Il a fallu près d'une décennie pour parvenir à éradiquer tous les rongeurs. © Getty Images/iStockphoto

Après 250 ans de ravages, les rats ont été éradiqués de Géorgie du Sud

Stagiaire Le Vif

Le plus gros projet d’éradication d’une espèce envahissante afin de protéger la nature vient de porter ses fruits : les rats ont disparu de Géorgie du Sud, révèle The Guardian.

Pendant près de 250 ans, les rats et les souris ont dévasté la faune sauvage de l’île reculée de la Géorgie du Sud. Il y a une dizaine d’années, les autorités locales ont alors décidé de se débarrasser du parasite en lançant le plus grand projet mondial d’éradication d’une espèce envahissante. Un projet qui pourrait toucher à sa fin : les statistiques font état de la disparition du rat sur les plages géorgiennes.

Le projet a été dirigé par le South Georgia Heritage Trust, un organisme créé pour protéger l’île, et par une organisation associée, Les Amis de l’Île de Géorgie du Sud, basée aux États-Unis. Mike Richardson, président du projet, a déclaré au journal The Guardian qu' »aucun rongeur n’a été découvert lors de l’enquête [finale]. À notre connaissance, pour la première fois depuis deux siècles et demi, cette île est exempte de rongeurs. Cela a été long, très long« . « La Fondation pour le patrimoine de Géorgie du Sud est ravie de vous annoncer que son projet de restauration de l’habitat est terminé, et que les rongeurs envahissants ont été éradiqués de l’île avec succès« , a-t-il annoncé dans un communiqué ce mercredi.

Quand les rats débarquent sur l’île

L’île est située au large de la pointe de l’Amérique du Sud et près de l’Antarctique. À l’époque, des navires s’y arrêtaient fréquemment lors d’expéditions de chasse à la baleine. C’est sans doute via ces bateaux que les rats sont arrivés en Géorgie du Sud. Ils se sont ensuite multipliés, devenant ainsi une menace pour les populations d’oiseaux indigènes.

Les espèces envahissantes sont l’une des pires menaces pour la biodiversité à travers le monde : lorsque des animaux non locaux sont introduits, souvent par inadvertance ou comme animaux de compagnie, ils peuvent perturber les écosystèmes naturels au détriment des espèces indigènes.

Ainsi, les oiseaux de l’île, non habitués à la présence de prédateurs sur leur territoire, continuaient de pondre leurs oeufs sur le sol ou dans des terriers. Ces endroits sont facilement accessibles aux rongeurs, qui s’empressaient alors de manger les oeufs et futurs oiseaux à l’intérieur.

Le Pipit de Géorgie du Sud.
Le Pipit de Géorgie du Sud.© Getty Images/iStockphoto

Parmi les victimes, deux espèces d’oiseaux uniques à l’île : le pipit de Géorgie et le pilet. Les spécimens restants sont parvenus à s’abriter dans quelques petits îlots au large de la côte, là où les rongeurs ne pouvaient pas les atteindre. Les pingouins et autres populations d’oiseaux marins étaient également menacés.

Éradication par empoisonnement

Le programme de dératisation de la Géorgie du Sud consistait à larguer des centaines de tonnes d’appâts empoisonnés dans des zones connues pour être infestées de rongeurs. Un projet plutôt ambitieux sachant que le temps rude, les terrains montagneux et l’accessibilité limitée de l’île rendaient la campagne anti-rat dangereuse.

Cela a pris près d’une décennie pour arriver à éradiquer tous les rongeurs. Parfois les scientifiques pensaient qu’ils s’étaient débarrassés de toute la vermine pour finalement voir d’autres rats apparaître, venus d’une autre section proche de l’île.

Le dernier appât a été déposé il y a deux ans. Il a fallu pourtant surveiller la zone afin de pouvoir confirmer la suppression de l’espèce envahissante. Pour cela, deux maitres-chiens expérimentés néo-zélandais ont parcouru près de 2 550 km avec trois de leurs chiens – Will, Ahu et Wai – sous des conditions météorologiques extrêmes, à la recherche des rats et des souris.

Après 250 ans de ravages, les rats ont été éradiqués de Géorgie du Sud
© AFP

Ce n’est qu’après avoir confirmé que tous les rats étaient morts que le projet a finalement pu être considéré comme un succès, d’après les normes internationales. Les dirigeants ont en effet déclaré l’île exemple de rats ce mercredi 9 mai.

Les scientifiques espèrent que cette réussite pourra servir d’inspiration pour d’autres projets visant à éliminer les espèces envahissantes qui peuvent conduire les animaux indigènes à l’extinction. Lord Gardiner, le sous-secrétaire parlementaire au ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales a déclaré au journal : « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Dans nos territoires d’outre-mer, qui constitue 90% de la biodiversité du Royaume-Uni [de très nombreuses espèces] sont vulnérables« .

Chavagne Mailys

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