Kim Jong Un © REUTERS

Ce que l’on sait du cinquième essai nucléaire nord-coréen

Le Vif

La Corée du Nord a revendiqué son cinquième essai nucléaire « réussi » vendredi, portant sur une ogive nucléaire miniaturisée susceptible d’équiper un missile.

Voici quelques questions clé sur cet événement et le programme nucléaire nord-coréen.

Que sait-on pour l’instant?

Les sismologues ont détecté à 00h30 GMT vendredi un puissant tremblement de terre artificiel, près de Punggye-ri, le site d’essais nucléaires nord-coréen.

Séoul pense que ce séisme a été provoqué par l’explosion d’un engin qui a dégagé une énergie estimée à 10 kilotonnes. Il s’agit de l’essai « le plus puissant » mené pour l’instant par Pyongyang, d’après les autorités sud-coréennes.

Pyongyang a salué l’essai réussi d’une tête nucléaire miniaturisée pouvant être montée sur un missile balistique.

Pourquoi Pyongyang a-t-il mené un cinquième test?

Les autorités nord-coréennes estiment qu’une force de dissuasion nucléaire crédible est essentielle à leur survie, elles qui affirment être sous la menace constante des Etats-Unis.

Pyongyang menace régulièrement son voisin et rival, la Corée du Sud, mais sa priorité est le développement d’une capacité de frappe contre le continent américain.

La communauté internationale a multiplié les condamnations contre la Corée du Nord, le conseil de sécurité de l’ONU lui infligeant en mars ses sanctions les plus dures. Mais Pyongyang ne montre aucun signe de vouloir renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.

Le premier test a eu lieu en 2006. Puis le Nord a mené des essais en 2009, 2013 et le quatrième le 6 janvier.

D’après les spécialistes, ces essais visent à améliorer la fiabilité des armes nucléaires nord-coréennes de même qu’à augmenter leur puissance.

Le dernier test sera scruté de près par les analystes extérieurs qui chercheront à déterminer s’il a permis au Nord de réaliser de nouveaux progrès.

Dans

Quel état d’avancement est le programme d’armements nord-coréen?

Les quatre précedents essais nord-coréens ont produit des séismes de plus en plus importants. Le dernier ne dément pas la tendance, avec une magnitude mesurée à 5,3.

La bombe qui a détruit Hiroshima a dégagé une énergie de 15 kilotonnes. Le plus puissant essai nucléaire jamais réalisé (50.000 kilotonnes) a été mené par Moscou en 1961.

Pyongyang affirme que le test de janvier était celui d’une bombe à hydrogène, plus puissante que la bombe atomique ordinaire. Mais d’après les spécialistes, l’énergie dégagée (six kilotonnes) était trop faible pour un engin thermonucléaire.

Cette fois ci encore, les spécialistes ne pensent pas a priori qu’il s’agit d’une bombe H.

« Ce qu’on peut dire des ondes sismiques pour l’instant c’est qu’elles ne proviennent vraisemblablement pas d’un essai thermonucléaire », a déclaré Jenny Town, du site 38 North, spécialisé sur la Corée du Nord. « Nous n’en sommes qu’à l’étape préliminaire mais nos analystes pensent qu’ils ont testé un engin nucléaire classique, pas un engin avancé ».

Qu’est ce qu’une charge miniaturisée?

Pyongyang a multiplié ces derniers temps les tirs de missiles, ce qui, couplé à la revendication de miniaturisation, est préoccupant pour la communauté internationale.

Si le Nord arrivait à fabriquer une bombe nucléaire suffisamment petite pour équiper un missile, et renforcer la précision, la portée et la capacité de ses vecteurs, elle se rapprocherait de son but maintes fois affiché: être capable d’atteindre des cibles américaines.

Melissa Hanham, experte à l’Institu Middlebury des études internationales, explique qu’il n’est pas possible de savoir à partir des données sismiques s’il s’agissait bien d’une tête nucléaire.

« Il faudrait la voir testée sur un missile comme l’avait fait la Chine dans les années 1960. Personne ne veut assister à ça. Il n’y a aucun moyen pour eux de faire ça de manière sûre, cela pourrait facilement déclencher une guerre ».

Comment va réagir la communauté internationale?

Les condamnations des Etats-Unis et de leurs alliés n’ont pas tardé, de même que des appels au conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il prenne des mesures de rétorsion supplémentaires. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont d’ailleurs annoncé qu’ils allaient saisir les Nations Unies.

Pékin a également condamné l’essai et appelé à la reprise des pourparlers à six visant au démantèlement du programme nord-coréen et qui sont en panne depuis belle lurette.

La Chine est le principal allié diplomatique de la Corée du Nord, en plus d’être son bienfaiteur économique.

La patience de Pékin s’épuise face au programme nucléaire nord-coréen auquel elle s’oppose avec force car elle le voit comme un facteur d’instabilité.

L’incapacité apparente de la Chine de limiter les ardeurs du régime nord-coréen est embarrassante. Les derniers tirs de missiles nord-coréens sont survenus cette semaine en plein sommet du G20 à Pékin.

La Chine veut cependant éviter à tout prix toute initiative qui pourrait provoquer l’instabilité à sa frontière. Le scénario du pire serait pour elle un effondrement du régime, avec l’arrivée potentielle de millions de réfugiés et la reprise en main du territoire par les alliés sud-coréen et américain.

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