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Les filles qui ont une mère qui travaille obtiennent de meilleurs emplois

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Si les femmes sont encore largement majoritaires à prendre un temps partiel ou à interrompre leur carrière lors de la venue d’un enfant, celles qui ne le font pas ne devraient pas culpabiliser, selon une étude récente rapportée par le Time. Elles rendraient en fait service à leurs filles pour leur future carrière.

De plus en plus d’études tendent à prouver que les mères qui travaillent ont une influence positive sur leurs enfants.

Dans une étude publiée dans la revue Work, Employment and Society, une équipe d’experts du travail a mis au jour une mine de données tirées de deux grandes enquêtes internationales. Les chercheurs ont retrouvé des données sur la famille et la carrière de plus de 100 000 hommes et femmes, et ils ont découvert que les enfants de mères qui travaillent ont tendance à mener une vie différente de celle des mères au foyer.

Dans ces deux sondages, « on parle beaucoup de la raison pour laquelle les femmes travaillent », explique Kathleen McGinn, auteure de l’étude et professeure à la Harvard Business School. « Beaucoup des questions supposent que, d’une manière ou d’une autre, c’est préjudiciable à leurs familles ».

L’impact réel d’une mère qui travaille est plus évident sur leur(s) fille(s). En effet, les chercheurs ont découvert que les filles qui ont grandi avec des mères qui travaillaient ont plus de chances d’avoir elles-mêmes une carrière que celles qui ont eu une mère au foyer. Elles sont également plus susceptibles d’avoir de meilleurs emplois et d’être mieux payées.

Selon un document de la même équipe de travail datant de 2015, aux États-Unis, les filles de mères qui ont travaillé gagnent 23 % de plus que celles qui ont eu une mère au foyer. Et parmi les 25 pays développés représentés dans cette enquête, 21% des femmes dont les mères avaient travaillé avaient un travail de superviseur, contre 18% des femmes qui avaient des mères au foyer.

De leur côté, les fils sont devenus des hommes plus enclins à participer davantage aux tâches ménagères et à s’occuper de leurs propres enfants si leur mère a eu une carrière.

Aux États-Unis, cela se traduit par environ huit heures passées en plus par semaine à plier du linge, à changer des couches et à accomplir d’autres tâches domestiques, soit presque le double de fils de mères au foyer.

Ce phénomène s’explique par la manière dont les enfants intériorisent les moeurs sociales et les comportements des adultes qui les entoure. De manière générale, les gens ont tendance à avoir des opinions « plus égalitaires » sur les rôles de genre s’ils ont eu une mère qui travaillait, a constaté l’équipe de McGinn.

Nous avons tendance à répéter les modèles que nous avons connus dans l’enfance – les adultes qui ont grandi dans une maison où les deux parents ont travaillé et ont partagé les tâches ménagères vont probablement répéter ces modèles quand ils auront leur propre famille. Il en va de même pour ceux d’entre nous qui ont grandi dans un foyer où le rôle de la femme restait cantonné à la cuisine et aux tâches ménagères.

Cela ne signifie pas pour autant que les mères au foyer nuisent à l’avenir de leurs enfants. McGinn insiste en effet sur le fait qu’il n’y a pas une « bonne » façon d’élever un enfant et qu’aucune de ces options n’est intrinsèquement préjudiciable. Mais alors que de plus en plus de mères reprennent le travail, certaines luttant avec la culpabilité de laisser leur enfant entre d’autres mains, cette étude constitue un minuscule coup de pied dans la fourmilière.

« Lorsque vous regardez votre mère aller travailler tous les jours, surtout si vous êtes une fille, vous apprenez comment gérer une vie vraiment complexe », conclut-elle.

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