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Affaire Grégory: 30 ans d’enquêtes, en vain

Le Vif

Les traces d’ADN découvertes sur les vêtements de Grégory Villemin, les cordelettes et une lettre n’ont pas pu être identifiées. De même, deux voix ont été isolées sur les enregistrements du corbeau, sans pouvoir être confondues. Chronologie de l’affaire.

Les faits

Le 16 octobre 1984, le corps de Grégory Villemin, un garçonnet âgé de 4 ans et demi est retrouvé poings et pieds liés, dans la rivière Vologne à quelques kilomètres de son domicile. Cet assassinat est immédiatement revendiqué par un corbeau: le jour-même du meurtre, il appelle l’oncle de Grégory pour l’informer qu’il vient de tuer « le garçon ». Les parents de Grégory, Jean-Marie et Christine Villemin, reconnaissent immédiatement la voix du corbeau qui les harcèle depuis plusieurs mois.

Le corbeau

Le lendemain du meurtre, les parents de Grégory reçoivent une lettre du corbeau indiquant: « Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance. Pauvre con ». Aucune empreinte n’a jamais été relevée sur la lettre. L’enfant est enterré trois jours plus tard en présence de nombreux journalistes et curieux.

Bernard Laroche inculpé

Après une série d’analyses graphologiques, le juge d’instruction Jean-Michel Lambert inculpe Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin, d’assassinat. Ces accusations sont corroborées par le témoignage de sa belle-soeur, Murielle Bolle, âgée de 15 ans. Un mobile pour le meurtre est trouvé: les Laroche seraient jaloux de la réussite professionnelle et personnelle des Villemin. Mais Murielle Bolle se rétracte 2 jours plus tard et Bernard Laroche est relâché en février 1985, faute de preuves.

Le meurtre de Bernard Laroche

Jean-Marie Villemin ne croit en l’innocence de son cousin. Le 29 mars 1985, il décide de se faire justice lui-même et abat d’un coup de fusil Bernard Laroche.

Christine Villemin placée en détention

Le juge se penche alors sur la culpabilité de la mère de Grégory, Christine Villemin. Cette dernière est soupçonnée d’être le corbeau. En effet, trois collègues de travail racontent que le jour du meurtre elle s’est rendue au bureau de poste de Lépanges vers 17 heures. C’est précisément le jour et l’heure à laquelle le corbeau a posté sa lettre. Christine Villemin devient alors le suspect n°1. Une expertise graphologique est effectuée et une corde identique à celle utilisée par le meurtrier de Grégory pour le ligoter est retrouvée chez elle. Elle est inculpée le 5 juillet 1985 et placée en détention. Bien qu’enceinte de 6 mois, elle entame depuis la prison une grève de la faim. Son mari, emprisonné pour le meurtre Bernard Laroche, a également arrêté de s’alimenter.

« Absence de charges »

Christine Villemin est finalement relâchée au bout de 11 jours mais sa libération ne permet pas de calmer la cabale qui pèse sur le couple. Les médias continuent de la croire coupable. Quelques semaines plus tard, elle pose en Une de Paris Match avec son nouvel enfant. L’opinion est choquée de la voir aussi souriante et sereine alors qu’elle est en pleine tourmente judiciaire. En 1986, la cour d’appel de Nancy renvoie de Christine Villemin devant la cour d’Assises. Cette décision est finalement annulée un an plus tard. Ce n’est qu’en janvier 1993 que la cour d’appel de Dijon prononce un non-lieu en faveur de Christine Villemin pour « absence de charges ». La cour révèle également que des charges « très sérieuses » pèsent toujours sur Bernard Laroche.

Jean-Marie Villemin relâché

A la fin de cette même année, Jean-Marie Villemin est condamné à 5 ans de prison pour le meurtre de son cousin. Comme il a purgé une partie de sa peine pendant sa détention préventive, il est relâché peu de temps après l’annonce du verdict. Il demandera en 2006 sa réhabilitation mais celle-ci lui sera refusée.

Rouverture du dossier

En 1999, le dossier est rouvert. Les Villemin réclament, en effet, une analyse ADN du timbre utilisé par le corbeau pour poster sa lettre. Le parquet répond positivement à cette demande en 2000 mais aucune trace n’est découverte.

Traces ADN

En 2008, le couple Villemin a obtenu la réouverture du dossier de leur fils, Grégory. Ils souhaitent que, compte-tenu des progrès scientifiques, les différents éléments de l’enquête soient à nouveau analyser pour essayer de trouver des traces d’ADN. Deux profils distincts, un masculin et un féminin, sont découverts sur le timbre et une lettre du corbeau. Mais les comparaisons avec les quelque 150 prélèvements du dossier ne donne rien. En 2010-2011, six nouvelles analyses sont ordonnées mais une fois encore, la justice fait chou blanc.

Nouvelles techniques ADN

A la demande des parents de Grégory, qui souhaitaient que soit testée une nouvelle technique développée par un laboratoire bordelais, la justice autorise de nouvelles recherches d’ADN sur les vêtements et les chaussures de l’enfant. De nouvelles traces sont découvertes, mais aucune ne correspond au fichier d’empreintes (hormis celle d’un enquêteur sur l’enveloppe et celle de Grégory sur son tee-shirt). L’enquête n’est pas close sur le plan juridique, mais l’espoir de retrouver le coupable s’éloigne.

Analyse des enregistrements du corbeaux

De nouvelles expertises ont été menées sur les voix dans l’enregistrement du corbeau. « Il y aurait possiblement deux voix: un locuteur masculin et féminin, a indiqué le magistrat. Malheureusement, on ne peut pas en dire plus. Il ne sera pas possible de mettre des noms sur ces voix ». La mauvaise qualité des enregistrements a empêché les enquêteurs d’utiliser les méthodes modernes et de passer les voix dans des logiciels adaptés. Ils se sont servis de méthodes plus classiques basées sur la phonétique et l’accoustique.

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