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Adolescentes afghanes privées d’école: une nouvelle atteinte aux droits des femmes (sur une liste déjà longue)

Stagiaire Le Vif

Le mercredi 23 mars devait symboliser le retour à l’école des jeunes filles afghanes. Seulement quelques heures après avoir regagné les classes, elles ont été renvoyées chez elles, sans explications. Une nouvelle qui vient s’ajouter aux nombreuses privations des droits des femmes depuis la prise du pouvoir des talibans.

Sitôt arrivées, sitôt rentrées. Les talibans, qui avaient autorisé les jeunes Afghanes retourner à l’école, se sont rétractés à peine quelques heures après. Les filles au-delà de 12 ans sont privées d’école depuis le 15 août 2021, lorsque les fondamentalistes islamistes ont pris le pouvoir en Afghanistan. Ceux-ci avaient pourtant affirmé qu’ils n’étaient pas contre l’éducation des jeunes Afghanes, mais qu’ils voulaient créer une éducation distincte pour filles et garçons. Pour les étudiantes, c’est la désillusion après avoir entrevu un espoir de retrouver les bancs de l’école. Le porte-parole des talibans a seulement affirmé « oui, c’est vrai », sans autre commentaire pour expliquer cette décision.

Les femmes sont les premières victimes de ce régime et la liste des restrictions de leurs droits ne cesse de s’allonger depuis sept mois. Pour la plupart, elles n’ont plus le droit de travailler ni de se déplacer en public sans être accompagnées par un tuteur de sexe masculin. Les fonctionnaires qui sont encore autorisées à occuper leur poste sont obligées de se voiler la tête, au risque de perdre leur emploi. Les talibans, de leur côté, assurent que les femmes pourront reprendre leurs postes lorsque la stricte ségrégation des sexes sur le lieu de travail sera mise en place.

Jusque dans leurs déplacements, les femmes ne sont quasiment plus libres. En décembre dernier, le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice avait aussi obligé les femmes qui souhaitent voyager sur de longues distances à être accompagnées par un homme de leur famille proche. Quelques semaines avant, c’est le secteur audiovisuel qui subissait de nouveaux changements. Les séries télévisées « à l’eau de rose » dans lesquelles des femmes jouent ont été interdites, et les journalistes sont aussi invitées à porter le voile islamique à l’écran. Tout ce qui était mis en place pour protéger les femmes contre les violences liées au genre s’est aussi arrêté. Des restrictions qui ressemblent à celles de leur premier règne (1996-2001), même s’ils avaient promis un régime moins strict cette fois-ci. À l’époque, les femmes n’avaient plus le droit de travailler, d’étudier, ni de quitter leur domicile sans être accompagnées d’un homme.

Selon la secrétaire générale d’Amnesty International, les talibans souhaitent bâtir une société où les femmes sont considérées comme des citoyens de seconde zone. Des représentants de l’association ont rencontré ce mercredi 23 mars Sophie Wilmès, Ministre des Affaires étrangères, et lui ont remis une pétition qui a été signée par plus de 12 500 personnes en Belgique. Ils demandent à l’Etat belge de défendre et de soutenir les droits des femmes et des filles en Afghanistan. La ministre a assuré être particulièrement préoccupée par le sujet.

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La communauté internationale a fait du droit à l’éducation pour tous une condition essentielle pour reconnaître le régime afghan. C’est notamment pour cette raison que le ministère de l’éducation en Afghanistan avait annoncé la reprise des cours de secondaire pour les filles. De nombreux états ont donc condamné cette décision, dont les Etats-Unis. Le Fonds International des Nations Unies (UNICEF) a également appelé les talibans à honorer leur engagement sur Twitter. Pour le moment, les jeunes filles afghanes n’ont aucune perspective pour leurs études.

Sarah Duchêne

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