Frank Vandenbroucke © Belga

Une bévue coûte temporairement 2,5 millions de vaccins à la Belgique

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Suite à une signature oubliée, la Belgique est passée à côté de 2,5 millions de vaccins de BioNTech/Pfizer.

Mi-novembre, la Commission européenne et les États membres de l’Union européenne achètent 200 millions de vaccins à l’alliance germano-américaine BioNTech/Pfizer. La Belgique participe à cet achat et, selon la clé de répartition européenne, doit recevoir environ 5 millions de doses afin de vacciner 2,5 millions de personnes.

Près d’un mois plus tard, le 15 décembre, la Commission annonce une option d’achat supplémentaire de 100 millions de vaccins. Xavier De Cuyper, patron de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) et responsable des achats belges de vaccins dans l’Union européenne, indique que la Belgique souhaitait y participer.

Cependant, les choses tournent mal. L’AFMPS oublie de signer le document de participation dans les temps. Fin décembre 2020, la procédure d’achat européenne se termine. La Belgique ne peut plus s’inscrire et voit 2,5 millions de vaccins lui passer sous le nez. Au moment où le doute plane sur le rythme de livraison, la Belgique risque de manquer de doses.

De Croo

Le dossier devient prioritaire et atterrit sur le bureau du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD). Début janvier, ce dernier contacte directement le ministre allemand de la Santé publique Jens Spahn (CDU) dans l’espoir de reprendre des vaccins. Cependant, Spahn est sous pression dans son pays et ne donne pas suite à sa demande.

Heureusement, début janvier, la Commission européenne négocie une nouvelle commande de 200 millions de vaccins avec BioNTech/Pfizer, toujours avec une option d’achat de 100 millions de doses supplémentaires. Ensemble avec le délégué de Pologne – là aussi, une bévue a été commise – De Cuyper tente de récupérer les vaccins manqués. Avec succès. La Belgique réussit à récupérer les 2,5 millions de doses supplémentaires dans le cadre d’une nouvelle commande.

« Pas d’impact »

Selon le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (sp.a), la « perte » due à l’incident de décembre est corrigée et ne compromet donc pas le calendrier des vaccinations. « Nous avons résolu le problème et la Belgique est de retour dans le train européen. Il n’y a aucun impact pour notre pays sur le nombre de vaccins, ni sur le calendrier de livraison », précise-t-il à notre confrère de Knack.

Par ailleurs, les vaccinations du personnel sont provisoirement reportées dans tous les hôpitaux flamands, car Pfizer ne peut garantir une sécurité d’approvisionnement de ses vaccins dans les prochaines semaines, signale mardi Margot Cloet, la présidente de leur organisation coupole Zorgnet-Icuro.

Si pour l’instant aucune décision de ce type n’est par contre à l’étude côté francophone, tous les hôpitaux du pays vont devoir revoir leur planification de vaccination, a prévenu Sabine Stordeur, co-responsable de la task-force fédérale vaccination. Les résidents des maisons de repos restent la priorité.

Des fluctuations pourraient aussi avoir lieu dans un sens positif à l’avenir, selon Pfizer

« Il se peut qu’il y ait d’autres fluctuations à l’avenir, également dans le sens positif », a tenu à réagir mardi soir la division belge de l’entreprise pharmaceutique Pfizer aux différentes informations publiées dans la presse sur les livraisons de vaccins. « Nous vivons une période sans précédent », souligne-t-elle dans un communiqué, disant « comprendre la réaction de tous ceux qui ont hâte d’être vaccinés ».

Les vaccinations du personnel sont provisoirement reportées dans tous les hôpitaux flamands car Pfizer ne peut garantir une sécurité d’approvisionnement de ses vaccins dans les prochaines semaines, a signalé mardi soir Zorgnet-Icuro, la coupole de ces hôpitaux flamands. Aucune décision de ce type n’était encore à l’étude mardi soir, côté francophone, selon Santhéa, la coupole francophone.

Dans la foulée, Sabine Stordeur, co-responsable de la task-force fédérale vaccination, a prévenu que tous les hôpitaux du pays allaient devoir revoir leur planification de vaccination. « Si une Région doit modifier sa planification, toutes les Régions doivent le faire », a-t-elle dit.

« Pfizer travaille d’arrache-pied pour fournir plus de vaccins que prévu cette année, avec un nouvel objectif de 2 milliards de doses pour 2021 », rappelle l’entreprise pharmaceutique, qui est en train d’élargir ses opérations de production. « Cela permettra d’absorber les nouvelles demandes de l’Union Européenne et d’autres pays et de fournir plus de doses que prévu dès le deuxième trimestre 2021 », assure-t-elle.

Cette augmentation de la capacité de production a un impact temporaire sur le nombre de doses livrées aux pays européens, comme l’avait annoncé Pfizer la semaine passée. « L’allocation de doses à la Belgique et aux autres pays de l’UE respecte le principe d’équité convenu avec la Commission européenne », insiste-t-on.

« Il se peut qu’il y ait d’autres fluctuations à l’avenir, également dans le sens positif. La production d’un vaccin à une telle échelle au milieu d’une pandémie est un défi sans précédent, mais Pfizer s’engage à faire tout son possible pour le relever », conclut l’entreprise.

Belga

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