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La police, cible du « nouveau terrorisme »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Deux policiers tués à Liège, victimes d’une nouvelle forme de « terrorisme » proche de la petite criminalité. Plus que jamais, la vigilance absolue est de mise, mais ne pourra jamais rien éviter.

Notre pays a une nouvelle fois été la cible d’une violence aveugle, ce mardi matin. Deux policiers et un passant ont été tués par un individu à Liège, près du boulevard d’Avroy, dans des circonstances qui restent à éclaircir. La piste terroriste serait privilégiée et le parquet fédéral s’est dès lors saisi du dossier. Selon des informations du Morgen, confirmées par la RTBF, l’auteur des faits venait de sortir de la prison de Lantin pour un congé pénitentiaire et était connu pour des faits de drogue et de petite délinquance. Un drame plus important a pu être évité : le tueur, abattu par les agents du Peloton anti-banditisme (PAB) de la police de Liège, avait pris une femme en otage et se trouvait à l’entrée d’une école, le lycée Waha.

La Cité ardente est une nouvelle fois sous le choc. Cette violence aveugle réveille les souvenirs douloureux de l’attaque perpétrée par Nordine Amrani, le 13 décembre 2011. Dont certains aspects sont étrangement similaires ? L’homme était alors en liberté conditionnelle, connu pour des faits d’armes, des faits de recel, des faits de stupéfiants, des faits de moeurs, et devait se présenter devant la police. Son modus operandi avait été nettement plus cynique : lourdement armé, il avait tiré dans la foule, causant la mort de 6 personnes et en blessant 130. Cette fois, il apparait que l’auteur, qui se nommerait Benjamin Herman et serait né en 1982, aurait pris deux policières en filature avant de les tuer à l’arme blanche, puis de prendre leur arme pour faire feu, tuant le passager d’une voiture, âgé de 22 ans.

Faut-il y voir une réaction impulsive ? L’homme, connu pour des faits de délinquance, aurait-il été broyé par cette machine à radicaliser qu’est devenue la prison ? C’est à tout le moins ce que le parquet fédéral va tenter de déterminer.

Que ce soit prémédité ou non, comme cela semble le plus probable au vu du déroulé des faits, cette attaque démontre en tout état de cause que les forces de l’ordre sont en première ligne de cette violence « lâche et aveugle », pour reprendre les termes du Premier ministre Charles Michel. Leur mission est devenue de plus en plus délicate, entre la vigilance permanente imposée par la menace terroriste et les situations de crise telle que celle-ci, qui les visent directement. « La solidarité est totale avec les forces de l’ordre que nous soutenons pleinement dans leur mission particulièrement difficile », a tweeté le vice-Premier Didier Reynders. Touchée une nouvelle fois de plein fouet, la police sera en droit de réclamer les moyens de cette mission cruciale qu’on lui impose.

Politiquement, ces événements dramatiques de Liège remettent la menace posée par le terrorisme, sous toutes ses formes, en première ligne des priorités à l’heure où se profilent des élections communales d’octobre 2018, puis fédérales et régionales en mai 2019, dans un climat sous haute tension. Après la séquence de l’affaire Mawda, au sujet de laquelle l’opposition attaquait fortement le cynisme de la majorité fédérale, singulièrement de la N-VA, cette tuerie remet la sécurité en tête de l’agenda. Elle tend à valider la ligne dure précisément prônée par le gouvernement Michel. Mais elle nous rappelle aussi que la vigilance maximale n’empêchera jamais les drames et les dérives humaines de ce type. Autrement dit : la fermeté absolue ne doit pas nous faire oublier de soigner les maux de la société à leur racine.

Liège, frappée une nouvelle fois, met apparemment en lumière cette nouvelle forme de terrorisme qui peut venir de partout, y compris de personnes marginalisées qui n’ont plus rien à gagner de la vie. Ce sont des loups solitaires, prêts à tuer pour exister.

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