Anne-Sophie Bailly

Solidarité inondations: la Wallonie n’est pas la Grèce

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

On parle d’aider Pepinster ou Trooz comme on le ferait pour Middelkerke ou Westende lors de marées extrêmes qui auraient ravagé la région. L’édito d’Anne-Sophie Bailly.

Au lendemain des inondations qui ont meurtri la Wallonie à la mi-juillet, un énorme élan de solidarité avait jailli pour aider les communes dévastées. Spontanément, des milliers de volontaires avaient proposé leur aide pour mettre à disposition pompes et canoës, déblayer les gravats, acheminer des biens de première nécessité, distribuer des vivres. Ces citoyens venaient de Wallonie, Bruxelles ou Flandre. Indifféremment. « Sachez que vous pouvez compter sur nous pour vous aider et pour ne pas oublier », avait embrayé le Premier ministre Alexander De Croo, en s’adressant aux milliers de sinistrés wallons et limbourgeois.

Deux mois après les faits, et alors que la commission parlementaire d’enquête bat son plein, Elio Di Rupo a rappelé ces promesses de solidarité à l’échelon fédéral. Quelques jours plus tard, Thomas Dermine les a chiffrées. Six cents millions d’euros, soit 50 % du coût estimé des travaux de reconstruction.

Le reste étant à charge de la Région et, potentiellement, de l’Europe. La façon de procéder étonne. Pourquoi la démarche émane-t-elle du secrétaire d’Etat à la Relance et pas du gouvernement wallon dans son ensemble ? Pourquoi ne pas la formuler en Codeco ?

Face à une catastrophe naturelle

Les nationalistes flamands ont d’ailleurs saisi la balle au bond pour véhiculer l’image d’une Wallonie socialiste, à la peine économiquement parlant et quémandant le bon argent du contribuable flamand. Du cash ? Peut-être, mais certainement pas sans réformes structurelles. Un peu comme l’avait exigé la troïka d’une Grèce en faillite. Voilà la rhétorique N-VA. Nul ne disconviendra que la Wallonie a besoin de réformes et de poursuivre son redressement économique à marche forcée. Mais ce n’est pas le propos, ici. La Wallonie n’est pas la Grèce.

Et dans ce cas de figure précis, on ne parle pas de compenser des décennies de laxisme ou de corruption politique. On parle de soutenir une région qui a été dramatiquement affectée par un événement climatique extrême. On parle de la solidarité d’un pays face à une catastrophe naturelle. On parle d’aider des familles à Pepinster ou Trooz comme on le ferait pour Middelkerke ou Westende lors de marées extrêmes qui auraient ravagé la région. On ne parle pas d’aides directes d’une Région à une autre mais d’un fonds fédéral de reconstruction pour financer des logements, des ponts, des routes. Pour préparer une infrastructure résistante au changement climatique. Faire rempart aux velléités séparatistes en affichant une unité forte et en installant une économie résiliente, n’étaient-ce pas les fonts baptismaux sur lesquels a été portée la Vivaldi ?

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