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L’UE vote pour interdire trois pesticides tueurs d’abeilles

Le Vif

Les représentants des Etats membres de l’UE sont appelés ce lundi à Bruxelles à voter pour interdire pendant certaines périodes de l’année l’utilisation de plusieurs pesticides mortels pour les abeilles.

Un vote crucial pour les colonies d’abeilles va se dérouler lundi 29 avril à Bruxelles où les représentants des Etats membres de l’UE sont appelés à interdire pendant certaines périodes de l’année l’utilisation de plusieurs pesticides mortels pour les abeilles.
« Le scénario le plus probable est que, comme lors du premier vote, en mars, aucune majorité qualifiée ne se dégage, et dans ce cas, la Commission décidera de mettre en oeuvre l’interdiction », a confié une source proche du dossier.

Cette issue préoccupe les grands producteurs agricoles et les multinationales de la chimie et de l’agroalimentaire. Le Copa-Cogeca qui rassemble les grands syndicats agricoles européens, a demandé le report de la mesure à 2014 et insiste sur les lourdes pertes financières et sociales d’une interdiction.

La Hongrie présente des amendements

L’organisation parle de 2,8 milliards d’euros de pertes et la mise en péril de 50 000 emplois. Les deux principaux fabricants des pesticides contestés, l’Allemand Bayer et le Suisse Syngenta, ont pour leur part multiplié les pressions pour bloquer ou au moins limiter les conséquences de cette interdiction, dénonce l’association Avaaz, qui a mobilisé ses militants pour soutenir l’interdiction.

La réunion a débuté à 10H00 (08H00 GMT) dans un discret bâtiment du quartier européen. La discussion devrait prendre du temps, car plusieurs délégations ont adressé des demandes de modifications. La Hongrie, opposée à l’interdiction, a notamment présenté des amendements visant à atténuer la portée de l’interdiction. Le vote est attendu en début d’après midi.

La Commission est prête à prendre en compte les demandes des Etats, mais elle ne bougera pas sur les grandes lignes de sa proposition. Elle propose de suspendre pendant deux ans l’utilisation de trois néonicotinoïdes présents dans des pesticides pour quatre types de cultures: le maïs, le colza, le tournesol et le coton. L’interdiction sera proportionnée, car elle ne concernera que certaines cultures et certaines périodes de l’année pendant lesquelles les abeilles sont actives.

13 Etats avaient voté pour l’interdiction

La Commission s’est fondée sur un avis très négatif rendu par l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA). Les trois néonicotinoïdes incriminés – clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame – sont présents dans des pesticides produits par les groupes allemand Bayer et suisse Syngenta, notamment le Cruiser OSR. Le résultat du vote lundi sera décisif et il ne sera plus possible de le renverser.Lors du premier vote, le 15 mars, aucune majorité qualifiée (soit 255 voix) en faveur ou contre l’interdiction n’avait pu être constituée.

Treize Etats avaient voté pour l’interdiction: France, Italie, Espagne, Slovénie, Suède, Belgique, Danemark, Chypre, Luxembourg Malte, Pays-Bas, Pologne et Lettonie. Neuf avaient voté contre: République tchèque, Slovaquie, Roumanie, Irlande, Grèce, Lituanie, Autriche, Portugal et Hongrie et cinq s’étaient abstenus: Allemagne, Royaume-Uni, Finlande, Bulgarie et Estonie.

La Commission européenne a donc décidé de porter sa proposition en comité d’appel et elle espère des basculements. La Bulgarie pourrait ainsi rejoindre le camp des pays favorables à sa proposition. Présidente en exercice de l’UE, l’Irlande, qui avait voté contre, a pour sa part fait savoir qu’elle « réexaminait sa position ». L’Allemagne a également fait savoir qu’elle pourrait revoir sa position.

Interdire les néonicotinoïdes incriminés

Un vote contre de l’Allemagne et du Royaume Uni ne changera toutefois pas la donne, car leurs suffrages ne permettront pas de réunir les 255 voix nécessaires pour une majorité qualifiée, souligne-t-on de source communautaire. « Le scénario catastrophe d’une majorité qualifiée contre l’interdiction des néonicotinoïdes incriminés est quasiment impossible », estime-t-on à Bruxelles. « Si aucune majorité qualifiée ne se dégage pour ou contre la proposition, alors la Commission européenne est autorisée à l’adopter », a-t-on rappelé.

Le commissaire chargée de la Santé, Tonio Borg est déterminé à interdire les néonicotinoïdes incriminés. Il espère pouvoir s’appuyer sur une majorité de pays, même si numériquement ils ne réunissent pas les suffrages pour constituer une majorité qualifiée, a fait savoir son entourage.

Si le vote lui donne ce soutien, il pourrait prendre sa décision dans « les prochaines semaines » afin que l’interdiction puisse entrer en vigueur à compter du 1er juillet, a précisé une source proche du dossier.

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