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Sophie Wilmès: « Plus la crise sanitaire sera grave, moins le nombre de contacts sociaux sera important »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les décisions du Conseil national de sécurité critiquées à la Chambre. Plusieurs députés dénoncent le manque de cadre ou un assouplissement déplacé des mesures. « Ce n’est pas un assouplissement à outrance », dément la Première ministre.

Les décisions du Conseil national de sécurité sont critiquées depuis leur communication par la Première ministre, mercredi. Elles sont jugées une nouvelle fois trop confuses par les uns, trop souples par d’autres alors que l’épidémie de coronavirus reprend de plus belle. Plusieurs députés ont relayé ces interrogations ce jeudi après-midi à la Chambre.

Catherine Fonck (CDH) constate que la crise sanitaire n’est pas sous contrôle. « Assouplir les règles n’est valable qu’avec un dispositif complet« , dit-elle. Or, ce n’est pas le cas, essentiellement en matière de testing ou de tracing. « Madame la Première ministre, pouvez-vous garantir que d’ici le 1er octobre, tout sera mis en place? Les réflexions, cela dure depuis des semaines, il est temps de passer aux actes. »

Meryame Kitir (SP.A) ajoute: « La confiance met du temps à s’installer et peut disparaître très rapidement. L’image que nous avons pu voir hier est récurrente: le gouvernement a un plan, une idée, mais ne parvient pas à la mettre en oeuvre. Vous parlez d’un baromètre, mais il n’est pas encore là. » Elle ajoute: « Les mesures d’hier sont peut-être déjà dépassées par les faits. Heureusement, les citoyens respectent globalement les règles, mais cela ne fonctionne que s’il y a une confiance. Or, c’est loin d’être évident. » Certains experts ont peut-être été trop présents, dit-elle, ou des politiques ont pris des mesures trop importantes comme un couvre-feu, une allusion à la décision de Bart De Weber (N-VA) à Anvers.

Raoul Hedebouw (PTB) se demande si les politiques se rendent compte qu’ils ne sont plus crédibles, un « problème majeur alors que l’on veut résoudre la crise ». « Prenez Georges-Louis Bouchez, mais c’est quoi cet ego!? », entame-t-il, alors que le président de la Chambre, Patrick Dewael (Open VLD), le rappelle à l’ordre: « On parle ici de la crise du coronavirus! »

Magali Dock (MR) estime que les recommandations faites « collent aux réalités des Belges ». « Pouvez-vous nous dire qu’elle sera la philosophie de ce baromètre? », interroge-t-elle, clémente à l’égard de sa cheffe de file.

Christoph D’Haese (N-VA) commence par critiquer… la faute de néerlandais commise par Sophie Wilmès depuis huit mois: elle dit « de » virus au lieu de « het virus ». Puis, il charge: « Votre communication est chaotique. La méthode l’est tout autant: une conférence de presse, puis un texte de loi, puis des notes aux autorités locales. Ce n’est pas la bonne voie à suivre. Vous n’avez pas toujours été cohérente: seize arrêtés ministériels. Les experts ont été critiques à l’égard de votre dernière communication. Les recteurs des universités conseillent de ne pas faire ce que vous avez conseillé! » Ce sont des mesures incompréhensibles, juge-t-il.

Eliane Tilleux (PS) reconnaît que la situation n’est pas simple. « Mais comprenez notre étonnement », dit la députée socialiste. Car le Centre de crise annonce des chiffres inquiétants, mais on assouplit les mesures. « Pour responsabiliser, il faut un cadre clair, cohérent, mais c’est toujours flou. » Elle assène: « Etes-vous convaincue de prendre le bon virage au bon moment? » Une question éloquente de la part d’une future partenaire de la Vivaldi en gestation.

Wilmès: « Pas un assouplissement à outrance »

Sophie Wilmès, Première ministre, entame sa réponse en critiquant les critiques mesquines au sujet de sa faute linguistique (« de » virus) émises par la N-VA, alors que l’enjeu est d’une toute autre ampleur. Puis, elle avance: « En Belgique, la situation est sérieuse, le nombre d’hospitalisations augmente. Agir en amont, c’est respecter les six règles d’or. On sous-estime parfois leur importance. C’est pourtant une des clés principales du ralentissement de l’épidémie. »

Il faut trouver un équilibre entre un retour à la vie et la protection de la santé, prolonge-t-elle. « C’est pour cela que nous travaillons sans relâche avec les Régions et Communautés. Ensemble, cela veut dire aussi avec la population. Nous sommes tous la solution. »

Les experts du Celeval ont esquissé la nouvelle vie qui sera celle des Belges avec le virus, rappelle-t-elle. « L’objectif est de faire face aux évolutions avec une approche nationale et fédérale. Elle doit encore être concertée et complétée. Ce qui a été annoncé est ce qui était suffisamment mûr, les autres aspects doivent encore faire l’objet d’un travail. Nous n’avons pas assoupli à outrance les mesures, contrairement à ce que l’on dit. Cela est fondé sur l’avis des experts. »

« Ce n’est pas un assouplissement, c’est une harmonisation », dit-elle encore en évoquant le relâchement pour les mariages ou les événemetns, qui doivent tenir compte des protocoles de l’horeca.

Concernant la bulle sociale: « Cette mesure va vertainement évoluer. Plus la crise sanitaire sera grave, moins le nombre de contacts sociaux sera important. Le risque est réel que cela arrive. » C’est l’objectif du baromètre épidémiologique qui sera présenté « dans les prochains jours ».

En matière de communication, le Première ministre souligne qu’il faut répéter encore et encore les mesures, en tenant compte des expressions parfois très divergentes exprimées dans les médias. « Certains disent que l’on rejette la faute sur la population, mais ce n’est pas le cas, c’est un travail d’équipe », insiste Sophie Wimès. Qui réaffirme son souhait de voir un gouvernement voir le jour rapidement. « Concernant la répartition des postes, je n’entends que vous en parler », grince-t-elle en guise de réplique au PTB.

Catherine Fonck: « Visiblement, la perception de votre communication du CNS n’est pas la même, il suffit de voir la réactions des universités. » Eliane Tilleux: « L’avenir nous dira si vous avez raison d’entamer ce virage. Mais il faut clarifier, si on ne le fait pas, ce sera l’échec. »

La future Vivaldi a du pain sur la planche.

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