement. Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs qu’AP et Fox News avaient attribués à Joe Biden dès la nuit électorale de mardi, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement très sûre.

Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu’il avait gagné l’élection et qu’il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs. En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.

Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l’homologation des résultats.

Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains.

Fatalisme chez les républicains

L’une des batailles concerne la grande Pennsylvanie, où les autorités ont été débordées par le volume de bulletins reçus par la poste. A la demande du camp Trump, un juge a ordonné aux autorités locales de laisser entrer des observateurs républicains dans le centre de convention de Philadelphie où le dépouillement a lieu. Dehors, des partisans de M. Trump manifestaient pour dénoncer des fraudes, face à des contre-manifestants.

« Trump est en train de faire un coup d’Etat pour voler les élections », a dit à l’AFP Emma Kaplan, 30 ans.

Les lieutenants et la famille du président ont lancé une campagne de désinformation pour persuader leurs troupes que des tricheries massives étaient en cours, notamment dans les Etats comme la Pennsylvanie qui sont gouvernés par des démocrates. Mais un certain fatalisme semblait gagner le camp républicain.

Karl Rove, ancienne éminence grise de George W. Bush, a noté sur son blog que « voler des centaines de milliers de voix signifierait un complot d’une ampleur digne d’un film de James Bond. C’est impossible ».

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