Bart De Wever et Tom Van Grieken © Belga

Une alliance N-VA-Vlaams Belang, un scénario possible pour 2024 ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Après la sortie de Gwendolyn Rutten, le scénario d’un gouvernement flamand N-VA-Vlaams Belang se dessine de plus en plus. Une formule qui aboutirait à l’indépendance de la Flandre ? Explications avec le politologue proche du Mouvement flamand, Bart Maddens (KuLeuven).

Vendredi dernier, l’ancienne présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten, a suscité un tollé en révélant que l’an dernier, la N-VA a explicitement demandé à l’Open VLD et au CD&V de monter dans un gouvernement avec le Vlaams Belang.

« Alors que nous étions pleinement impliqués dans les discussions, la N-VA nous a dit : rejoignez-nous dans un gouvernement N-VA-Vlaams Belang. Nous vous récompenserons généreusement, mais nous voulons faire participer le Vlaams Belang. Cette proposition a vraiment été sur la table et a été testée politiquement. Seule ma réponse a toujours été claire: non », a déclaré Gwendolyn Rutten sur les ondes de la VRT.

Sa révélation prouve que la N-VA n’hésiterait pas à briser le cordon sanitaire si les conditions sont réunies. C’est-à-dire, si Bart De Wever trouve un troisième parti prêt à entrer dans un gouvernement avec l’extrême droite flamande, ou si la N-VA et le Vlaams Belang réunis atteignent une majorité. Un scénario plausible, estime Bart Maddens.

Pensez-vous qu’il y ait des chances que le Vlaams Belang et la N-VA entrent ensemble dans un gouvernement flamand en 2024, si à deux ils obtiennent une majorité ?

Bart Maddens : Cette chance est en effet réelle, si l’on tient compte du fait que l’année dernière, la N-VA et le Vlaams Belang ont discuté pendant un mois. À l’époque, la N-VA avait clairement déclaré qu’un gouvernement N-VA-Vlaams Belang ne pouvait pas être formé parce qu’il n’avait pas de majorité et qu’il n’y avait pas de parti tiers disposé à gouverner avec le Vlaams Belang. En d’autres termes : ce n’était pas dû à la N-VA s’il n’y avait pas eu d’alliance N-VA-VB.

La N-VA et le Vlaams Belang s’allieraient dans quel but ? Mettre en oeuvre l’indépendance de la Flandre ? Est-ce un scénario crédible à l’horizon 2024 (NLDR : le nom de la campagne VB)?

Je ne pense pas qu’un gouvernement N-VA/Vlaams Belang déclarerait l’indépendance de la Flandre. Je pense qu’une déclaration symbolique de souveraineté est possible. Un gouvernement N-VA/Vlaams Belang utiliserait tous les leviers institutionnels disponibles pour faire appliquer une réforme de l’État confédéral. S’ils ont une majorité au Parlement flamand, les deux partis auront probablement aussi une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone de la Chambre, de sorte qu’aucune réforme de l’État (modification de la loi spéciale) ne sera possible sans leur consentement.

Êtes-vous personnellement favorable à la rupture du cordon sanitaire ?

Je n’ai jamais été un partisan du cordon sanitaire. Ce n’est que lorsqu’on tentera de former une coalition avec le Vlaams Belang qu’on saura dans quelle mesure ce parti est prêt à faire des compromis. À mon avis, exclure un parti politique a priori n’est pas très démocratique.

Tom van Grieken: « Hop, hop, De Wever! Passe à la vitesse supérieure »

Pour le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken, un gouvernement flamand avec le Vlaams Belang est à portée de main. C’est ce qu’il déclare à notre confrère de Knack.

« Nous ne sommes pas là pour la galerie. Après tout, un vote pour le Vlaams Belang n’est pas un vote jeté à la poubelle comme le prétendait De Wever », déclare Van Grieken à Knack. Dans les sondages, le Vlaams Belang approche les 30%, une perspective qui incite Tom Van Grieken à réfléchir à l’avenir de son parti. « Nous devons évoluer d’un parti fouet à un parti gouvernemental. Pour ce faire, nous devons mettre de l’ordre et créer les conditions qui nous permettent de réaliser cette évolution. En 2024, nous devons devenir les plus grands, afin d’être incontournables », déclare-t-il à Knack.

Pour Van Grieken, la voie vers un front flamand est ouverte: « Nous devons nous assurer que nous sommes un parti de droite respectable et la N-VA doit cesser de perdre dans les sondages. Hop hop, De Wever! Passe à la vitesse supérieure! La N-VA doit retrouver son profil de centre-droit. Elle doit avaler le CD&V et l’Open VLD et ne pas se battre inutilement à droite. C’est la voie vers un front flamand en 2024. Encore un peu, et nous n’aurons plus besoin de personne », espère-t-il.

Selon Tom Van Grieken, la N-VA ne lui a jamais demandé d’évincer Filip Dewinter, figure controversée de son parti. « Cela aurait également été un signe de faiblesse : si ce n’est pas Dewinter, ce sera Dries Van Langenhove. Ou Chris Janssens. Ou Van Grieken. Il faut parler de fond ».

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