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Coronavirus : la bulle de cinq bientôt remplacée par un budget de contacts ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Depuis quelques semaines, le nombre de contaminations au coronavirus repart à la hausse, et il en va de même pour les hospitalisations. Et rares sont ceux qui respectent encore la fameuse bulle de cinq. Face à constat, certains experts proposent une alternative : le budget de contacts.

Les virologues ne cachent pas leur inquiétude et rappellent l’importance de limiter au maximum ses contacts. Si le virus circule davantage, ce n’est pas uniquement parce qu’on teste plus qu’au printemps. « En effet, la situation n’est pas comparable au mois de mars. Nous pouvons réagir rapidement, donc nous savons beaucoup mieux ce qui vit sous la surface », a ainsi déclaré l’infectiologue Erika Vlieghe, ancienne présidente du GEES.

Extrêmement dangereux

« Mais en même temps, nous ne devons pas minimiser le danger. Dire que de toute façon, il n’y a que quelques hospitalisations et décès, et regarder ailleurs, est extrêmement dangereux », a-t-elle encore ajouté. Aussi recommande-t-elle de se limiter à cinq contacts, en rappelant qu’il est toujours possible de voir d’autres personnes, « mais à l’extérieur et à distance. »

Face à la lassitude de la population et à la résistance croissante contre la bulle de cinq, le Celeval, le groupe d’experts qui assiste le gouvernement dans les mesures à adopter pour lutter pour le coronavirus, étudierait la possibilité d’un « budget de contacts », une proposition du biostatisticien Geert Molenberghs (Université de Hasselt et KuLeuven), qui devrait donner plus d’autonomie à la population.

Un steak au supermarché

« Par budget de contact, nous entendons que chaque personne dispose d’un certain ‘budget’ ou ‘crédit’ de personnes qu’elle peut voir. Vous pouvez dépenser ce budget comme vous le souhaitez, mais personne ne doit dépasser son budget », explique le professeur au quotidien Het Laatste Nieuws. Il le compare à un budget pour faire ses courses: « Si vous dépensez tout en une fois pour un steak cher, alors il n’y a plus de place pour autre chose », explique-t-il au Belang van Limburg. Erika Vlieghe n’est pas certaine que le concept fonctionne. « Cela demande beaucoup d’autodiscipline. Certains pourraient préférer un chiffre fixe », estime-t-elle.

L’objectif du budget de contacts est le même que celui de la bulle de cinq : limiter au maximum les contacts et inciter les gens à se montrer plus prudents au niveau de leurs fréquentations pour endiguer la propagation du virus. Molenberghs ignore encore quelle serait la limite, et rappelle que seul le Conseil national de sécurité, prévu la semaine prochaine, peut décider.

Temps d’agir

À l’instar du virologue Marc Van Ranst, qui affirme que « face à la croissance exponentielle du virus », il est grand temps d’agir, Molenberghs estime également qu’il faudrait rapidement une intervention du gouvernement. Il est particulièrement inquiet pour Bruxelles où le taux de positivité (le nombre de tests positifs par rapport aux tests effectués) s’élève à 5,7% (contre 2,9% dans le reste de la Belgique).

« Le virus circule effectivement plus qu’en juin ou juillet. Les mesures actuellement en place ont prouvé leur effet. Mais ce que nous voyons maintenant, c’est que les gens, par exemple, font du sport et adhèrent initialement aux règles. Mais une fois l’activité terminée, ils se retrouvent entre amis et oublient ces règles. C’est précisément à ce moment que se produisent les infections. Donc, continuons à maintenir les distances », a également rappelé le virologue Steven Van Gucht (Université de Gand).

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