Pierre Havaux

De Wever a son tremplin anversois

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Affaire conclue : le président de la N-VA peut ceindre l’écharpe maïorale à Anvers, il décroche la majorité de centre-droit chère à son coeur, relègue dans l’opposition les socialistes privés de leur chef charismatique. Et mouche au passage le Premier Di Rupo (PS) : « De Wever ? Il ne résout rien. Niks ! » Entre Flamands, si.

Tout a fini par lui sourire. Bart De Wever peut respirer : il a réussi son test anversois. L’épreuve lui a donné du fil à retordre : il lui a fallu près de deux mois de palabres pour en arriver à concrétiser sa victoire au scrutin communal du 14 octobre. Mais le chemin parcouru par le leader de la N-VA était semé d’embûches. Sa performance ne fera donc qu’ajouter à la stature d’homme d’Etat qu’il cherche à se construire.

On attendait l’homme au tournant. Il est parvenu à négocier les virages successifs sans embardée fatale. On ne déloge pas sans devoir s’y reprendre plusieurs fois, des socialistes qui étaient à la tête de la Métropole depuis plus d’un siècle.

Ce que Bart De Wever a voulu, il l’a obtenu. Et de un : écarter du jeu les écologistes de Groen pour incompatibilité fondamentale de vues entre nationalistes et verts flamands. Et de deux : pousser vers la porte de sortie un gros obstacle aux négociations, l’encombrant maïeur sortant et rival malheureux au scrutin, le SP.A Patrick Janssens. Et de trois : déscotcher le CD&V de son partenaire socialiste, mettre ainsi fin à l’alliance de la Stadslijst que les chrétiens-démocrates flamands avaient pourtant juré de ne pas briser.

Du beau travail, pour quelqu’un que l’on présente comme incapable de vouloir et de pouvoir mener une mission à bonne fin. De Wever ? Il ne propose rien, ne conclut rien, ne fait rien. « Niks ! » : la sentence du Premier ministre PS Elio Di Rupo à l’encontre de la N-VA et de son chef de file résonne encore dans l’hémicycle de la Chambre. Sauf qu’entre Flamands, De Wever montre un profil moins destructeur. Tout plie devant ses volontés.

Au final, il décroche une majorité anversoise conforme à ses voeux : N-VA – CD&V – Open VLD, l’alliance de centre-droit comme Bart De Wever les aime. Dans l’opposition, il relègue les socialistes flamands, qui sont en prime déforcés par le retrait de leur chef de file charismatique : le bourgmestre sortant Patrick Janssens se voyait en chef d’opposition peu crédible. Que demander de plus ?

De Wever a son tremplin anversois bien en main. Il reste à voir s’il le propulsera vers d’autres destinées, à l’échelle de la Flandre. Il se dit que CD&V et N-VA se verraient bien appréhender l’échéance électorale de 2014 (scrutin régional, fédéral, européen) en bonne intelligence. Le succès anversois indique peut-être la voie.

A voir maintenant si De Wever, bourgmestre de la première ville du pays et président du premier parti du pays, saura mener ses ambitions, qui sont grandes, sur deux fronts. Trop pour un seul homme ?

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