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La Turquie s’enfonce dans la violence, 14 policiers tués dans une nouvelle attaque du PKK

Le Vif

La Turquie a plongé un peu plus dans la violence mardi après une nouvelle attaque du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a tué 14 policiers dans l’est du pays et une série de frappes de l’aviation turque contre les bases des rebelles kurdes en Irak.

Mardi matin, un engin explosif a explosé au passage d’un véhicule de la police alors qu’il circulait dans la région d’Aralik (est), aux confins des frontières de la Turquie avec l’Azerbaïdjan, l’Arménie et l’Iran, ont indiqué à l’AFP des sources des services de sécurité.

Au moins 14 policiers ont été tués et 2 autres blessés, selon le dernier bilan publié par l’agence de presse gouvernementale Anatolie.

« Nos combattants ont attaqué les forces turques dans la région d’Igdir », a confirmé à l’AFP un porte-parole du PKK en Irak, Zagros Hiwa.

Cette nouvelle attaque intervient deux jours après une embuscade similaire tendue par les rebelles kurdes contre un convoi militaire dans la région montagneuse de Daglica (sud-est), qui s’est soldée par la mort de 16 soldats.

En représailles, plus de 50 chasseurs de l’armée de l’air turque ont pilonné dans la nuit de lundi à mardi pendant six heures les bases des rebelles kurdes turcs dans le nord de l’Irak, tuant « entre 35 et 40 terroristes », a affirmé Anatolie.

Le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu avait promis lundi soir d’éradiquer le PKK.

« Quoiqu’il advienne, il faut nettoyer ces montagnes de ces terroristes ! Un point c’est tout », a tonné M. Davutoglu devant la presse. « Les montagnes de ce pays ne seront pas abandonnées aux terroristes. Nous ferons tout pour l’empêcher », a-t-il insisté.

L’opération conduite par le PKK à Daglica est la plus meurtrière depuis la reprise il y a près de deux mois des affrontements entre l’armée et le PKK, qui ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l’automne 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait quelque 40.000 morts depuis 1984.

M. Davutoglu est arrivé à la mi-journée à Van (est) pour présider une cérémonie militaire en l’honneur des « martyrs », selon la terminologie officielle turque, tués dimanche.

– Tensions antikurdes –

Fin juillet, le gouvernement turc a ordonné une série de frappes aériennes contre les bases du PKK dans le Kurdistan d’Irak, en représailles à des attaques rebelles contre ses forces de sécurité.

Selon le dernier décompte de la presse progouvernementale, ces affrontements ont tué une centaine de soldats ou policiers et un millier de rebelles.

Les dernières attaques du PKK ont provoqué de vives tensions entre Turcs et la communauté kurde du pays dans plusieurs villes. Quelque 20% des 76 millions de Turcs sont d’origine kurde et vivent pour l’essentiel dans le sud-est du pays.

Ainsi à Beypazari, une banlieue d’Ankara, plusieurs dizaines de nationalistes ont attaqué à coups de pierre un groupe d’ouvriers saisonniers kurdes et incendié des voitures, a rapporté l’agence de presse Dogan, qui a fait état de sept blessés dont deux policiers.

Les locaux du principal parti prokurde de Turquie (HDP, Parti de la démocratie des peuples) ont aussi été visés par des attaques similaires dans de nombreuses villes.

Son chef de file, Selahattin Demirtas, a été traité de « tueur » en Une du quotidien Yeni Safak, favorable au gouvernement, bien qu’il ait condamné l’attentat de Daglica et lancé un vibrant appel au calme. « Kurdes, Turcs, serrez les rangs. La paix est le meilleur remède », a dit M. Demirtas devant la presse.

« De tels actes ne peuvent que servir les intérêts du PKK, il faut absolument les éviter », a lui aussi tenté d’apaiser sur son compte Twitter Hüseyin Celik, un responsable du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.

Ce cycle de violences intervient à moins de deux mois des élections législatives anticipées convoquées par le président Recep Tayyip Erdogan le 1er novembre.

Lors du scrutin du 7 juin, l’AKP a perdu la majorité absolue qu’il détenait depuis 12 ans au Parlement. M. Erdogan espère que son parti la retrouvera en novembre pour instaurer un régime présidentiel fort.

Lundi, l’opposition l’a violemment accusé de souffler sur les braises du conflit kurde pour parvenir à ses ambitions politiques.

Avec AFP

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