Sophie Wilmès © Belga

Obligation vaccinale : « Parlons-en pleinement et pas de manière hypocrite »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Face à l’augmentation du nombre d’hospitalisations en Belgique, de plus en plus de voix, notamment politiques, s’élèvent en faveur d’une obligation vaccinale. La ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès (MR) estime ainsi qu’il est indispensable d’ouvrir le débat.

Le nombre d’admissions à l’hôpital en Belgique continue d’augmenter. Entre le 3 et le 9 septembre, 68 patients ont en moyenne été hospitalisés chaque jour, soit une augmentation de 5% par rapport à la période précédente. Quelque 708 personnes sont actuellement hospitalisées. Parmi elles, 216 se trouvent aux soins intensifs (+11%). La situation reste particulièrement préoccupante à Bruxelles.

Certains considèrent l’extension du covid safe ticket à Bruxelles, qui doit booster le taux de vaccination dans la capitale (seulement 50% de la population bruxelloise est complètement vaccinée), comme une obligation vaccinale déguisée. Il est en effet presque certain que, dès le 1er octobre, les Bruxellois devront montrer patte blanche pour se rendre au restaurant, à un événement culturel ou encore dans une discothèque.

Pas d’hypocrisie

« Je pense que l’ouverture du débat va devenir indispensable au fur et à mesure du temps. Si on doit en parler, alors faisons le pleinement et pas de manière hypocrite », déclare ainsi la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès (MR) au micro de Bel RTL. « Si on instaure le pass vaccinal pour en fait instaurer une vaccination obligatoire, je pense qu’il y a rupture du contrat de confiance avec population vu qu’on a dit que c’était sur base volontaire », estime-t-elle.

Son président George-Louis Bouchez partage son avis. « Soit on a l’honnêteté de dire à la population que la vaccination est obligatoire, et on assume les conséquences de cela, soit si on dit que c’est une liberté, alors ça doit être une vraie liberté. Mais je trouve qu’on est dans un système un petit peu vicieux. (…) Vous ne pouvez pas dire aux gens : vous avez le choix, mais si vous faites le mauvais choix, alors votre vie va devenir impossible », déclarait-t-il dans l’émission Terzake.

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Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) ne partage pas cette position. « Les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner peuvent se voir refuser un certain nombre de libertés. Si vous ne voulez pas être vacciné, vous devez être prêt à vous faire tester tous les jours lorsque vous sortez et cela va rapidement coûter cher. Vous pouvez imposer un certain nombre de restrictions à quelqu’un s’il ne veut pas se faire vacciner afin de protéger la société », a-t-il rétorqué, également dans l’émission Terzake. Plusieurs présidents de parti se sont également déclaré favorables à une obligation vaccinale.

Gert Van Assche, médecin en chef de l’UZ Leuven, ne cache pas non sa position en faveur d’une obligation vaccinale. « L’augmentation du nombre de patients gravement malades atteints de covid dans certaines régions comme Bruxelles était, à notre avis, évitable. Et cela a des conséquences majeures pour la grande majorité de nos compatriotes vaccinés », déclarait-il à la VRT.

Il craint en effet que les hôpitaux flamands soient victimes de la situation sanitaire préoccupante à Bruxelles. « La Flandre est championne du monde en couverture vaccinale. Nous pouvons au moins nous attendre à ce que cela augmente dans le reste du pays. Si une demande aimable ne suffit pas, il faudra instaurer l’obligation. »

« Ce sont les personnes qui ne sont pas vaccinées qui se retrouvent à l’hôpital, voire en soins intensifs. Il n’y a qu’occasionnellement des patients qui sont déjà partiellement ou totalement vaccinés. Chaque individu doit prendre ses responsabilités pour augmenter l’immunité du groupe. Il est regrettable que certains ne le fassent pas », déplorait également Margot Cloet, la présidente de leur organisation coupole Zorgnet-Icuro.

Mise en garde

Certains médecins mettent toutefois en garde contre cette division de patients en deux catégories : les vaccinés qui n’y peuvent rien s’ils tombent malade et les non-vaccinés qui « l’ont cherché ». « Ma conviction personnelle est simple : en tant que médecin, vous devez aider tout le monde. Un patient n’a pas moins le droit d’être aidé qu’un autre », déclare Patrick Lacor, chef du département de médecine interne et président du comité d’éthique de l’UZ Bruxelles, au quotidien De Morgen.

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