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Covid: la Belgique francophone serre la vis, insatisfaite des mesures fédérales (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les gouvernements wallon et francophone décident de mesures complémentaires pour faire face à la situation dramatique au sud du pays. Et pour aller plus loin que la Flandre de la N-VA.

Les responsables francophones réclamaient un reconfinement partiel à l’occasion du Comité de concertation, jeudi soir. Lors de la conférence de presse, ce vendredi matin, on avait perçu l’irritation ou le malaise des ministres-présidents wallon, Elio Di Rupo (PS) et francophone, Pierre-Yves Jeholet (MR). Le manque d’ambition des décisions fédérales, entendra-t-on rapidement, était due aux différences de sensibilités Nord-Sud, et aux réalités sanitaires différentes en Wallonie et à Bruxelles, où les hôpitaux risquent d’être saturés. Le reconfinement partiel est arrivé en fin de journée.

Le durcissement des mesures au niveau de la Wallonie et de Bruxelles a été annoncé, à l’issue d’une conférence de presse inédite pour approfondir les réalités fédérales, organisée à 18h30. » C’est une question de vie ou de mort », a souligné Elio Di Rupo. »La situation est tellement grave que chacun devra faire un effort. » Le couvre-feu de 22h à 6h, la fermeture des universités ou les limitations de visites pour les maisons de repos jusqu’au 19 novembre, entendent faire la différence.

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« Ne voyons pas ce que l’on a raté, mais allons de l’avant », dit le ministre-président wallon. Il préfère ne pas évoquer les divergences Nord-Sud au niveau fédéral. Celles-ci sont pourtant réelles: la N-VA ne voulait pas aller plus loin et le ministre-président flamand Jan Jambon a freiné des quatre fers en campant sur ses compétences. Pour les nationalistes, c’est un choix politique lié à la situation sanitaire au nord, mais aussi un pied de nez politique à ceux qui avaient moqué le couvre-feu décidé à Anvers cet été.

Il s’agit là, bien sûr, d’une décision en lien avec la réalité fédérale du pays: il n’est pas absurde que le Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles prennent des décisions complémentaires au fédéral, simplement au vu des chiffres d’hospitalisations. Le contexte dans lequel cela survient s’apparente un peu à du bricolage et à un sauve-qui-peut pour dépasser les tensions politiques des derniers jours.

L’essentiel est certes ailleurs, il s’agit désormais de couper autant que possible la propagation du virus en Belgique francophone, en espérant qu’il ne soit pas trop tard, et de sauver des vies, tout simplement. Mais cette séquence politique, à bien des égards, est révélatrice de l’ère nouvelle dans laquelle est entrée la Belgique, pratiquement confédérale. On s’en rend d’autant plus compte en entendant l’appel poignant et inquiétant lancé par les autorités wallonnes à de l’aide pour venir appuyer notre personnel soignant, laissant entendre que la situation du secteur est plus inquiétante au sud du pays.

Dans l’urgence d’un moment préoccupant, le pays change aussi de visage.

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