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Climat: cinq ans après l’accord de Paris, l’espoir européen

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La veille du cinquième anniversaire de la signature de l’Accord de Paris, l’Union européenne est parvenue à se mettre d’accord sur une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Un engagement politique fort alors que les avancées mondiales sont encore insuffisantes.

C’était il y a cinq ans déjà : le 12 décembre 2015, après 13 jours acharnés de négociations lors de la COP21, la quasi-totalité de la planète s’engageait à contenir le réchauffement climatique « nettement » au-dessous de +2°C, et si possible +1,5°C, par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais l’élan positif de l’époque s’est vite essoufflé, alors que les catastrophes climatiques se sont multipliées. Un espoir collectif qui a également pris un grand coup un an plus tard avec l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump qui a rapidement annoncé le retrait des Etats-Unis de l’Accord.

Des citoyens engagés, des politiques à la traine

Ces cinq dernières années ont été marquées par les constats accablants de la science soulignant l’urgence à agir. Canicules, ouragans en série, méga-feux de forêts, inondations… La multiplication des événements dévastateurs est un signe sans équivoque du réchauffement de la planète, qui vient de vivre la décennie la plus chaude jamais observée.

Mais nous avons également connu une prise de conscience sans précédent surtout chez les jeunes, descendus dans les rues par millions dans le monde, mais également en Belgique. Pour maintenir la pression, la Suédoise Greta Thunberg appelle les jeunes à une nouvelle journée d’action vendredi, principalement en ligne. En cinq ans, « peu de choses ont changé. Nous exigeons des mesures. »

Malgré cette pression citoyenne, « les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu », dénonçait récemment le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. « Nous en sommes à 1,2°C de réchauffement et nous observons déjà des extrêmes climatiques et une volatilité sans précédents. »

Marche
Marche « Rise For Climate » à Marseille, France. © AFP

Limiter les dégâts

On le savait dès la signature : l’accord de Paris n’allait pas résoudre du jour au lendemain les défis climatiques. Et si l’avancée est lente, cela a tout de même permis de limiter les dégâts. « En 2014 on se dirigeait vers un monde entre +4°C et +6°C d’ici la fin du siècle », a rappelé lors d’une conférence de presse Christiana Figueres, responsable climat de l’ONU pendant la COP21. Depuis, la première série d’engagements des Etats signataires a permis de réduire ces prévisions entre 3°C et 4°C. « Et la bonne nouvelle est qu’avec les (nouveaux) engagements de la Chine, de la Corée du Sud, du Japon, de la Colombie, de l’Afrique du Sud, et probablement des Etats-Unis (…) on a encore raboté et on se dirige vers +2,1°C », a-t-elle insisté.

Ce sont en tout cas les prévisions du Climate Action Tracker, qui intègrent les objectifs de neutralité carbone pour 2050 du Japon, de la Corée du Sud, de l’Union européenne, ou du futur président américain Joe Biden, et pour 2060 de la Chine. Une centaine de pays au total ont pris ce type d’engagement à long terme.

+1,5°C, encore possible ?

« C’est physiquement possible. Si tous les pays arrivaient à la neutralité carbone en 2050 on y serait, mais est-ce que c’est politiquement et économiquement possible ? », s’interroge la climatologue Corinne Le Quéré. Pour tenir cet objectif, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an entre 2020 et 2030, selon l’ONU. Et donc changer radicalement le système économique mondial.

Avec la crise économique, 2020 pourrait voir une baisse de cette ampleur. Mais un rebond est inéluctable. D’autant que la réalisation des objectifs est perturbée par la crise économique lié au Covid-19. L’ONU s’inquiète de l’importance des investissements des plans de relance dans des secteurs consommateurs et producteurs d’énergies fossiles, alors qu’il faudrait réduire cette production de 6% par an d’ici 2030 pour espérer respecter le seuil de +1,5°C.

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« Nous ne savons pas quand il sera trop tard, quand nous aurons passé le point de non-retour. Mais nous savons qu’aujourd’hui, nous avons encore le temps », a commenté de son côté la responsable climat de l’ONU Patricia Espinosa.

L’UE affiche son ambition climatique

Les signataires de l’accord de Paris doivent soumettre d’ici fin 2020 une révision de leurs engagements. Mais seulement une vingtaine de pays, représentant moins de 5% des émissions mondiales, l’ont déjà fait. L’UE s’était engagée en 2015 à réduire ses émissions de CO2 d’au moins 40% d’ici 2030 par rapport à 1990, « insuffisant » pour un monde à +2°C. La Commission européenne a proposé de relever cet objectif à 55% afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

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L’Union européenne a également fait un pas de plus. Les Vingt-Sept se sont mis d’accord pour relever leur objectif de réduction de gaz à effet de serre. Concrètement, les Etats membres, dont la Belgique, ont donné leur feu vert à une baisse des émissions du continent « d’au moins 55% » d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif de 40% actuellement, afin d’arriver à la neutralité carbone en 2050. Le sommet a adopté « une proposition ambitieuse pour un nouvel objectif climatique », un an après l’annonce du Green deal européen, s’est félicitée sur Twitter la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

https://twitter.com/vonderleyen/status/1337296607860101120Ursula von der Leyenhttps://twitter.com/vonderleyen

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Les modalités et la répartition des efforts ont été au coeur des négociations: la Pologne notamment, très dépendante du charbon, redoute les lourdes conséquences économiques de ce verdissement et exigeait des garanties sur les aides financières qu’elle obtiendrait.

La Belgique avait aussi ses conditions, notamment la répartition de l’effort entre Etats membres qui ne serait pas purement basée sur le niveau de richesse du pays mais aussi sur des questions de coût-efficacité. Notre pays a été entendu, selon le Premier ministre Alexander De Croo, qui parle d’une « répartition équilibrée entre les États membres ».

https://twitter.com/alexanderdecroo/status/1337301572703948803Alexander De Croohttps://twitter.com/alexanderdecroo

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« Les réductions de CO2 seront d’abord réalisées dans les secteurs et les pays où la marge de progression est encore large. La Commission européenne tiendra en outre compte des situations nationales spécifiques lors de l’élaboration des mesures. Un état de la situation sera soumis au Conseil européen au printemps », communique son cabinet.

Le retour des Etats-Unis

La victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine. Il l’a promis : dès le premier jour de son mandat, les Etats-Unis feront leur retour dans la lutte climatique mondiale. Mais si le geste est fort et symbolique, l’Amérique devra surtout retrouver une voix sur le sujet. « C’est simple pour les Etats-Unis de revenir, mais ce n’est pas si simple pour retrouver leur crédibilité », estime le futur émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry.

John Kerry
John Kerry© Reuters

L’ancien secrétaire d’Etat de Barack Obama avait lui-même signé au nom des Etats-Unis l’accord de Paris négocié en 2015. Il a souligné qu’il considérait sa mission avec « humilité », car il devra convaincre ses partenaires de la sincérité de l’engagement américain dans la lutte contre le changement climatique, alors qu’avant M. Trump, George W. Bush avait refusé de ratifier le protocole de Kyoto en 2001. Le président élu Joe Biden souhaite que les Etats-Unis parviennent à la neutralité carbone en 2050.

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