Daniel Bacquelaine (MR) © BELGA IMAGE

« Avec ce système de pension, ce sera bientôt chacun pour soi »

« C’est, et je pèse mes mots, la décision la plus risquée qu’a prise et prendra ce gouvernement. C’est vraiment une option très néfaste » dit Frank Vandenbroucke, président du Conseil académique en matière de pension. Ses douze membres tirent la sonnette d’alarme dans une carte blanche, estimant que la réforme « prend une tournure dangereuse ».

L’augmentation de l’âge de la pension « est vraisemblablement inévitable à terme, mais elle devrait faire partie d’un ensemble plus large de réformes », estiment ces douze spécialistes reconnus des systèmes de pension. « Parmi les projets de réforme prévus par le gouvernement, figure l’idée d’instaurer pour les travailleurs salariés la possibilité de se constituer individuellement une pension complémentaire », poursuit le document. Une « piste d’individualisation » qualifiée de « dangereuse » par les experts. De même, ils estiment que rendre possible une pension complémentaire individuelle pour les salariés est « une fausse bonne idée ».

Actuellement, un salarié ne peut se constituer une pension complémentaire du deuxième pilier que dans le cas où son employeur lui offre une telle opportunité.

À partir du 1er janvier 2018, selon le projet de Daniel Bacquelaine (MR), tout travailleur pourra, de sa propre initiative, faire entrer une partie de son salaire en ligne de compte pour une telle pension complémentaire. Il déterminera librement le montant de cette retenue, dans certaines limites. Les avantages fiscaux seront les mêmes que ceux applicables aux régimes de pension complémentaire instaurés par les employeurs. Les salariés se trouvant déjà dans ce système pourront, quant à eux, économiser davantage. Le ministre des Pensions pense que les employeurs seront tout de même encore motivés à proposer à leurs salariés de constituer une pension complémentaire.

Or pour le conseil des pensions « C’est, et je pèse mes mots, la décision la plus risquée qu’a prise et prendra ce gouvernement. C’est vraiment une option très néfaste » dit Frank Vandenbroucke. « Encourager les placements individuels ne relève pas d’une stratégie de pension. On commencera à détricoter le contrat social que nous voulions précisément renforcer, et à accroître les risques individuels et les inégalités sociales », conclut la déclaration.

« Ce système serait si bénéfique pour les employeurs que je crains qu’une fois que les assureurs offriront ce service de façon individuelle c’en sera fini du deuxième pilier. Si l’on opte pour un système de retraite individuelle, c’est chacun pour soi. Cela sonne le glas du partage des risques « .

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