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Les Indiens d’Amérique viennent probablement d’Europe

Muriel Lefevre

Une analyse ADN montre que les Indiens d’Amérique sont liés aux populations de l’ouest de l’Europe.

L’ADN d’un petit garçon qui a été enterré il y a plus de 24.000 ans, non loin du lac Baïkal en Sibérie, montre que les Européens et les Indiens d’Amérique ont de mêmes origines. C’est ce que vient de révéler le The New York Times.

Le génome de ce garçon préhistorique est en grande partie identique à l’ADN des Européens de l’ouest. Ces derniers auraient donc été beaucoup plus loin qu’imaginé jusqu’à présent. Du jeune garçon, il ne restait plus de peau, ni de cheveux. Grâce à ses gênes, les chercheurs ont pu tout de même déterminer qu’il avait les cheveux foncés, des yeux bruns et des taches de rousseur.

La plaine européenne

Cette analyse ADN a également démontré que 25 % du génome correspondait à l’ADN des Indiens d’Amérique. Les anthropologues pensaient jusqu’à présent que les habitants du Nouveau Monde étaient issus des peuples sibériens qui provenaient de l’Asie de l’Est. De cette nouvelle analyse, il ressort pourtant qu’ils seraient plutôt originaires de la plaine de l’Europe de l’Ouest.

Le garçon avait quatre ans lorsqu’il a été enterré avec un collier, une parure de tête en ivoire et un pendentif en forme d’oiseau. Au même endroit, on a aussi découvert des statuettes en forme de vénus de facture identique à celle qu’on trouvait en Europe à l’âge de pierre. L’endroit où a été découvert le corps de l’enfant a fait l’objet de fouilles dirigées par l’archéologue russe Michail Gerasimov entre 1928 et 1958. La dépouille est depuis conservée dans un musée à Saint-Pétersbourg.

Le génome nucléaire

Il y a peu, un chercheur danois spécialiste de l’ADN, Eske Willerslev, analyse la dépouille du petit garçon. Il est à la recherche du plus vieil habitant des États-Unis et espère découvrir un lien entre les habitants de l’Est asiatique et les Indiens grâce à l’ADN prélevé dans l’une des jambes et la partie supérieure du bras de l’enfant préhistorique. Lorsque les résultats sortent et que l’ADN correspond avec celui des Européens, le chercheur pense d’abord à une contamination de l’échantillon par son équipe. Mais lors de l’analyse du génome nucléaire, là où se trouvent la plupart des informations de l’humain, le lien avec la souche européenne ne fait plus de doute.

Un deuxième homme

Pour confirmer l’hypothèse, Willerslev et son équipe se penchent alors sur un second lieu de fouille où l’on a découvert un homme mort il y a 17.000 ans. Ils y retrouvent les mêmes spécificités européennes que chez le petit garçon. Ces analyses ADN montrent qu’il y a plus de 20.000 ans, à la plus froide époque de la dernière période glaciaire, l’homme européen aurait migré jusqu’en Sibérie, soit beaucoup plus loin vers l’Eurasie que ce que l’on pensait de prime abord.

Encore plus surprenant: si le génome du petit garçon correspond aux habitants d’Europe et à ceux des Indiens d’Amérique, il ne correspond pas à ceux des peuples de l’Est asiatique. Ce qui a fait conclure au chercheur que les ancêtres des Indiens n’avaient pas eu de contact avec les habitants de l’Asie de l’Est lorsqu’ils ont traversé le détroit de Béring.

(YD) / Trad ML

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