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Vaccination contre le Covid: la Belgique est-elle trop lente ? (infographies)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Un mois après le début de la vaccination contre le Covid dans l’Union européenne, la Belgique dépasse à peine le cap des 200.000 vaccinés. La faute aux retards des livraisons, ou à une stratégie trop prudente ?

Trente-cinq pays européens, dont la Belgique, ont entamé la vaccination contre le Covid-19, administrant 25 millions de doses à leurs citoyens. « Notre pays est aujourd’hui au centre des opérations de vaccinations un peu partout dans le monde, grâce à sa contribution au développement, à la production et à la distribution de vaccins contre le coronavirus. Ceci n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une vision et d’une stratégie à long terme. (…) Nous pouvons en être fiers. C’est aussi une grande responsabilité. Le monde entier nous regarde et compte sur nous », a déclaré le roi Philippe à l’occasion du traditionnel discours aux autorités.

Bruxelles à la traîne

Néanmoins, la Belgique est loin d’être le meilleur élève en matière de vaccination. Pour rappel, la phase pilote avait été lancée fin décembre, conjointement avec les autres pays de l’Union européenne, dans trois maisons de repos du pays. Le véritable coup d’envoi de la campagne de vaccination avait eu lieu un peu plus tard, le 5 janvier 2021.

La Belgique approche désormais des 250.000 vaccinés, ayant reçu la première dose du vaccin contre le Covid. Cela signifie que 2,64% de la population belge adulte a déjà reçu une première injection du vaccin. Si l’on considère l’ensemble de la population, le taux de vaccination est de 2,12%. Par région, cela se répartit comme suit: 14.470 à Bruxelles, 153.517 en Flandre et 74.629 en Wallonie.

Si l’on compare la couverture vaccinale entre les régions (chez les +18 ans, les plus jeunes n’ayant pas accès au vaccin), on remarque que la Wallonie et la Flandre vaccinent à un rythme similaire, tandis que la région bruxelloise est plus à la traîne. Deux doses, espacées de trois semaines, doivent être administrées par personne. Ils sont pour l’instant 3.458 à avoir reçu la deuxième injection dans notre pays.

Les chiffres sont à manier avec précaution: ils ont toujours un certain retard sur la réalité, puisqu’il y a un certain laps de temps entre l’injection en tant que telle et l’enregistrement des chiffres du jour.

Lenteur

Si l’on regarde les différentes courbes, on voit que la vaccination se poursuit, mais à un rythme assez lent. Cette vaccination est présentée comme l’espoir, la « lumière au bout du tunnel » par les autorités. Mais les retards de livraisons suscitent inquiétudes et irritation, et imposent de revoir en permanence le calendrier. Ahmed Laaouej, chef de file PS à la Chambre, s’en est indigné sur LN24 ce jeudi matin. « Il y a clairement une difficulté avec les sociétés pharmaceutiques chargées de les fournir, dit-il. Ce que nous demandons, c’est qu’il y ait une pression maximale au niveau européen pour qu’elles respectent leurs engagements. Cela pose aussi la question de savoir si on ne doit pas faire en sorte que ce genre de vaccins soient dans le domaine public. »

« La vaccination doit devenir la priorité absolue car elle permet les perspectives de réouverture… et même avant d’atteindre les 70 % d’immunisés. Il faut tout mettre en oeuvre pour aller le plus vite avec les plus fragiles et les plus à risque », insiste Catherine Fonck dans Sudpresse. Selon elle, « la capacité d’aller plus vite existe », prenant l’exemple la campagne israélienne.

Trop de prudence ?

Toujours selon Catherine Fonck, plus de 460 000 doses ont été livrées au total dans notre pays, certaines doses étant réservées comme « stock stratégique », afin de ne pas manquer de 2e dose à temps, vu les retards de livraisons.

https://twitter.com/catherinefonck/status/1354125888816877569Catherine Fonckhttps://twitter.com/catherinefonck

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Certains Etats ont ainsi décidé d’espace quelque peu les deux injections, de plusieurs semaines. « Il faut cesser de stocker inutilement des centaines de milliers de doses dans les congélateurs, surtout que l’OMS a autorisé un espacement de six semaines entre les piqûres. Plus rien ne justifie ce stockage », indique encore la députée fédérale, citée par la DH. « Avec un nombre de doses quasi similaire, le Danemark a vacciné quatre fois plus de citoyens que nous. Là-bas, le principe c’est qu’une dose qui arrive doit être administrée. En faisant ça, on pourrait vacciner deux fois plus vite chez nous. »

Pathologies, fonction essentielle: à qui le tour ?

La vaccination dans les maisons de repos avance bien et les soignants se font désormais vacciner depuis une dizaine de jours. Et après ? Trois facteurs comptent: l’âge, les comorbidités et les métiers essentiels.

Le document actualisé détaillant la liste des pathologies permettant un accès prioritaire à la vaccination a été finalisé. et sera validé par le collège du Conseil Supérieur de la Santé mercredi prochain. Etaient déjà considérés comme faisant partie de l’un des groupes prioritaires les patients âgés de 45 à 65 ans présentant les comorbidités telles que l’obésité, le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales et hépatiques chroniques et malignités hématologiques, et risquant de développer une pathologie Covid-19 sévère. « Les grands critères n’ont pas changé depuis juillet. On s’est surtout attachés à mieux les détailler », a expliqué Yves Van Laethem.

L’âge reste néanmoins le facteur de priorité le plus important. À la suite de la phase 1A de la vaccination, qui concerne les résidents et le personnel des maisons de repos, des institutions collectives de soin, le personnel hospitalier et bientôt le personnel d’aide et de soins de santé de première ligne, seront vaccinés lors de phase 1B, qui débutera en principe au début du mois de mars, les personnes les plus âgées. « Ce sera ensuite au tour du groupe des 45 à 65 ans qui souffrent de maladies chroniques ou à risque élevé au niveau de leur santé, et dans certains cas à celui des individus de 18 à 44 ans qui présenteraient également un risque plus élevé en raison de leur état de santé », a ajouté Yves Van Laethem. « Des décisions au cas par cas pourront aussi être envisagées, notamment pour les moins de 18 ans. »

Les ministres de la Santé des différentes entités du pays doivent également déterminer une liste des fonctions essentielles. Différentes professions ou fonctions seront vaccinées prioritairement, juste après le personnel soignant, car elles remplissent une fonction importante et entrent souvent en contact avec la population. Il s’agit par exemple de la police ou des pompiers. La possibilité de vacciner les enseignants dans ce contexte est aussi envisagée. La liste de ces fonctions essentielles n’est pas encore arrêtée.

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