Christophe Collignon, ministre wallon (PS) des Pouvoirs locaux, s'est saisi du dossier. © BELGA IMAGE

Domaine d’Hélécine dans le Brabant wallon: la province refait ses comptes

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Le collège lance un audit comptable pour contrôler ses propres services financiers et leur directeur. Coût: 30 000 euros. L’initiative aurait-elle un lien avec la gestion du domaine d’Hélécine?

Christophe Collignon, le ministre wallon (PS) des Pouvoirs locaux, n’en a pas fini avec le Château d’Hélécine. En octobre dernier, Le Vif a publié une longue enquête sur un possible conflit d’intérêts dû aux liens existant entre la directrice générale de la province du Brabant wallon et le concessionnaire de ce domaine. Dans la foulée, le ministre de tutelle s’était saisi de l’affaire, soulignant les points à améliorer en matière de respect, par la Province, de la procédure de passation des marchés publics et de nécessaire mise en concurrence pour certains marchés. La direction financière du parquet de Nivelles et l’Office central de répression de la corruption mènent d’ailleurs l’enquête.

Cet expert est le seul à disposer des compétences techniques permettant de réaliser cette mission.u0022

Depuis lors, un audit comptable a été commandé par le collège provincial brabançon, visant à vérifier si le directeur financier de la province, Jean-Bernard Rouge, en poste depuis 1998, fait correctement son travail. « A la suite de la position qu’il a prise à l’égard de plusieurs projets qui concernaient le Château d’Hélécine, mon client fait l’objet, depuis quelques mois, de propos et de mesures malveillants », écrit Jean Bourtembourg, l’avocat de ce directeur, dans un courrier adressé au ministre de tutelle.

Le collège a ainsi décidé de recourir aux services d’un expert en finances publiques pour analyser les missions du directeur financier. Pourquoi? Dans une note datée du 4 février dernier, le collège évoque un « manque d’informations financières officielles » et affirme que cette « carence sur les échanges d’informations financières et sur les processus internes au sein du service du directeur financier sont un risque important pour l’Institution ». Dès lors, estime le collège, un tiers devrait examiner tous les comptes annuels des cinq derniers exercices, la balance des comptes généraux et celle des comptes particuliers, l’ensemble des créances et des dettes, des comptes financiers de la Province, des avis de légalité et d’aide à la gestion financière, du suivi des contrôles effectués par la Cour des comptes, etc.

Pour attribuer ce marché d’audit, la Province a opté pour une procédure négociée sans publication préalable, renonçant à mettre plusieurs experts en concurrence. Ce que permet la loi, à condition de prouver que l’opérateur retenu est le seul à pouvoir répondre aux besoins du demandeur. Dans ce cas-ci, la Province argue que « son » spécialiste des finances publiques locales dispose de multiples casquettes comptables en plus d’être professeur à la Solvay Brussels School of Economics. Il a également accompagné la Province dans la mise en place de sa nouvelle comptabilité. « Cet expert est le seul à disposer des compétences techniques permettant de réaliser cette mission », conclut le collège.

« Faux », répond l’avocat du directeur financier dans le courrier qu’il vient d’adresser au ministre Collignon: si les compétences de cet expert ne sont pas en cause, de nombreux autres spécialistes sont susceptibles de mener cette mission à bien. « L’affirmation selon laquelle un seul prestataire sera apte à exécuter ce marché est manifestement inexacte et la décision d’attribution est irrégulière », écrit-il. Il demande dès lors au ministre d’annuler cette décision. Contacté par courriel, le président du collège Tanguy Stuckens n’a pas répondu à nos questions.

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