Enseignement secondaire : les cours en ligne, la solution ?

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

« Les leçons sont suspendues », ce sont les mots de Sophie Wilmès, Première ministre, le 12 mars, en soirée. Quelques jours plus tard, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS) spécifie qu’il doit y avoir une continuité des apprentissages. Comment les professeurs et les élèves s’organisent-ils ? Témoignages.

Dans une circulaire, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS) a précisé que les leçons sont suspendues au sein des établissements scolaires, cependant « des travaux à domicile peuvent être prévus ».

Si la ministre de l’Éducation affirme que des travaux à domicile peuvent être prévus, elle précise tout de même que les modalités reviennent aux équipes éducatives, mais dans le respect de plusieurs balises afin d’assurer une égalité devant les apprentissages : les travaux ne peuvent en aucune manière porter sur des apprentissages qui n’ont pas été abordés préalablement en classe ; ils doivent s’inscrire dans une logique de remédiation-consolidation-dépassement.

Des leçons à distance

Madeleine Régibeau est professeure de français à l’Athénée Paul Brusson à Montegnée. Elle raconte que la décision de la direction va dans le sens de la circulaire : « nous n’avons pas le droit d’avancer dans la matière, nous devons renforcer ce qui a déjà été vu. Un élève ne saurait pas apprendre la matière donnée pendant 3 semaines, seul chez lui. L’idée est de revoir ce qui pose problème et de donner des exercices de remédiation. »

La circulaire stipule également que « les travaux doivent être proportionnés dans le contenu et le temps à y consacrer. Le travail doit pouvoir être réalisé en parfaite autonomie.« 

Sophie est élève en quatrième année à l’Athénée Royal Charles Rogier à Liège. « Je travaille un cours par jour. Généralement, par petit bout. Globalement, je travaille une heure et demie. C’est beaucoup de révision. Certains professeurs nous demandent de lire la théorie que nous n’avons pas encore vue ou des exercices avec réponses pour préparer la nouvelle matière. »

La ministre de l’Éducation stipule qu’il « est recommandé autant que possible de mobiliser les moyens technologiques disponibles pour maintenir un lien social avec et entre les élèves autour des travaux proposés, pour autant que chacun puisse y participer ». Madeleine Régibeau confie que « c’est à l’appréciation du professeur. Dans notre école, il est possible d’entrer en contact avec le corps professoral via une adresse email de l’école. Les élèves et les parents peuvent donc nous contacter. » En ce qui concerne les techniques d’apprentissage : « certains collègues, comme les professeurs de langues se filment ou optent pour des plateformes en lignes. Personnellement, j’ai opté pour la création d’un groupe Messenger par classe. Les élèves peuvent ainsi prendre contact facilement avec moi, et les questions qui me sont posées sont visibles par tous. Je reste également disponible par email. »

Du côté de l’Athénée Royal Charles Rogier, la formule est plus classique : « On a reçu une adresse email de l’école et les contacts des professeurs bien avant le confinement. On reçoit les instructions sur les exercices à faire par email souvent avec un PDF, parfois avec une vidéo. Certains professeurs nous donnent des échéances courtes (3 jours) d’autres des échéances longues (15 jours). Tout passe par email. »

Un ado n’est pas un adulte

Madeleine Régibeau se montre très prudente face à cet enseignement à distance : « j’ai des élèves qui ne répondent pas. Pas parce qu’ils ne veulent pas travailler, mais parce qu’ils n’ont pas forcément accès à la technologie nécessaire, parce qu’ils n’ont simplement pas de connexion Internet ou que les parents refusent qu’ils soient sur les réseaux sociaux. C’est compliqué de mettre en place un plan pour tout le monde. »

Toujours selon la professeure de français, le programme ne peut être vu de la même manière qu’à l’université où les étudiants sont adultes et doivent se responsabiliser. On est face à des ados. Il faut un échange continu, être attentif à chacun et voir si tout le monde suit. Je n’ai pas envie de remplacer cela par une vidéo. Je ne donne jamais de cours ex cathedra où pendant 50 minutes je parle face à mes élèves ».

u003cstrongu003eEn tant que prof, on a un rôle à jouer dans l’individualité de chaque élèveu003c/strongu003e

« Par contre, parmi les nouvelles positives, j’ai le retour de mes élèves de rhétos qui réagissent souvent en nombre quand je leur envoie des pièces de théâtre ou des musées à découvrir en ligne. Je suis plus dans un accompagnement qu’en train de donner cours. Par exemple, ils m’interrogent sur leur choix d’avenir et d’option ».

Pas d’évaluation

La circulaire est formelle : « Les travaux à domicile ne peuvent pas faire l’objet d’une évaluation sommative, mais bien d’une évaluation formative (sans notation) ».

« Je ne suis déjà pas, au début, pour ce système de carotte. Je suis déjà heureuse de voir quelqu’un qui travaille. Des discussions sont en cours sur la cotation en juin », confie la professeure de français.

Sophie, quant à elle, affirme que « si ça continue, nous n’aurons pas d’examen, mais des cours jusque fin juin avec une grande troisième période. Les conseils de classe évalueront sur la moyenne de l’année ».

En manque de « routine scolaire »

Sophie l’avoue, au début du confinement, elle était contente de ne plus aller à l’école. »Mais aujourd’hui, j’ai envie de retourner à l’école. Ce ne sont pas des vacances. J’ai envie de retrouver une routine scolaire : me réveiller le matin, aller en cours, prendre mon temps de midi, aller boire un café après les cours et voir mes amis. Au niveau social, c’est difficile. J’ai envie de sortir de chez moi. »

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