Promener son chat pour le reconnecter à son instinct sauvage? © Getty

Faut-il promener son chat? «Il ne crie et ne pleure plus toute la nuit»

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

De nombreux félins vivent exclusivement en intérieur, sans possibilité de satisfaire leur instinct de prédation. Pourtant, sortir le chat produirait des effets bénéfiques, pour lui comme pour celui ou celle qui se tient à l’autre bout de la laisse.

«Chat en laisse», trois petits mots clés et voilà que surgissent des vidéos de chats accompagnant leurs maîtres dans leurs périples au bout du monde. Sur la plage, sur un bateau, en terrasse, sur une moto blottis dans un sac de rando ou plaqués dans un porte-bébé: ces félins explorateurs semblent vivre leur meilleure vie.

Accompagner son chat en balade (surveillée) reste une pratique insolite et marginale. C’est sans doute la raison pour laquelle peu d’études sur le sujet ont été menées. Trois chercheurs britanniques se sont intéressés au phénomène du chat en laisse en menant une exploration qualitative des expériences de propriétaires de chats lors de leurs promenades. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Animal Welfare.

Les chats domestiques sont généralement gardés soit comme des chats d’intérieur ou d’extérieur (vivant dans une maison mais autorisés à se promener librement à l’extérieur), soit comme des chats d’intérieur uniquement (les chats ne sortent pas à l’extérieur sauf dans un espace entièrement clos sur la propriété, comme un patio clôturé), contextualisent les chercheurs. En Europe, 30% des chats seraient des animaux d’intérieur. Chacun de ces modes de vie a des avantages et des inconvénients.

Des études montrent par exemple que les chats d’intérieurs se montrent plus agressifs envers leurs maîtres et auraient plus de problèmes comportementaux que leurs congénères plus libres. A contrario, ils vivent plus longtemps, étant donné qu’ils ne risquent pas de se faire écraser et qu’ils sont moins exposés aux maladies. «La façon dont les propriétaires perçoivent leur chat –comme un »enfant », un « adolescent » ou un « animal libre »– peut également influencer leurs choix en matière de gestion», précise l’étude. De même que leurs précédentes expériences, si l’un de leurs compagnons est mort au cours d’une balade ou a disparu sans laisser de trace.

A tous les participants, il a été demandé quels étaient, selon eux, les bienfaits et les difficultés liés à la promenade, la sécurité lors des promenades, le comportement du chat lors de sa marche et selon les contextes géographiques. Les résultats ont montré que les maîtres perçoivent des bienfaits de la promenade pour le chat mais aussi qu’ils rencontrent plusieurs obstacles. L’un d’eux est la rencontre presque inévitable, surtout dans les espaces urbains ou les sites fréquentés de promenade, entre le chat et son grand rival, le chien, ainsi que l’attitude du maître de ce dernier.

En Europe, 30% des chats seraient des animaux d’intérieur.

Une autre est le jugement de l’entourage qui suggère de prendre un chien, les remarques ou les sourires moqueurs en rue. «Les réactions aux promenades de chats semblent varier selon les normes et les attitudes locales envers les chats et la relation maître-chat», observent les chercheurs. Sur les réseaux sociaux, certaines vidéos montrent bien cet étonnement et le côté insolite de la pratique. «Combien d’aura j’ai perdu quand j’ai baladé mon chat en laisse dans une ville», s’en amuse une TikTokeuse promenant son matou dans son quartier.

Chat apaisé, maître comblé

Au niveau des bienfaits, les participants à l’enquête ont noté un apaisement des chats les plus énergiques après la promenade et un certain enthousiasme de leur animal qui ne se lasse pas de passer du temps dehors: «il ne crie et ne pleure plus toute la nuit… Ses accès d’excitation à trois heures du matin sont moins fréquents», relate l’un d’eux.

En outre, la marche «facilite également l’expression de comportements naturels, comme la chasse, l’escalade et le marquage. Les comportements de chasse sont fréquemment décrits comme une « activité intense » lors des promenades.»

Enfin, il semblerait que le bénéfice de ces promenade soit partagé, plusieurs participants ayant mentionné que marcher avec leur chat avait engendré des résultats positifs sur leur propre état émotionnel. «C’est comme si, lorsqu’ils passent une journée formidable, vous passiez une journée formidable.» La promenade elle-même est décrite comme un facteur facilitant le lien entre le maître et son animal. 

Comment «bien» promener son chat?

Adeline Westerling est comportementaliste animalier. Elle encourage les propriétaires qui y songent à laisser leur chat goûter aux joies de la vie au grand air en toute sécurité. En consultation, elle reçoit d’ailleurs de nombreux félins dont le quotidien s’étire entre le salon, les chambres, le bureau et éventuellement l’arbre à chat, et qui développent des comportements anormaux. «Cette espèce a besoin d’avoir des opportunités de sortie», rappelle-t-elle, ce qui ne signifie pas qu’un chat vivant exclusivement en intérieur ne peut pas être heureux.

Comment savoir quels sont ses besoins? «S’il miaule expressément (bien que certaines races soient réputées bavardes) ou qu’il montre des signes de réactivité ou de prédation envers son humain, il est probable qu’il soit en manque de dépense physique et d’extérieur». Dans ce cas, il pourrait effectivement retirer de grands bénéfices de quelques petites foulées sur les trottoirs ou dans les espaces verts avoisinants.

Si le chat est un peu craintif ou plus âgé, il est préférable de le familiariser progressivement à ces sorties. «On peut commencer en lui montrant le harnais, puis en lui donnant une friandise, ensuite le sortir sur le trottoir, parcourir la rue, et ainsi de suite…» L’idéal est aussi d’éviter dans un premier temps les lieux publics où les chiens peuvent courir librement afin de lui éviter quelques moments de frayeur.

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