Aron Berger et Kris Peeters © BELGA

La débâcle Aron Berger risque de faire très mal à Kris Peeters

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

L’épisode Aron Berger s’apparente à une débâcle pour les chrétiens-démocrates flamands, et particulièrement pour le ministre de l’Emploi Kris Peeters, car c’est ce dernier qui a eu l’idée de proposer le juif orthodoxe Aron Berger comme candidat aux élections communales à Anvers.

L’annonce de la candidature du juif orthodoxe a suscité une vague de protestations, y compris au sein du CD&V. L’homme a affirmé en effet qu’il respecterait ses principes religieux, dont l’abattage rituel des animaux et le refus de serrer la main à une autre femme que la sienne. Par le passé, il a également tenu des propos controversés sur les écoles mixtes qui selon lui seraient une « forme de maltraitance ».

Alors que la situation était déjà particulièrement envenimée, le quotidien Gazet van Antwerpen a révélé mercredi que Berger avait été condamné pour vol. Le tribunal correctionnel d’Anvers l’a reconnu coupable du vol de 28.500 euros à un vieil homme malade, qui lui avait demandé de l’aide, cinq ans auparavant, pour régler son héritage.

Sa position étant devenue intenable, Aron Berger a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il retirait sa candidature, tout en précisant qu’il n’en soutient pas moins le CD&V qui reste « le parti le plus favorable » à la communauté juive.

Tête de liste CD&V à Anvers, Kris Peeters est pointé du doigt pour avoir soutenu Aron Berger, une décision qui risque de lui coûter très cher. Comme l’écrit De Morgen, non seulement il n’a pas informé la direction du parti de la venue de Berger, mais il a fortement sous-estimé les risques de proposer un candidat aux propos aussi controversés.

Kris Peeters a défendu son choix en expliquant que Berger s’engageait depuis des années pour la communauté juive à Anvers et qu’à présent il voulait le faire politiquement. « Nous avons eu des entretiens, parce qu’il fallait non seulement tenir compte de convictions politiques, mais aussi religieuses. Pour éviter tout malentendu, personne ici, Aron Berger, ne met en doute le respect entre les hommes et les femmes. »

Et si Peeters ne s’est pas rendu compte de l’ampleur de la polémique qu’allait déchaîner la candidature d’Aron Berger, c’est parce qu’il s’est focalisé sur ce que le CD&V pouvait réaliser pour la communauté juive, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, de mobilité et de progrès social. Berger avait rassuré Peeters sur ces propos controversés en garantissant « qu’il respectait l’égalité hommes-femmes ». Quant à la condamnation pour vol, comme l’affirme De Morgen, il est impossible de passer au crible tous les candidats, quand on sait qu’il y en a plus de 500 rien qu’à Anvers.

Plus de 7000 candidats

Interrogé par la VRT, le président du CD&V Wouter Beke a déclaré que l’affaire était « désagréable » pour le parti. Il a également admis qu’il ignorait qu’on avait proposé une place sur la liste anversoise à Berger tout en ajoutant qu' »il y a plus de 7 000 candidats en tout et qu’ils ne sont pas tous soumis à l’aval du président ». Et s’il n’est pas intervenu plus tôt, c’est par respect envers le CD&V d’Anvers qui a travaillé très sur ces derniers mois et pour la communauté avec qui il est entré en dialogue ».

L’affaire risque de faire pâlir l’étoile de Kris Peeters et de faire monter celle de sa rivale, la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits qui se verrait bien « ministre-présidente ou présidente du parti », selon un parlementaire cité par De Morgen. Cependant, son « sacrifice » de déménager à Anvers pour mener un combat très probablement perdu d’avance contre le bourgmestre N-VA Bart De Wever a valu à Kris Peeters l’appréciation de son parti qui, ne le mettra pas de côté de sitôt.

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