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Yves Coppieters : « Si on relance les activités, il faut mettre à tout prix l’accent sur les gestes barrières »

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

L’épidémiologiste de l’ULB, Yves Coppieters, estime que la phase de déconfinement dans les écoles est « trop rapide ».

Alors qu’il s’était montré mesuré dans une interview au vif.be sur le retour à l’école, Yves Coppieters était particulièrement inquiet sur le plateau de la RTBF où il a qualifié des phases de déconfinement – dont celle relative au retour massif à l’école – comme « trop rapide ».

D’après l’expert, après la phase de la peur et de l’inconnue scientifique, nous sommes passés par la phase de la peur d’une seconde vague, mais avec plus de connaissance scientifique. Aujourd’hui nous sommes dans une « phase de moindre risque » où on agit comme si « le danger et le virus avaient disparu de notre environnement ». Il juge la temporalité entre ces phases « trop rapide ».

Il rappelle que la Belgique a permis une rentrée partielle dans les écoles le 18 mai, il y a 10 jours (NDLR 11 jours ce vendredi). La fenêtre d’observation de quinze jours à trois semaines n’est pas écoulée. « C’est trop rapide de reprendre un ensemble d’activités plus importantes sans les évaluer au préalable. »

Les gestes barrières

Même si Yves Coppieters estime que cette rentrée scolaire est nécessaire pour les enfants, il répète que « pour les adultes et la société, c’est trop rapide ». Il se justifie en expliquant que l' »on observe cette épidémie depuis seulement deux mois et demi. C’est une période très courte pour vraiment essayer de stopper ce phénomène qui a traversé notre société et le monde. Il faut rester prudent. (…) Que ce soit l’école ou ailleurs, l’horeca ou la reprise d’activités culturelles. »

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« Quand on regarde dans la rue, le week-end, je pense que les gens commencent à oublier les gestes barrières. », ajoute-t-il. L’épidémiologiste dénonce le non-respect de la distance de sécurité et aussi la recommandation et non l’obligation du port du masque.

Port du masque obligatoire

Selon lui, le port du masque devrait être obligatoire pour tous les adultes au sein des établissements scolaires. « Je pense que ça doit être une recommandation de bon sens, c’est-à-dire que tous les adultes à l’école devraient porter le masque au moins jusque fin juin. Ces adultes sont en contact avec d’autres adultes dans l’école, ils sont en contact avec les parents et puis le soir en contact avec d’autres personnes dans la cellule familiale.

Phase pilote et calendrier

Yves Coppieters est ensuite revenu sur le calendrier et aurait préféré qu’une phase pilote soit mise en place : « je trouve que cela aurait été une phase intéressante de réaliser une phase pilote jusque fin juin pour tester ces mesures puisque les recommandations sont claires et sont de très bonne qualité et que les écoles ont mis des moyens afin de respecter ces gestes barrières. Pourquoi ne pas les tester jusque fin juin et puis transposer ce qui est transposable jusqu’en septembre ? »

La ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir (PS), présente également sur le plateau du JT de la RTBF, ce jeudi soir, a confié : « Ma responsabilité de ministre, c’est de prendre des décisions politiques. Parfois elles ne font pas l’unanimité. Je dois recevoir les critiques et les entendre, mais mon boulot, c’est de trancher entre les avis ».

Mme. Désir a également ajouté que le groupe d’experts en charge de la stratégie de sortie de crise a lui aussi donné un avis positif à cette rentrée.

L’ouverture de la cellule familiale ?

L’expert de l’ULB, a soulevé, une autre incohérence, la limite de 4 personnes pour la cellule familiale. « On rouvre les activités dans les écoles et pourquoi on ne dit rien sur la cellule familiale ? On est toujours coincé avec 4 personnes qui visitent un noyau familial, mais pourquoi est-ce qu’on n’ouvre pas d’emblée cette cellule si on est capable au sein de cette cellule familiale de respecter les gestes barrières par rapport aux personnes plus vulnérables et fragilisés ? ». Des questions qui seront certainement débattues lors du prochain Conseil national de Sécurité, le 3 juin.

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