Annelies Verlinden (CD&V), ministre de l'Intérieur, et Vincent Van Quickenborne (Open VLD), ministre de la Justice, à la Chambre. © Belga

La Belgique fait tout pour éviter des émeutes comme aux Pays-Bas

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Des menaces concrètes existent. Un mineur devant la justice, une manifestation interdite à Bruxelles… : notre pays veut éviter que l’exaspération contre les mesures sanitaires deviennent de la violence.

Le monde politique belge s’inquiète d’un effet de contagion des manifestations contre les mesures sanitaires au Pays-Bas, qui ont tourné en émeutes et en destructions urbaines. Le sujet a fait l’objet d’un débat à la Chambre, ce jeudi après-midi. Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), et la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), ont exprimé leur vigilance et leur détermination.

« Interdire les manifestations »

« Ce qui s’est passé ces derniers jours aux Pays-Bas est terrible, entame Bart Moyaers (SP.A). Il existe beaucoup de frustration, on peut le comprendre, mais ce ne peut jamais être une excuse. C’est de la violence gratuite. Les réseaux sociaux n’ont pas de frontière et cette surenchère fait le lit de certains. Les commerçants s’inquiètent, les villes s’inquiètent. Il faut tout mettre en oeuvre pour empêcher que cela arrive chez nous. Il faut demander à tous les bourgmestres d’interdire les manifestations. Ne plus admettre de manifestations serait un signal important. »

« Cela fera bientôt un an que nos libertés fondamentales sont fortement restreintes, prolonge Philippe Pivin (MR). Notre société est régentée comme jamais. Depuis des semaines, des mouvements naissent contre ces mesures et ils ne sont pas tous pacifiques. Ne croyons pas que la société soit différente en Belgique. L’épuisement est réel, je n’ai pas été étonné de voir l’appel à une manifestation dimanche à Bruxelles pour dire stop aux mesures corona. Il faut que le gouvernement fasse preuve d’une grande proactivité. »

« Dans le Limbourg, des messages ont appelé à des manifestations, maintenant à Bruxelles, appuie Steven Mathéï (CD&V). Il est important de prévenir ces violences. On lit clairement sur les réseaux sociaux qu’on en appelle à la violence. » Kristien Van Vaerenbergh (N-VA) inscrit cela dans le contexte plus large des manifestations violentes : « Les émeutes à Bruxelles sont devenues monnaie courante. On a peur, on s’inquiète. Comme toujours, les émeutiers ne sont pas sévèrement punis. Aux Pays-Bas, ils ont une procédure fortement accélérée, une justice qui réagit rapidement face à ce sentiment d’impunité. Nous avons une proposition pour punir les auteurs de tels faits dans les quelques jours. »

Le rendez-vous bruxellois interdit

Les ministres en charge soulignent leur volonté de fermeté. « Ce qui s’est passé aux Pays-Bas n’a rien à voir avec une manifestation normale, c’était crapuleux, dénonce Vincent Van Quickenborne. Les réseaux sociaux jouent un rôle important. Nos services de sécurité patrouillent en permanence. Il y a différents appels à manifester, nous suivons de très près le phénomène et pour l’instant, rien ne permet de prévoir si ces appels seront suivis d’effets. »

« Dans ce pays, prolonge-t-il, nous disposons d’un réseau pour étouffer dans l’oeuf de tels comportements. Le bourgmestre de Turnhout a pris contact pour arrêter une initiative. La justice peut agir rapidement, nous avons différentes procédures accélérées dans notre pays. Mais la procédure avec un juge d’instruction doit être respectée, contrairement aux Pays-Bas. Est-ce que pour autant, on ne peut rien faire ? Non, les auteurs peuvent être présentés dans les dix jours devant la justice. Je vais être clair : celles et ceux qui veulent profiter de la situation pour faire de la casse seront poursuivis. « 

Annelies Verlinden (CD&V), ministre de l’Intérieur, abonde dans son sens: « Il y a des gens qui sont vraiment à bout, mais qui s’efforcent de s’en tenir aux règles, des jeunes qui n’en peuvent plus, des indépendants. Que certains en aient marre, on peut le comprendre. Mais que des émeutiers en profitent pour faire de la casse, on ne peut pas le permettre. En appeler à du chaos, cela revient à porter préjudice à la société, il n’y aura jamais de place pour ça. Les citoyens ne l’acceptent pas. J’ai suivi la situation aux Pays-Bas, j’ai témoigné de notre soutien. Les services de sécurité surveillent en permanence. La comparution devant le juge de la jeunesse d’un mineur, qui appelait à manifester, à Hasselt, en témoigne Vendredi dernier, j’ai décidé avec le bourgmestre Philippe Close d’interdire la manifestation de dimanche. Il ne m’appartient pas d’interdire les manifestations au niveau local, mais j’ai pris contact avec les bourgmestres pour les sensibiliser en ce sens. Ce genre de menaces s’appelle le ‘new way of protestting’, il est prévu dans la déclaration gouvernementale que nous lutterons contre cela. »

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