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Bruxelles présente la mortalité infantile la plus haute d’Europe. Pourquoi ?

Le Vif

La Région bruxelloise présenterait les plus hauts chiffres de mortalité des jeunes enfants en Europe, rapportent ce mardi les journaux De Morgen et Metro sur base de l’étude européenne Peristat, reprenant les naissances en 2010. La capitale affiche également un des plus hauts taux de gémellité.

Le rapport reprend des données de 29 pays. Celles pour la Belgique ne sont disponibles que par régions. Tous les pays n’ont pu fournir de données pour tous les critères.

Pour 1.000 naissances, 8,9 foetus n’ont pas survécu à plus de 22 semaines de grossesse à Bruxelles. La mortalité des nouveaux-nés s’élève quant à elle à 2,7 décès endéans les 28 jours suivant l’accouchement. La Flandre (4,8 et 2,3) et la Wallonie (5,3 et 2,1) se situent en milieu de classement européen. L’Islande et Chypre sont les mieux classés.

Le rapport souligne aussi le nombre relativement important, pour Bruxelles, de nourrissons de très faible poids à la naissance. Ainsi, 1,4 % des enfants naissent dans la capitale avec un poids inférieur à 1,5 kg, contre 1 % en Flandre et 0,8 % en Wallonie.

Le rapport révèle également que le taux de gémellité (jumeaux ou triplés) en région bruxelloise est le deuxième plus élevé d’Europe derrière Chypre. Il atteint 22,2 pour 1.000 naissances, contre 19,2 en Flandre et 17 en Wallonie.

Le pourcentage de morts foetales dues à des anomalies congénitales est également le plus important à Bruxelles: 37,7 %, contre 20,9 % en Flandre et en Wallonie.

Le professeur Hendrik Cammu, gynécologue à la VUB, avance la configuration sociale de la capitale pour expliquer ces chiffres inquiétants. La population est moins qualifiée et plus pauvre. « Nous observons dans ces groupes plus de surpoids, plus de tabagisme et plus de toxicomanie », explique-t-il.

Le rapport montre aussi que le taux de naissance prématurée en Belgique est assez important. Les trois régions affichent un taux proche des 8 % alors que la moyenne européenne est comprise entre 5 et 10 %.

La Belgique continue à se classer de manière honorable pour son taux de césariennes. La Belgique (20,1 à Bruxelles, 20,2 en Flandre et 20,9 en Wallonie) se positionne parmi les 7 pays ayant un taux de césariennes de 20 % et moins.

Le rapport montre enfin que le taux d’épisiotomie est compris entre 43 et 58 % en Wallonie et en Flandre et entre 16 et 36 % à Bruxelles, que le taux d’enfants nés après une fécondation in-vitro se situe entre 3,5 et 3,8 % dans les trois régions, que 66 % des enfants qui naissent dans la capitale ont une mère originaire d’un autre pays que la Belgique (23,2 % en Flandre et 25,2 % en Wallonie) et que le taux des mères en sous-poids lors de la naissance en Wallonie est le 3e plus élevé.

L’Observatoire de la santé du social de la Région bruxelloise nuance L »Observatoire de la santé ne conteste pas le haut taux de mortalité infantile dans la capitale, mais a tenu à apporter certaines nuances, comme le travail réalisé pour mieux déclarer les naissances. « L’accroissement observé du nombre de mort-nés enregistrés à Bruxelles entre 2004 et 2010 est un artefact méthodologique. Depuis 2008, un travail important d’amélioration de la qualité des données de l’enregistrement des naissances a été réalisé à Bruxelles.

Auparavant, de nombreuses maternités et services communaux ne déclaraient pas systématiquement les naissances d’enfants mort-nés avant 26 semaines de grossesse », souligne l’Observatoire dans un communiqué. Les statistiques reprennent maintenant des enfants mort-nés de 22 à 26 semaines de grossesse, ce qui fait gonfler les chiffres. « Là où avant 2008 on n’enregistrait que 4 à 5 décès par an, on enregistre 65 décès en 2010 sur un total de 143 morts-nés », précise l’Observatoire.

L’Observatoire critique également la comparaison des régions belges avec les autres pays européens, ce qui est défavorable pour Bruxelles, estime-t-il. « Pour la périnatalité comme pour beaucoup de problèmes de santé, les grandes villes s’en tirent toujours moins bien. Une comparaison de Bruxelles à d’autres territoires urbains serait dès lors plus juste ». La Belgique est le seul pays étudié dans le rapport qui ne fournit pas de données nationales. Cela devrait être le

cas pour la prochaine étude.

L’Observatoire remet également en cause la population étudiée dans l’étude. « Un grand nombre de femmes enceintes domiciliées dans les régions flamandes et francophones viennent accoucher à Bruxelles, particulièrement lors de grossesses à risque ou des naissances difficiles pour lesquelles une prise en charge spécialisée est requise », souligne encore l’Observatoire.

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