Vos données GSM peuvent-elles aider dans la lutte contre le coronavirus ?

Le Vif

À Taïwan, pays qui compte le double de la population belge, un système de traçage a été mis en place via le signal GSM. Comment ces données servent-elles à la lutte contre l’épidémie du coronavirus ?

Le modèle taiwanais : un modèle ?

Taïwan n’a enregistré que 375 cas de coronavirus et 5 morts en dépit de sa proximité géographique avec la Chine, son premier partenaire commercial.

Comme de nombreux États d’Asie de l’Est, Taïwan a su tirer les leçons de la traumatisante crise du SRAS de 2003. C’est pourquoi, l’état taïwanais a réagi très rapidement face à l’épidémie, comme l’affirme l’Institut Montaigne (c’est quoi ?), en misant sur l’interdiction d’entrée sur le territoire pour les ressortissants chinois ou les ressortissants étrangers ayant voyagé en Chine, à Hong Kong et à Macao, en mettant en quarantaine les autres voyageurs et en misant sur leur traçage via le signal GSM.

Depuis le 27 janvier, à Taïwan, les bases de données des opérateurs télécoms ont donc été croisées avec celle de la santé afin que l’administration de la santé (dont les hôpitaux) ait accès aux antécédents de voyage des cas suspectés positifs au coronavirus. Ces personnes sont interrogées pour savoir qui ils ont pu croiser, et toutes les personnes qui ont eu un contact avec elles sont également mises en quarantaine.

Le confinement des personnes atteintes et le traçage individuel posent la question de la liberté et du respect de la vie privée. Si la méthode peut paraître intrusive, la population taïwanaise semble accepter ces mesures en temps de crise.

Quelle situation en Belgique ?

Les services de télécom ont mis leurs données à disposition de la task force mise en place par le gouvernement fédéral en vue de lutter contre l’épidémie. Ces données seraient agglomérées et non individuelles. Jusqu’à présent, elles ont permis d’établir le déplacement d’une commune à un autre et d’instituer que 80% des Belges ne quitterait pas le territoire de leur commune en cette période de confinement.

Si jusqu’à présent les données n’ont pas été individualisées comme le modèle taiwanais, la mise en place d’une application sur smartphone, sur le modèle sud-coréen ou israélien, serait envisagée en cas de déconfinement. Un tel système donnerait alors, la possibilité de cartographier précisément les mouvements individuels des malades diagnostiqués positifs au coronavirus.

« Hors de question » d’avoir des mesures coercitives de traçage dans l’UE

Il est « hors de question » d’avoir des mesures coercitives de traçage par téléphone dans l’UE pour repérer les chaînes de contamination au coronavirus, a indiqué dimanche le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton.

En vue du déconfinement, plusieurs pays planchent sur des applications mobiles qui permettraient, grâce à leurs smartphones, de repérer et prévenir les personnes ayant été en contact avec quelqu’un de contaminé. « Il est hors de question, on ne soutiendra jamais, jamais, des mesures qui soient des mesures coercitives », a déclaré M. Breton dimanche dans l’émission Le Grand Jury, coorganisée par RTL, Le Figaro et LCI. L’utilisation doit se faire « uniquement sur la base du volontariat.« Cela doit aussi être « uniquement utilisé par les autorités de santé. Impossible à des autorités judiciaires, de police, ou commerciales évidemment, assurances, d’y avoir accès », a-t-il ajouté. Ces principes sont contenus dans une « boîte à outils » élaborée par la Commission européenne afin de fixer « une ligne directrice, de ce que nous pensons qu’il fallait faire et ne pas faire », a-t-il précisé. « L’objectif c’est qu’elle soit maintenant acceptée, dans la semaine, les 10 jours qui viennent, par l’ensemble des Etats membres » de l’UE. « On proposera des lignes rouges très très claires avec évidemment l’accord complet des Cnil nationales », les gendarmes de la protection des données privées, a encore assuré le ministre.

Interrogé sur l’éventualité d’un piratage via le bluetooth, M. Breton a également assuré que la boîte à outil européenne comprenait « des contraintes extrêmement fortes de cybersécurité pour éviter ça ».

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