Pierre Van Damme. © Belga

« Un vaccin en 2020 ? Ne donnez pas de faux espoirs aux gens »

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

L’entreprise pharmaceutique AstraZeneca déclare qu’elle aura bientôt un vaccin contre le coronavirus, mais qui ne nous protégerait que pendant un an. Pour l’épidémiologiste et expert en vaccins Pierre Van Damme (Université d’Anvers), il s’agit là de déclarations hâtives.

Nous plaçons beaucoup d’espoir en un vaccin rapide. Est-ce trop optimiste ?

Pierre Van Damme : AstraZeneca a affirmé très tôt qu’elle aurait un vaccin cette année. Elle travaille avec l’université d’Oxford, mais n’a pas d’expérience dans le développement de vaccins en tant qu’entreprise. Si le nouveau vaccin fonctionne, un autre processus de mise à l’échelle et de test de qualité suivra. Nous ne devons pas donner de faux espoirs aux gens. D’après Paul Stoffels (de la société pharmaceutique Johnson & Johnson), il y aura au mieux un vaccin au milieu de l’année 2021 pour les groupes à risque, et peut-être à la fin de l’année 2021 pour l’ensemble de la population.

Se pourrait-il qu’un tel vaccin ne nous protège contre le covid-19 que pendant un an ?

Si l’on considère la fréquence de mutation du virus, un nouveau vaccin sera probablement nécessaire tous les trois ou quatre ans, selon le sens de la mutation. Mais pas tous les ans, comme pour la grippe. Nous cherchons maintenant à savoir comment un vaccin peut nous protéger le plus longtemps possible. Il faudra peut-être deux doses, avec un mois d’intervalle. Mais il est bien trop tôt pour le dire.

Qu’est-ce que cela signifie pour nos vies dans les mois et les années à venir ?

Que nous devons respecter les mesures : garder nos distances, nous laver les mains et porter un masque dans les endroits où il y a beaucoup de monde. Il sera intéressant de voir si cela aura également un effet sur d’autres maladies infectieuses. Peut-être y aura-t-il moins de cas de grippe l’hiver prochain.

Pensez-vous que c’est une bonne idée que les gens voyagent en masse?

Pour les groupes vulnérables, je le déconseille de toute façon. Et le reste de la population doit se rendre compte que voyager comporte un risque : on peut se retrouver bloqué à l’étranger. Toute personne venant d’une zone infectée devrait au moins se faire tester et rester chez elle jusqu’à ce que sa situation soit claire.

Le monde devra-t-il apprendre à vivre avec le covid-19 ?

J’en ai bien peur. Vous pouvez le comparer au virus VIH, avec lequel nous devons vivre depuis les années 80. À l’époque, c’était la « nouvelle normalité » de devoir faire l’amour avec un préservatif. Bientôt, la nouvelle normalité sera probablement que tout le monde se promène avec un masque dans sa poche pour le mettre dans les endroits très fréquentés.

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