Carte blanche

La prostitution est un travail comme un autre (carte blanche)

Un groupe d’étudiants de la Haute école Namur-Liège-Luxembourg plaide pour la décriminalisation du travail du sexe, un moyen de subsistance « comme un autre ». Reconnaître cette profession engendrerait, selon eux, plusieurs bénéfices, pour les personnes concernées et pour la société.

Le travail du sexe est un moyen comme un autre de subvenir financièrement aux besoins personnels et familiaux.

Premièrement, il est de notre démocratie de permettre à tout un chacun de choisir sa profession en totale légalité grâce à un statut. Les travailleurs du sexe en viennent à cette profession soit par nécessité économique, soit par choix professionnel. Il est indispensable pour nous de montrer à la société que cette profession est avant tout un moyen de subvenir aux besoins financiers, personnels et familiaux.

Le facteur économique est une des raisons principales de cette orientation. En effet, différentes conséquences découlent de l’absence de statut légal : une non-protection des travailleurs, un travail au noir, etc. Les travailleurs concernés par cette absence ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière.

De plus, la reconnaissance du métier permettrait une évolution des mentalités de la société et lutterait contre les discriminations et les préjugés. Cela limiterait notamment la violence dans ce travail, tels que les viols, les agressions verbales et physiques, les vols, etc. La protection des travailleurs du sexe serait alors améliorée au niveau de leur santé psychologique, physique et médicale.

Nous notons également que l’un des problèmes du travail du sexe en tant que métier non-reconnu est la porte ouverte aux proxénétismes en tout genre. Il est vrai qu’une reconnaissance serait un frein supplémentaire à la traite des êtres humains. Les personnes exerçants dans le travail du sexe seraient contrôlées grâce à des papiers prouvant la légalité de leur(s) fonction(s). L’accès à la sécurité sociale et aux institutions d’aides publiques via un statut légal constituerait des moyens de se libérer en toute sécurité du travail forcé.

Ensuite, octroyer un statut légal aux travailleurs du sexe créerait davantage d’emplois dans notre société. Il existe diverses institutions ayant comme public cible les travailleurs du sexe. Cependant, au travers d’une rencontre avec l’ASBL Espace P de Namur, nous avons observé qu’il manquait du personnel médical et psychosocial au sein de leur institution. En effet, les travailleurs du sexe étant sujets aux maladies sexuellement transmissibles, aux risques de grossesses et aux agressions, un personnel médical et psychosocial pouvant les conseiller constituerait de nouveaux postes à promouvoir dans les institutions qui seront, quant à elles, davantage informées et spécialisées sur leur public cible.

Pour finir, alors qu’ils reçoivent une rémunération pour leurs services, les travailleurs du sexe ne participent pas à l’économie du pays. En effet, ils ne versent pas d’impôts ni de cotisations à la suite de leur salaire puisque leur activité n’a pas de statut légal. Reconnaitre le travail du sexe comme une profession permettrait une sécurité pour les travailleurs, mais également un revenu supplémentaire pour l’économie du pays.

Pour conclure et soutenir les travailleurs du sexe, nous avons mis en place une pétition ayant pour but de décriminaliser le travail du sexe. Elle constitue un argument supplémentaire en montrant que les citoyens de la société sont soucieux des conditions de travail des TDS en 2021. Cette pétition a récolté 244 signatures depuis le 30 novembre 2021. Certaines de ces signatures ne représentent pas une seule personne, mais des institutions. Celles-ci sont lourdes de sens puisqu’elles montrent l’intérêt d’un ensemble de personnes. Finalement, nos démarches constituent un appui à la proposition de Monsieur Van Quickenborne. A cet égard, il est essentiel de prendre en compte l’avis des citoyens de notre société et de donner une visibilité au travail du sexe.

Des élèves de 3ème assistant social de la Haute École Namur-Liège-Luxembourg.

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