Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont besoin urgemment de nouveaux échantillons lunaires. © Getty Images

Un village en poussière de Lune

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

La maçonnerie lunaire a démarré sur Terre, dans les labos de l’ESA et de la Nasa. Même si c’est Mars, l’objectif ultime, la Lune est aujourd’hui le corps céleste qui attire toutes les attentions.

L’idée ? En faire une base arrière pour de plus lointaines explorations spatiales, étant donné que l’ISS, la Station spatiale internationale, devrait être hors service aux alentours de 2024. Du coup, Européens, Chinois et Américains travaillent tous sur un concept identique : construire une base lunaire au moyen de briques en poussière de Lune. Tout simplement pour éviter le coût faramineux de l’envoi de matériaux terrestres sur le satellite de la Terre. Expédier une simple bouteille d’eau coûte 20 000 dollars.

Reste que la poussière de Lune, aussi appelée régolithe, est une substance tranchante et hautement toxique pour les humains. En attendant de trouver comment prémunir ceux-ci des effets néfastes du régolithe, qui abîme l’ADN de façon irréversible, les Européens de l’ESA et les Chinois de l’Administration spatiale nationale chinoise ont décidé d’unir leurs forces pour construire et gérer conjointement sur la Lune une base spatiale.

Côté américain, la Nasa va plus loin : non seulement, elle entend se servir de ce qu’il y a sur place (poussière et eau lunaire, présente sous forme de glace) mais, en plus, au Centre spatial Kennedy, l’équipe du Swamp Works planche sur les façons d’utiliser le régolithe : s’il est extrait correctement, il peut être utilisé,  » pour produire de l’eau, de l’air respirable ainsi que du carburant « .

Que ce soit côté européen ou américain, la finalité est la même : transporter sur la Lune des robots excavateurs de poussière, ainsi que des imprimantes 3D qui pourront imprimer les briques destinées à être utilisées pour construire une base lunaire. Ces briques seront assemblées en habitats pour les humains mais aussi, potentiellement, en routes, plateformes de lancement et autres installations.

Les missions Apollo n’ont pas rapporté beaucoup de régolithe sur Terre. La poussière de Lune est une rareté et pour mener leurs expériences, les experts de l’ESA travaillent donc avec un ersatz trouvé dans la région de Cologne, le EAC-1. Mais ça ne suffit pas : la poussière de Lune réagit de façon encore inexpliquée aux rayonnements qui la chargent électriquement, la faisant par exemple flotter au-dessus du sol. C’est pourquoi tous ces chercheurs ont, de toute urgence, besoin de nouveaux échantillons lunaires. Depuis 1972, aucun humain ne s’est plus baladé sur le satellite de la Terre.

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