Olivier Rogeau

Réforme de la police : luttes de pouvoir en perspective

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Pas sûr du tout que le projet aboutisse. La grande réforme de la police fédérale, présentée cet après-midi à ses directeurs, ne manquera pas de faire des vagues.

La commissaire générale Catherine De Bolle, à la tête de la police depuis bientôt un an, a abattu ses cartes. Le plan dit « d’optimalisation » réalisé par son groupe de travail de neuf spécialistes propose toute une série de mesures qui permettraient des économies de personnel de l’ordre de 20%. Le nombre de services de police serait réduit à l’aéroport de Bruxelles National, la cavalerie ne devrait plus assumer les missions protocolaires, la police fédérale continuerait d’assurer la protection de la famille royale, mais serait déchargée de la surveillance des domaines royaux (confiés à l’armée), la Cellule des personnes disparues fusionnerait avec l’équipe d’identification des victimes de désastres (DVI)…

Mais surtout, le principe de la réforme est d’alléger les structures de direction et de cadres et d’augmenter le nombre d’agents opérationnels, à enveloppe constante. La police compte trop de grands manitous, qui se marchent souvent sur les pieds ou ne travaillent pas assez ensemble. Remède préconisé par le groupe de travail : réduire drastiquement le nombre de chefs. Sur les 84 directeurs actuels, 29 suffiraient. La perspective d’une disparition de 55 postes ne manquera pas de faire grincer des dents.

L’idée est de conformer la structure de la police fédérale à la nouvelle dimension provinciale envisagée pour les arrondissements judiciaires, qui seraient réduits de 27 à 10 (+ 2) : un par province et deux réserves. Le groupe de travail suggère de ne garder qu’un seul directeur par province, ce qui implique la suppression du « dirjud » (directeur judiciaire), actuellement sur pied d’égalité avec le « dirco » (directeur administratif).

Cela permettrait de remédier au manque d’unité de commandement. Mais la police judiciaire risque de perdre ainsi, selon certaines sources, la relative indépendance qu’elle avait dans le corps policier depuis les accords Octopus de 1998. Le spectre d’une « police unique », calquée sur l’ancienne gendarmerie et soupçonnée de vouloir ravir la direction des enquêtes aux magistrats refait ainsi son apparition.

La ministre de la Justice Annemie Turtelbaum, qui joue sa crédibilité sur le projet de réduction du nombre d’arrondissements judiciaires, ne peut qu’approuver la note de Catherine De Bolle. En revanche, Joëlle Milquet, qui ne s’est pas encore prononcé sur la question, sera peut-être plus réticente.

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