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Tada, Boost, Play 4 Peace… Ces initiatives qui aident les jeunes bloqués dans leur parcours scolaire

Cédric Vallet

Des jeunes issus de quartiers défavorisés sont bloqués dans leurs parcours scolaire et professionnel. Le manque de confiance, l’absence de réseau et d’informations agissent comme des freins à leur épanouissement. Des initiatives proposent d’accompagner ces ados pour libérer leur potentiel.

Yigit Bilge est un jeune homme heureux. Professionnellement, son avenir se dessine sereinement. Il suit un bachelier en aérotechnique, option système et pilotage d’aéronefs au Wallonie Aerotraining Network (Wan) et entame sa deuxième année: «Je veux devenir informaticien et j’ai toujours beaucoup aimé les avions. C’est grâce à Tada que j’ai trouvé l’école adéquate.»

Tada est une association bruxelloise qui «coache» des jeunes issus de quartiers socialement vulnérables. Un accompagnement intensif, étalé sur plusieurs années, pour insuffler confiance et inspiration à quelque 750 élèves d’écoles d’Anderlecht, Saint-Josse, Molenbeek et Schaerbeek. «A Bruxelles, quatre enfants sur dix sont à risque de pauvreté, chiffre Christophe Zeegers-Jourdain, porte-parole de l’association. Nous voulons être une partie de la solution à cette problématique.»

Autre particularité de Tada? Une intervention précoce dans la vie des jeunes. Les enfants ont entre 10 et 14 ans. Ils acceptent, durant trois années scolaires consécutives, de consacrer tous leurs samedis à écouter, de manière active et ludique, des professionnels venus leur présenter leur métier. Ce sont les «écoles du week-end». Les adolescents peuvent ainsi découvrir le quotidien d’un architecte, d’un journaliste, d’un policier, d’un gestionnaire d’éoliennes… Ils peuvent se projeter, repousser les barrières mentales, imaginer.

La journée consacrée aux métiers du Droit laisse un souvenir vivace aux jeunes, car elle se termine par un jeu de rôle spectaculaire, au palais de justice de Bruxelles, où ils incarnent les «acteurs» du monde judiciaire. «Nous avions créé un procès autour d’une histoire de meurtre et j’étais l’avocat de la défense, se souvient Yigit. Je portais la toge. Il y avait du public. C’était très réaliste.» Lorsque le samedi consacré à l’informatique est arrivé, Yigit y a vu une confirmation de sa vocation précoce. C’était en 2013. Au tout début de Tada.

Depuis, le jeune homme a lui-même été convié à l’animation d’un atelier d’informatique. «C’était très émouvant de devenir intervenant, j’en ai presque pleuré.» A l’issue des trois ans de découverte des métiers, les jeunes sont suivis, orientés, conseillés par l’équipe de Tada. Ils visitent des entreprises, cherchent des jobs étudiants qui leur correspondent, participent à des stages. L’apport de ce «coaching» est plus profond qu’une simple course d’orientation scolaire. C’est ce dont témoigne Yigit: «A force de m’ouvrir à des personnes différentes, des intervenants, je suis beaucoup moins timide que je ne l’étais.»

Propulser vers l’avenir

La volonté d’accompagner des jeunes en difficulté est partagée par d’autres structures, à l’instar de Boost, créée par la Fondation Roi Baudouin, pour que des jeunes issus de familles socio-économiquement défavorisées, à Bruxelles, Liège ou Verviers, exploitent pleinement leur potentiel. Là aussi, les jeunes sont «marqués à la culotte» pendant plusieurs années, à partir de 15 ans et jusqu’à leur entrée dans la vie active. «L’objectif est de propulser ces jeunes vers l’avenir, note Farah Ridane, coordinatrice du programme. Souvent, ce qui leur manque, c’est un réseau, des modèles positifs, l’accès à des informations pertinentes.» Boost propose chaque année une quinzaine d’activités collectives axées autour de la communication, de la gestion du stress, de l’orientation. Les ados sont aussi suivis personnellement pour endiguer ce manque de confiance qui restreint leur horizon.

Chez Tada, la journée consacrée aux métiers du Droit se termine par un jeu de rôle spectaculaire, au palais de justice de Bruxelles, où les enfants incarnent les «acteurs» du monde judiciaire.
Chez Tada, la journée consacrée aux métiers du Droit se termine par un jeu de rôle spectaculaire, au palais de justice de Bruxelles, où les enfants incarnent les «acteurs» du monde judiciaire. © Tada

Un projet sur mesure est confectionné sur la base des talents du jeune. Petit à petit, on le prépare à l’entrée dans la vie active, aux entretiens d’embauche. Plus fondamentalement, un «coach» individuel peut être contacté tous les jours, en cas de doute ou de questionnement. «C’est une personne de confiance, une oreille attentive qui est là pour rassurer, pour recadrer si nécessaire», ajoute Farah Ridane.

Play 4 Peace, à Molenbeek, veut aussi insuffler de la confiance aux jeunes des quartiers en difficulté. Son outil de prédilection: le sport, qui est «utilisé pour faire tomber les barrières sociales», résume Ayman Ramdani, président et fondateur de l’association. Les jeunes y jouent au foot ou au basket, mais sont aussi invités à pratiquer le golf, le tennis, le hockey. Ils bougent, changent de quartier, découvrent d’autres milieux et s’ouvrent à l’altérité. «Nous proposons des sports que les jeunes pensent inaccessibles, pour leur prouver que tout est possible

Mais l’action de Play 4 Peace ne se cantonne pas à l’effort physique. Les jeunes sont accompagnés dans leur développement personnel, suivent des formations en «leadership», ou en «techniques de négociation». Ils écoutent des témoignages inspirants de hauts cadres dirigeants ou d’entrepreneurs et se créent un réseau au gré des activités. Récemment, Ismael Boufrahi, designer d’intérieur et créateur de D-Style Interior, est venu témoigner de son expérience. «Il est lui-même originaire de Schaerbeek, des quartiers populaires de Bruxelles», insiste Ayman Ramdani. Une source d’inspiration positive.

Le trait d’union de tous ces projets qui bourgeonnent: à l’issue du parcours, les jeunes deviennent eux-mêmes «des sources d’inspiration pour d’autres jeunes», conclut Farah Ridane.

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