Vaccin: une dose unique pour ceux qui ont déjà eu le Covid ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les autorités sanitaires françaises recommandent de n’injecter qu’une dose de vaccin aux personnes qui ont déjà eu le Covid. Une méthode qui permettrait d’accélérer la campagne de vaccination et sur laquelle se penche aussi la Belgique.

« Une seule dose de vaccin contre le Covid-19 suffit pour les patients qui ont déjà eu la maladie » : c’est la recommandation formulée il y a quelques jours par les autorités sanitaires françaises.

Un « rappel » immunitaire

Ces personnes « ont déjà élaboré (…) une mémoire immunitaire. La dose unique de vaccin jouera ainsi un rôle de rappel », explique la Haute autorité de santé dans son avis. L’autorité recommande d’attendre « au-delà de trois mois » après la maladie, « et de préférence six mois », avant d’injecter cette dose unique.

Les experts à l’origine de cette recommandation ont également envisagé la possibilité de ne pas vacciner du tout les anciens malades, considérant que « comme d’autres infections comme la rougeole, comme la varicelle, il y a une immunité qui s’est mise en place », qui « va permettre de protéger sur une très longue durée », a expliqué l’infectiologue Olivier Epaulard. « Mais étant donné qu’on manque de recul et que, par ailleurs, on a des vaccins, on a préféré dire qu’on allait quand même vacciner ces personnes. »

Deux études comme base

L’autorité fonde notamment son avis sur l’analyse des études scientifiques concernant la réponse immunitaire des personnes guéries du Covid-19 et leur tolérance aux vaccins. Ces derniers jours, plusieurs études réalisées aux Etats-Unis et en Italie, pas encore évaluées par d’autres scientifiques, évoquaient cette solution d’une dose unique pour les ex-malades du Covid.

« Chez les individus avec une immunité pré-existante, la réponse des anticorps à la première dose est équivalente, voire supérieure, à celle qu’on détecte après la deuxième dose » chez des personnes qui n’ont jamais été infectées par le coronavirus, écrit l’une de ces équipes, basée à l’école de médecine Icahn à New York. « Mettre cela en oeuvre dans le cadre d’un programme de vaccination de masse pourrait être complexe du point de vue logistique », a toutefois nuancé Eleanor Riley, infectiologue à l’université d’Edimbourg, citée par l’organisme britannique Science Media Centre.

Pour qui ?

Qui serait concerné ? On ne peut être sûr d’avoir contracté le virus qu’après un test. Or, davantage de personnes ont probablement contracté le Covid, notamment pendant la première vague, lorsque les tests n’étaient pas largement disponibles. Dans ce cas, la HAS recommande d’administrer les deux doses et de ne pas réaliser exprès un test sérologique démontrant ou non la présence d’anticorps.

La recommandation d’une dose unique de vaccin ne s’applique pas non plus aux personnes immunodéprimées, par exemple les personnes greffées qui suivent un traitement immunosuppresseur. « La présence de symptômes persistants après une Covid-19 n’est pas une contre-indication à la vaccination. Toutefois, dans ce cas, une consultation médicale adaptée est nécessaire » pour « juger au cas par cas de l’intérêt » de se faire vacciner, ajoute la HAS.

Intérêt belge

La France est le premier pays à formuler une telle recommandation, mais la méthode intéresse aussi chez nous. Catherine Fonck, députée fédérale, souhaite adapter notre stratégie de vaccination pour les personnes ayant déjà contracté le Covid. Le but : « permettre de protéger plus vite plus de personnes fragiles, sauver des vies et retrouver nos libertés. » En Belgique, 15% à 20% de la population belge auraient contracté le Covid et pourraient donc être potentiellement concernées.

https://twitter.com/catherinefonck/status/1360306437491204096Catherine Fonckhttps://twitter.com/catherinefonck

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La task force vaccination, qui adapte le calendrier en fonction des doses disponibles, va également s’y pencher. Le Conseil Supérieur de la Santé devrait également se prononcer d’ici la fin de la semaine. Si la stratégie est adaptée chez nous, elle demandera néanmoins une logistique particulière. « Il faut avoir la preuve que la personne est bien positive, soit par un test, soit par une sérologie. D’autre part, il y a la discussion de la protection induite par l’immunité contre la souche qui a frappé la population en 2020, et celle qu’on pourrait avoir contre les nouveaux variants », avertit Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral, cité par la RTBF.

« C’est d’autant plus légitime comme question que l’on veut combattre les variants. Pour cela il faut vacciner massivement et peut-être éviter de perdre des doses chez des personnes qui ont un bon terrain immunitaire. Cela permettrait d’accélérer la couverture », estime également Yves Coppieters dans Sudpresse.

Une économie de doses

Une telle stratégie permettrait d’économiser un nombre important de doses dans un contexte d’approvisionnement contraint. Les autorités misent beaucoup sur la campagne de vaccination pour faire face à une situation épidémique qui demeure fragile, mais le chemin est encore long. C’est le cas en France, mais également chez nous, où 365.000 personnes ont reçu une première dose de vaccin anti-Covid.

Les objectifs des gouvernements, notamment européens, en termes de personnes vaccinées ont été perturbés notamment par les annonces de livraisons inférieures aux prévisions du laboratoire britannique AstraZeneca. Les trois vaccins contre le Covid-19 actuellement autorisés dans l’Union européenne (Pfizer/BioNTech, Moderna et AstraZeneca/Oxford) nécessitent deux doses pour être pleinement efficaces chez les personnes n’ayant jamais été en contact avec le virus. Celui de Johnson & Johnson, en cours d’examen par l’Agence européenne du médicament, nécessite en revanche une seule injection.

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