Peter Kormuth © Belga

Affaire Chovanec: la Slovaquie a régulièrement interpellé la Belgique sur le suivi de l’affaire

Les autorités slovaques ont régulièrement interrogé la Belgique sur le suivi du décès de l’un de leurs citoyens – Jozef Chovanec – le 27 février 2018, après son passage dans une cellule de l’aéroport de Charleroi, ressort-il de l’audition de l’ambassadeur slovaque Peter Kormuth devant la commission de l’Intérieur de la Chambre.

Dès le 26 février, le prédécesseur de M. Kormuth, Stanislas Vallo, s’est enquis auprès des Affaires étrangères de ce qui s’était passé. Deux jours plus tard, l’ambassadeur belge compétent pour la Slovaquie est convoqué à Bratislava, et ainsi de suite: des contacts ont lieu ou des demandes sont adressées le 2 mars, le 30 mai, le 13 juin, le 2 juillet, le 13 mars 2019. En mai 2019, une rencontre aura lieu avec le procureur fédéral belge. Et cette année encore, au mois de février, des informations ont été demandées aux Affaires étrangères.

L’affaire a provoqué « l’émoi et l’indignation » en Slovaquie, a assuré M. Kormuth. Le fait qu’après 2 ans et demi l’enquête n’ait pas encore livré son résultat préoccupe les citoyens et le monde politique. Le parlement slovaque a voté une résolution demandant que toute la lumière soit faite et le gouvernement a également adopté une résolution. Une proposition d’impliquer un expert médico-légal slovaque a d’ailleurs été faite.

La diffusion au mois d’août 2020 des images de l’intervention de policiers fédéraux pour maîtriser M. Chovanec dans la nuit du 23 au 24 février 2018 a fait scandale, non seulement par la brutalité des actes posés mais aussi le salut nazi fait par une policière. Jusqu’alors, la représentation slovaque pensait que c’était l’injection d’un calmant à M. Chovanec qui avait provoqué son malaise cardiaque. Les images semblent avoir semé le doute.

« C’est quelque chose qui ne peut avoir lieu. En Slovaquie, de telles manifestations, comme le salut nazi, sont poursuivies par la justice », a souligné M. Kormuth.

Le diplomate a exprimé la « confiance totale » de son pays dans les autorités belges, mais aussi le souhait que l’instruction puisse être menée rapidement et de manière approfondie. « La manière dont l’affaire sera résolue aura un impact sur la perception de l’Etat de droit en Europe », a averti l’ambassadeur.

Le numéro 2 de la police fédérale laisse les députés sur leur faim

Le numéro 2 de la police fédérale, André Desenfants, n’aura guère éclairci la commission de l’Intérieur de la Chambre sur la façon dont les informations liées à l’affaire Chovanec ont circulé au sein de la police fédérale. Il a confirmé qu’il n’avait pas vu les images de l’intervention policière sur Jozef Chovanec, qui le mènera à l’hôpital où il perdra la vie, mais il n’a pas dévié de sa ligne: l’enquête du comité P déterminera qui a vu ces images et pourquoi il n’a pas été informé des faits qui font aujourd’hui scandale.

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© isopix

Directeur général de la police administrative, M. Desenfants a sous ses ordres la direction de la police aéroportuaire, mise en cause dans ce dossier. Il prend connaissance du décès de M. Chovanec le 1er mars 2018 par une coupure de presse et fait en sorte que les procédures soient suivies: avertissement de l’académie de police, de la direction Bien-être de la police, assistance en justice des policiers puisqu’une instruction judiciaire est ouverte, etc. Il ignore alors tout des circonstances de l’intervention. Il n’en prendra connaissance qu’en août 2020, lorsque les images sont diffusées et provoquent un scandale.

A ce moment, il ordonne trois enquêtes, dont une avec mesure immédiate visant la policière auteure du salut nazi, une autre visant les faits eux-mêmes et une troisième concernant le flux d’informations. « Les informations diffusées par les vidéos, je ne les avais pas. Je veux savoir comment cela se fait », a-t-il expliqué mercredi. Il a demandé à être écarté temporairement de ses fonctions, le temps de l’enquête interne.

Pourquoi aucune procédure disciplinaire n’a-t-elle été ouverte? L’autorité disciplinaire de première instance appartient au directeur de la police aéroportuaire, a répondu aux députés M. Desenfants, qui intervient quant à lui comme autorité supérieure. Il n’a pas donné d’autre explication, renvoyant à l’enquête du comité P.

Le policier a répété son émotion devant ces images: « J’ai été profondément remué, ébranlé et choqué », a-t-il dit.

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