La campagne de dissuasion du gouvernement australien. © DR

Australie : les camps pour immigrés clandestins, un « crime contre l’humanité » ?

Loin de son image paradisiaque et accueillante, l’Australie a depuis longtemps adopté une politique répressive en matière d’immigration clandestine. Une politique qui s’est fortement durcie avec l’arrivée au pouvoir du conservateur Tony Abbot. À tel point qu’un député indépendant a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur la politique d’immigration très restrictive du gouvernement qu’il accuse de « crime contre l’humanité ».

Des dizaines d’embarcations sont arrivées ces dernières années en Australie, la plupart sur l’île Christmas, située à seulement 350 km des côtes indonésiennes. Cette île abrite également le plus grand camp de rétention du pays. Des centaines de migrants venus d’Irak, d’Afghanistan et d’Iran, entre autres, se sont noyés lors du naufrage des embarcations vétustes et surchargées. Les demandeurs d’asile sont également envoyés dans des camps en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou sur des îles du Pacifique, telles que Nauru ou Manus, pendant l’examen de leur dossier, qui prend souvent plusieurs mois. Fin septembre, le ministre australien de l’Immigration Scott Morrison a signé un accord sur l’accueil des demandeurs d’asile, qui seront redirigés vers le Cambodge, un des pays les plus pauvres au monde.

Canberra fait valoir que sa politique d’immigration vise à décourager les passeurs. Les immigrants se voient refuser toute possibilité de s’installer en Australie, même si l’instruction de leur dossier aboutit à la reconnaissance du statut de réfugié. Ils ont le choix de rester dans les camps ou de rentrer chez eux. Scott Morrison a affirmé que l’Australie respectait le droit international.

Les autorités australiennes ne se contentent pas de pourchasser les bateaux clandestins au large des côtes, elles ont lancé la semaine dernière une campagne (affiches et spots télévisés) destinée à dissuader les migrants de tenter la traversée. « Pas question. Vous ne ferez pas de l’Australie votre maison », disent les affiches traduites dans 16 langues et diffusées en Irak, en Iran, en Afghanistan et au Sri Lanka, entre autres, d’où viennent la plupart des immigrés clandestins.

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Une immigration facilitée pour les riches

Conforme à son programme très à droite, le gouvernement Abbot a annoncé la semaine dernière l’instauration d’un permis de résidence permanent à tout investisseur qui injectera 15 millions de dollars australiens (environ 10 millions d’euros) dans l’économie nationale.

Ce visa première classe, délivré à partir de juillet 2015 au bout d’un an de résidence sur le sol australien, complète le dispositif mis en place en 2012 par le gouvernement travailliste, et qui proposait un visa de quatre ans minimum aux ressortissants étrangers investissant cinq millions de dollars australiens. « Le gouvernement va réformer ce dispositif pour encourager plus de personnes fortunées à s’installer en Australie », a expliqué le Premier ministre, Tony Abbott.

En 2013, 20.000 migrants illégaux sont parvenus à rejoindre la côte. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur il y un an, un seul bateau y est arrivé. Un « exploit » dont se félicite Tony Abbot. Une situation cynique quand on sait qu’il est lui-même issu de l’immigration, né à Londres d’une mère australienne et d’un père anglais, son grand-père maternel étant originaire des Pays-Bas. L’Australie est un pays très jeune et la plupart de ses habitants sont eux-mêmes issus de l’immigration.

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